La population d’espadons de Méditerranée ne représente que 10 % de la population totale de l’espèce et pourtant l’union internationale pour la conservation de la nature considère qu’il s’agit de la population la plus mal gérée. Pour résoudre ce problème, une première mesure de protection vient d’être prise.
Une première mesure de protection pour l’espèce
La CICTA (ICCAT en anglais), la Commission internationale pour la conservation des thonidés de l’Atlantique, a organisé la 20ème édition de sa réunion annuelle le 21 novembre dernier. Lors de celle-ci, des limites de capture ont été adoptées pour la première fois concernant l’espadon de Méditerranée et le requin bleu de l’Atlantique.
Si ce dernier est considéré par l’organisation comme une « espèce accessoire », le cas de l’espadon est en revanche bien plus préoccupant. Il existe trois populations dites » Atlantique » de Xiphias gladius, une en Méditerranée et deux effectivement dans l’océan Atlantique. Génétiquement, les poissons qui vivent dans la mer sont différents de ceux de l’océan. Il y a donc très peu de brassage entre ces populations. Celle de l’Atlantique nord est considérée comme la plus menacée par l’UICN, qui la classe d’ailleurs « en danger », mais celle de la Méditerranée est la plus mal gérée. Si elle n’était pas menacée jusqu’à ces dernières années, on considère aujourd’hui qu’elle est proche de l’épuisement. C’est pourquoi un plan de redressement annuel de l’espadon de Méditerranée devrait voir le jour. Une première recommandation a été adoptée à la demande de l’Union Européenne : elle fixe à 10 500 tonnes les prises autorisées en 2017. Un chiffre qui n’est pas en soi une grande avancée car il correspond au volume de poissons pêchés en 2015 et ne limite donc que modérément la capture. En revanche, ce quota baissera de 3 % par an de 2018 à 2022, ce qui devrait marquer un premier pas en avant dans la protection de l’espèce.
L’espadon, une espèce menacée depuis peu
L’espadon est un poisson très prisé. Au-delà de la pêche sportive qui exerce sur lui une pression déjà importante, la pêche commerciale s’est intensifiée sur cette espèce qui coûte environ 14,50 € HT par kilo. L’une des menaces les plus importantes provient non pas du volume de poissons pêchés mais de l’âge de ces poissons. En effet, un rapport du WWF estime que 70 % des prises est composée de juvéniles de moins de trois ans. La mortalité excessive de ces jeunes poissons met en danger la capacité de renouvellement de l’espèce puisque par définition les juvéniles sont capturés avant d’avoir eu le temps de devenir sexuellement mature et donc de se reproduire. Pour parer à cette menace, le CICTA a déjà imposé des critères de taille minimum pour la pêche de l’espadon, une recommandation malheureusement difficile à faire respecter.
Début 2017, un groupe de travail du CICTA devrait établir la répartition du quota de captures entre chaque pays concerné. Actuellement, l’Italie représente à elle seule 45 % des prises d’espadons en Méditerranée, devant le Maroc avec 14 % et l’Espagne 13%.
Un précédent : le thon rouge
En 2006, la CICTA avait établi un premier quota de pêche pour le thon rouge de l’Atlantique, Thunnus thynnus, espèce reconnue « en danger d’extinction » depuis cinq ans. Cette autre espèce surexploitée a connu des heures particulièrement difficiles dans les années 90. En 1996, jusqu’à 50 807 tonnes de poissons étaient pêchées, malgré les alertes des défenseurs de l’environnement. Il aura fallu attendre 10 ans pour que la capture soit limitée dans un premier temps à 32 400 tonnes avant de finalement baisser à 12 900 tonnes dans les années 2010-2013.
Cette politique a permis à la population de thons rouges de Méditerranée de se redresser et les experts espèrent que l’espadon de Méditerranée suivra le même chemin.
Par Cécile Arnoud.
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