L’année 2015 a vu l’extinction de près de 200 000 saïgas, unique espèce d’antilope eurasienne, soit près des deux tiers des effectifs de l’espèce. En cause ? Une épizootie de pasteurellose, une maladie infectieuse, qui a frappé le troupeau évoluant dans la steppe de la Faim, une plaine désertique s’étalant sur l’Ouzbékistan et le Kazakhstan. Cette harde représentait alors la plus grande population de l’espèce : près de 250 000 têtes en faisaient partie. Au cours du mois de mai 2015, lorsque l’hécatombe a débuté, des dizaines de milliers d’antilopes sont mortes en quelques heures à peine. Classée en danger critique d’extinction par l’UICN, l’espèce a vu ses effectifs chuter dramatiquement.
Des troupeaux d’antilopes en augmentation
Depuis début 2016, les scientifiques attendaient avec impatience les résultats d’un nouveau recensement d’antilopes mené par les autorités du Kazakhstan, dont le territoire accueille la majorité de l’espèce. Publiés mi-juin, les résultats de l’étude sont formels : aucune nouvelle hécatombe n’a eu lieu et, mieux encore, les trois troupeaux de saïgas étudiés montrent des signes de croissance. Même celui de la steppe de la Faim a vu ses effectifs augmenter : il compte désormais plus de 36 000 individus adultes. « C’est bien loin des 242 000 animaux que nous avons recensés au printemps 2015, avant l’hécatombe, mais nous sommes reconnaissants pour cette lueur d’espoir « , a déclaré Albert Salemgareyev, membre de l’Association pour la Conservation de la Biodiversité du Kazakhstan (ACBK) et co-directeur de l’Altyn Dala Conservation Initiative (ADCI), un programme mis en oeuvre par le gouvernement kazakh visant notamment à protéger les saïgas.
D’après le rapport, le troupeau situé à l’ouest du fleuve Oural aurait désormais la même taille qu’en 2010, année au cours de laquelle il avait lui aussi été victime d’une épizootie. Cette population est désormais la plus importante, avec 70 000 individus contre à peine plus de 50 000 l’année dernière. La dernière population est, quant à elle, dans une situation précaire. 1900 têtes seulement ont été comptabilisées, mais les causes de son extinction sont cette fois différentes : le braconnage, bien que mieux géré cette année, en a pratiquement causé la disparition. La harde est toutefois elle aussi en croissance : en 2015, elle ne comptait que 1200 adultes.
Une enquête toujours en cours pour comprendre l’hécatombe 2015 de saïgas
Si les effectifs de l’espèce de saïgas sont globalement en augmentation et qu’ils ont même dépassé le cap symbolique des 100 000 têtes, le principal enjeu des prochains mois est de s’assurer que cette tendance perdure. Pour cela, les scientifiques du monde entier continent à enquêter sur l’épidémie de pasteurellose.
Celle-ci s’est propagée à partir du mois de mai, lorsque les femelles se sont réparties en plusieurs groupes en vue de donner naissance à leurs petits. Peu de temps après, tous les groupes ont présenté les premiers symptômes de la maladie et, dans les heures qui ont suivi, des milliers d’antilopes sont mortes de septicémie hémorragique. Toutes les preuves convergent vers une seule et unique thèse : aucun agent infectieux n’a été détecté, si ce n’est celui de la pasteurellose. Pourtant, des germes de Pasteurella sont présents à l’état naturel dans le système respiratoire des saïgas. D’autres paramètres sont donc entrés en jeu. Le climat pluvieux qui a régné sur le Kazakhstan au printemps 2015 pourrait avoir encouragé la prolifération de bactéries et affaibli les défenses immunitaires des antilopes. Une intoxication liée à la présence de métaux lourds, de plantes toxiques ou de poisons d’origine humaine a été envisagée, mais cette hypothèse est maintenant écartée : aucun relevé n’est venu l’accréditer. Des zones d’ombre subsistent et l’enquête se poursuit.
En parallèle de ces recherches, des scientifiques ont proposé de vacciner les saïgas, par exemple par aérosol, mais la prudence prévaut pour le moment : le stress causé par une telle manœuvre pourrait provoquer autant de morts que l’épizootie elle-même. Quant aux administrations kazakhes, elles ont accentué la lutte contre le braconnage : les cornes de saïgas mâles sont en effet utilisées dans la médecine traditionnelle chinoise et font donc l’objet d’un marché noir lucratif. Cette menace est cependant relativement bien maîtrisée par les autorités. En 2015, 107 cas de braconnage ont été recensés, bien loin des 200 000 victimes de l’épidémie de pasteurellose.
1 réponse to “Après l’hécatombe de 2015, l’espoir renait pour les saïgas”
27.08.2017
PPATRUX GillesJ’ai entendu beaucoup « parler » de saïgas » en lisant les enfants de la terre de Jean Auel!