Après une longue enquête et l’analyse de près de 200 échantillons ADN, une équipe de scientifiques affirme avoir découvert une espèce de baleine à bec. Son nom scientifique n’a pas encore été établi et peu d’éléments sont pour le moment connus à son sujet.
Karasu, une baleine noire
Les premiers signes d’existence de cette espèce datent des années 1940. A cette époque, des pêcheurs japonais signalent la présence de baleines à bec inconnues. Bien qu’elles ressemblent à la bérardie de Baird, une espèce commune dont l’aire de répartition s’étend sur tout le Pacifique Nord, ces témoins notent des différences : leur peau est plus sombre, presque noire, et elles sont plus petites d’un tiers. L’existence d’une espèce distincte n’est alors pas reconnue, mais les pêcheurs japonais ne s’y trompent pas : ils la surnommeront « Karasu » (corbeau).
A partir des années 2000, les indices et les études se succèdent mais sont encore insuffisantes. L’espèce est rare, aucun spécimen vivant n’est observé. En 2004, une carcasse de baleine retrouvée en Alaska ne peut être identifiée. En 2013, les analyses ADN de trois spécimens échoués au nord du Japon sont réalisées mais, là encore, les chercheurs sont prudents : ils ne peuvent déterminer s’il s’agit d’une simple forme naine de la bérardie de Baird ou s’ils sont bien face à une nouvelle espèce.
Une collecte internationale d’échantillons ADN
Phil Morin, chercheur et généticien à la NOAA (National Oceanic and Atmospheric Administration), se lance alors dans l’analyse de 178 échantillons ADN de baleines à bec du Pacifique. Avec son équipe, il les a obtenus auprès de la Southwest Fisheries Science Center, un département de la NOAA présentant la plus grande banque de données de mammifères marins du monde. Différentes institutions ont également participé à la collecte, comme les musées de Los Angeles et Washington. Même le lycée d’Unalaska, une ville d’Alaska, a pu y contribuer : l’établissement a en effet permis d’exploiter un squelette de baleine exposé dans son enceinte.
L’équipe de Phil Morin va jusqu’à prélever des échantillons sur les marchés japonais, où la baleine est un mets prisé, ou en Russie orientale. Petit coup de pouce du destin : en 2014, une carcasse de baleine à bec s’échoue sur une plage d’Alaska et des échantillons sont envoyés à la NOAA. Ces derniers seront, comme sept autres sur les 178 échantillons récoltés, ceux d’une baleine à bec inconnue. L’investigation est terminée : une nouvelle espèce a bien été découverte.
Des mammifères marins très peu documentés
Peu de choses sont encore connues sur cette nouvelle baleine à bec. Elle semble extrêmement rare, puisque aucun spécimen vivant n’a pu être observé, et son aire de répartition est probablement comprise dans celle de la bérardie de Baird. D’autres études devront encore être menées afin de déterminer son nom scientifique et, surtout, ses caractéristiques physiques, son comportement et les différentes menaces pesant sur elle.
Les baleines à bec sont, d’après la NOAA, » parmi les baleines les moins connues de l’océan, avec plusieurs espèces identifiées seulement ces dernières décennies « . Comme les dauphins, elles sont dotés d’un bec mais sont nettement plus imposantes : la bérardie de Baird peut par exemple atteindre 13 mètres et peser 10 tonnes. Le manque de documentations concernant ces espèces vient du fait qu’elles vivent au large des côtes, dans des eaux très profondes. Les études portent donc le plus souvent sur les carcasses échouées sur les plages.
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