Vous connaissez sans aucun doute le bison américain, emblème des Amérindiens, mais saviez-vous que le vieux continent abrite lui aussi une espèce de bison ? Éteint à l’état sauvage, Bison bonasus a pu être réintroduit avec succès. L’espèce s’éloigne aujourd’hui de l’extinction. Récit d’une renaissance.
Le bison d’Europe – Bison bonasus – est légèrement moins impressionnant que son cousin d’outre-Atlantique, le Bison bison, mais il est quand même ce qu’on appelle un grand gabarit : 2 mètres au garrot pour 350 à 600 kg pour les femelles et 600 kg à une tonne pour les mâles. Contrairement aux bisons d’Amérique, le bison européen vit en forêt et non en plaine. Mais l’un comme l’autre ont décliné drastiquement du fait de la chasse et de la perte de leur territoire. Le bison d’Europe a même frôlé l’extinction, ce qui n’a jamais été le cas pour son pendant américain.
Le déclin du bison d’Europe
Des deux sous-espèces de bisons d’Europe qui existaient encore au début du XX siècle, une a été perdue. En effet, génétiquement il ne reste plus de bisons du Caucase – Bison bonasus caucasicus. Seuls ont perduré la sous-espèce « bonasus » et une seconde lignée née d’un croisement génétique entre ce dernier et le Bison bonasus caucasicus disparu. Mais c’est un moindre mal quand on sait qu’à l’état sauvage, le dernier B. b. bonasus a disparu en 1919 et B. b. caucacicus en 1927. L’espèce toute entière aurait pu s’éteindre là, exterminée par la chasse, la déforestation et une urbanisation de plus en plus forte, la première Guerre Mondiale et les famines qu’elle entraîna.
La renaissance d’une espèce éteinte à l’état sauvage
Heureusement, au moment où les derniers bisons européens périssaient en milieu naturel, 54 spécimens (29 mâles et 25 femelles) étaient encore comptabilisés en parcs animaliers. Cette population dîte « captive » continuera à augmenter malgré une nouvelle baisse lors de la seconde guerre mondiale. Protégée par les parcs animaliers, l’espèce survit. Souvent opposés, le monde des parcs animaliers et celui de la conservation animale se rejoignent parfois et donnent lieu à de belles aventures. Ainsi, l’association européenne des zoos et aquariums (EAZA) lance un programme d’élevage en captivité pour le bison européen après l’établissement du Studbook, l’arbre généalogique des individus. Des bisons sont placés en semi-liberté pour leur réapprendre la vie sans l’Homme. Petit à petit, l’idée de les réintroduire fait son chemin…
Et c’est chose faite à partir des années 50 : en Pologne d’abord, pays qui continue aujourd’hui à compter la plus grande population de bisons en Europe dans la forêt de Bialowieza, mais également en Biélorussie, en Roumanie, en Russie, en Lituanie et même en Allemagne ! A quand la France ? L’hypothèse de réintroduire le grand mammifère dans le Jura a été évoqué mais rien n’a encore été fait. Le bison est exclusivement végétarien et se déplace en troupeau, jusqu’à une vingtaine d’individus pour ceux d’Europe et une centaine pour ceux d’Amérique. Pour réintroduire l’espèce, il faut donc de l’espace et limiter la concurrence entre herbivores en plus du contact avec l’Homme.
Vidéo AFP de la réintroduction en 2014 de bisons d’Europe dans les Carpates en Roumanie.
On estime aujourd’hui à un peu plus de 6000 le nombre de bisons d’Europe, dont 4000 environ en liberté ou semi-liberté et moins de 2000 en captivité : un beau retournement de situation pour une espèce sauvée par les parcs zoologiques !
Un patrimoine génétique trop pauvre pour être pérenne ?
Mais l’avenir pourrait ne pas être si rose pour nos bisons. Bien que l’espèce soit passée de « en danger » à « vulnérable à l’extinction » en 2008, et que son nombre soit en croissance, un problème de fond demeure : la génétique.
Les individus aujourd’hui réintroduits proviennent de parcs animaliers de toute l’Europe mais sont issus de 12 bisons seulement, donc 12 patrimoines génétiques purs. Un chiffre faible qui signifie, comme pour la panthère de l’Amour, un taux important de consanguinité. Pour arranger les choses, chaque population est isolée des autres et se reproduit donc entre elle. La consanguinité atteindrait aujourd’hui d’après l’UICN 44 % pour les Bison bonasus bonasus et 26 % des Bison bonasus caucasicus. C’est pour cette raison qu’il est vital de poursuivre les réintroductions avec de nouveaux spécimens. Dans le Caucase, des cas d’hybridation entre bisons européens et bisons américains ont également été observés. De quoi faire s’éteindre génétiquement une espèce…
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