Nous autres Français sommes connus à travers le monde pour quelques spécialités culinaires dont nous avons le secret, et notamment une qui étonne particulièrement nos voisins : la cuisse de grenouille. Mais savez-vous que 99 % des amphibiens vendus ne viennent pas de la bonne espèce et sont directement prélevés en milieu naturel à l’autre bout du monde ?
Le marché des cuisses de grenouilles peut paraître anecdotique mais il concerne tout de même près de 5000 tonnes d’animaux chaque année. Ces grenouilles ne viennent pas de France ; nos amphibiens étant classés comme espèces menacées, ils sont protégés. Les cuisses vendues en France proviennent majoritairement d’animaux d’Indonésie directement prélevés dans la nature, sans aucun contrôle.
L’Institut de Systématique, Evolution et Biodiversité (anciennement OSEB) composé de chercheurs du Muséum national d’Histoire naturelle (MNHN), du CNRS, de l’Ecole Pratique des Hautes Etudes et de l’Université Pierre et Marie Curie a fait une découverte qui pourrait très fortement vous étonner !
En analysant à partir de séquences d’ADN les amphibiens vendus surgelés en France, ils ont découvert que dans 99% des cas, il ne s’agissait pas de l’espèce inscrite sur l’étiquette, Rana macrodon, mais d’une autre espèce, Fejervarya cancrivora. Si cela ne fait guère de différences pour les profanes, pour les scientifiques « ces deux espèces de grenouilles sont aussi éloignées que la vache et le mouton. »
Il ne s’agit pas d’espèces menacées, officiellement en tout cas. Rana macrodon, aussi appelée Limnonectes blythii, est classée « presque menacée » par l’UICN mais aucune étude n’a été réalisée sur l’espèce depuis 13 ans. Les connaissances sur Fejervarya cancrivora ne sont pas plus avancées, la dernière publication sur cette espèce date également de 2014. Elle était alors considérée comme « peu concernée » par l’extinction. Mais le Muséum national d’Histoire naturelle s’inquiète ! « Chaque année plus de cent millions d’individus sont tués dans la nature sans qu’aucune étude scientifique n’ait été menée sur les effets de cette collecte sur les populations de grenouilles et sur la biodiversité de l’Indonésie. Ces résultats soulignent la nécessité d’études à grande échelle pour évaluer l’état des populations sauvages afin de mieux les protéger. »
Des constats qui pourraient bien changer notre réputation de « mangeur de grenouilles » !
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