Le cas du vaquita n’est malheureusement pas isolé : il n’est pas le seul cétacé à s’approcher dangereusement de l’extinction. D’après la Commission Baleinière Internationale (CBI), le dauphin Maui compterait désormais à peine une cinquantaine d’individus.
L’un des cétacés les plus menacés du monde
Demi-dieu ayant attrapé le soleil, permis la formation de la Nouvelle-Zélande, obtenu le secret du feu ou cherché l’immortalité, Maui est le personnage central de nombreuses légendes polynésiennes. Le dauphin qui porte son nom est le plus petit du monde, puisqu’il mesure entre 130 et 140 centimètres et pèse environ 50 kg. Les combinaisons de couleurs de sa peau sont remarquables : son dos et ses flancs sont gris pâle, ses nageoires et sa face sont noires et son ventre est d’un blanc crémeux. Cependant, sa caractéristique physique la plus frappante est probablement son aileron dorsal arrondi, parfois comparé à une oreille de Mickey.
Endémique de Nouvelle-Zélande, où il est une victime collatérale de la pêche industrielle, le dauphin Maui est classé en danger d’extinction par l’IUCN. Un nouveau recensement indique toutefois qu’il ne subsiste plus que 40 à 50 individus matures, ce qui en fait l’une des espèces les plus menacées du monde. La Commission Baleinière Internationale, qui compte pourtant parmi ses membres plusieurs pays résolument pro-chasse, a publié au début du mois un rapport expliquant que » les mesures limitant les captures accidentelles » sont très nettement insuffisantes. Chaque année, filets maillants et chalutage provoquent la mort de trois à cinq dauphins Maui. Cela peut évidemment sembler anodin mais doit être rapproché du cycle de vie de l’espèce : une femelle ne se reproduit qu’une fois tous les deux à quatre ans, pour donner naissance à un petit seulement. Dans ces conditions, les dommages collatéraux de la pêche industrielle prennent une nouvelle dimension.
Entre protection de l’environnement et économie
La CBI accuse notamment la Nouvelle-Zélande d’immobilisme et somme le pays d’interdire totalement la pêche dans l’habitat du dauphin. Sans une telle mesure, l’espèce serait condamnée à court terme.
Nick Smith, le ministre néo-zélandais de l’environnement, a de son côté toujours assuré » faire tout ce qui est en son pouvoir pour sauver les dauphins Maui « . Dès 2008, un sanctuaire marin a été créé et la pêche au chalut et les filets dérivants ont été interdits sur une superficie maritime de 6 000 km². Si ces mesures contribuent à préserver l’image d’un pays « propre et vert », de très nombreuses ONG locales dénoncent leur manque d’efficacité et mettent vivement en cause la sincérité du gouvernement. En effet, ces dernières années, de nouveaux forages pétroliers ont été autorisés dans les eaux où évoluent les dauphins Maui. La recherche du pétrole puis son exploitation provoquent ondes de choc, ce qui perturbe l’écholocation des dauphins, et risque élevé de pollution en cas d’incidents.
Selon Nick Smith, renoncer à ces forages » coûterait un milliard d’euros par an et obligerait à se tourner vers le charbon, ce qui augmenterait dramatiquement les émissions de gaz à effet de serre « . L’équation semble également difficile à résoudre pour l’industrie de la pêche, qui représente elle aussi une très importante manne financière pour le pays.
En 2010 et 2011, environ 59 dauphins Maui étaient recensés. Malgré les efforts engagés, les représentants de l’espèce seraient aujourd’hui entre 40 et 50, dont un quart de femelles matures. Ni les écologistes, ni les ONG locales n’ont cependant l’intention d’abandonner les cétacés à leur sort. Comme le rappelait Gareth Hughes, membre du Parlement néo-zélandais, » nous avons sauvé le kakapo qui ne comptait que 40 individus, nous n’abandonnerons pas le dauphin Maui « .
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