Après la première naissance en milieu sauvage d’une espèce réintroduite récemment, nous sommes heureux de vous annoncer la tentative de réintroduction d’autres espèces éteintes à l’état sauvage. La scène se déroule cette fois en Polynésie française et nous allons parler escargots !
Des espèces exterminées par l’introduction d’un prédateur
La famille Partulidae comporte 72 espèces d’escargots différentes. Parmi elles, 45 sont éteintes, 11 ont disparu à l’état sauvage mais font l’objet d’un programme d’élevage en captivité, neuf sont en danger critique d’extinction, deux ont la chance d’être « seulement » vulnérables et nous manquons de données sur les cinq dernières.
Ces mollusques habitent tous la Polynésie française et particulièrement l’archipel de la Société constitué des îles du Vent, qui comptent notamment Tahiti, et des îles Sous-le-Vent, connues pour contenir Bora Bora. Les escargots Partula sont endémiques de ces îles tropicales. Malheureusement, un mollusque exotique a été introduit dans les années 70, l’escargot terrestre africain (Achatina fulica), afin de créer une nouvelle ressource alimentaire pour les habitants. Mais l’espèce, qui se reproduit à un rythme très rapide, échappe à l’homme qui choisit alors d’introduire en 1974 un nouveau mollusque pour freiner l’expansion du premier. Il s’agit cette fois de l’euglandine (Euglandina rosea), un escargot carnivore originaire des Etats-Unis. Plutôt que de se tourner vers l’escargot africain, le prédateur a exterminé les mollusques endémiques de la région, plus petits et donc plus fragiles. L’histoire somme toute assez classique d’une espèce invasive parmi tant d’autres…
L’implication des parcs animaliers à travers le monde
En septembre 2016, 1 700 escargots ont été réintroduits à Tahiti, répartis sur deux sites surveillés de l’île : la vallée de Papehue et la vallée de Te Faaiti. Parmi les élus, 134 sont nés en France, au Parc et Château de Thoiry, dans les Yvelines. Le parc animalier français participe depuis 14 ans au programme mondial d’élevage de ces escargots. Il élève six espèces d’escargots Partula, dont quatre qui sont éteintes à l’état naturel. Trois d’entre elles ont été choisies pour être réintroduites en septembre dernier : Partula tristis, Partula dentifera et Partula mooreana, trois espèces endémiques de l’île de Raiatea, l’une des Iles Sous-le-Vent.
Alors que 31 000 individus sont nés à Thoiry, le parc français achève sa mission avec cette première tentative de reintroduction. D’autres zoos à travers le monde continueront l’élevage de ces mollusques en suivant le programme de conservation dirigé par le Zoo de Londres. Ce programme concerne 17 espèces réparties dans 16 zoos différents dont les zoos de Bristol, Marwell, Londres, Chester, Woodland et Whipsnade.
D’autres réintroductions sont prévues l’année prochaine. Les libérations qui ont eu lieu en septembre servent en fait d’expérience préliminaire afin de recueillir des données pour les prochaines : taux de mortalité dans chacun des lieux, méthodes de réintroduction, etc.
Le Parc de Thoiry quant à lui met de côté l’élevage des gastéropodes mais n’abandonne pas pour autant la conservation des invertébrés. Il participe notamment à l’élevage et la réintroduction du criquet de Crau, espèce protégée endémique de la Plaine de Crau, en Provence.
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