Record : le requin du Groenland peut vivre jusqu’à 400 ans !

Moins connu que son cousin le célèbre requin blanc, Somniosus microcephalus, le requin du Groenland, aussi appelé en français la laimargue du Groenland, est pourtant bien plus impressionnant que ce dernier, et à plus d’un titre !

Ce redoutable prédateur vit dans les eaux profondes et glacées du nord des océans Antarctique et Pacifique et en Arctique où il est sans conteste le plus grand poisson. Pouvant mesurer jusqu’à 7 mètres et peser plus d’une tonne, le requin du Groenland est presque aussi imposant que le grand requin blanc. Carnivore, il s’attaque même à des ours blancs ! Toutefois, ce ne sont pas ses mensurations qui ont rendu célèbre ce poisson classé « presque menacé » par l’UICN mais une autre particularité. On sait depuis peu qu’il s’agit du vertébré possédant l’espérance de vie la plus importante au monde, jusqu’à 4 siècles !

Publiée le 11 août dernier dans le magazine « Science », l’étude de deux universitaires de Copenhague, John Steffensen et Julius Nielsen, a permis d’en apprendre davantage sur ce poisson méconnu grâce à l’analyse des corps de 28 laimargues, tuées accidentellement entre 2010 et 2013. Les chercheurs ont constaté que, chez cette espèce, un nouveau-né mesure environ 42 centimètres et ne grandit en moyenne qu’au rythme d’un centimètre par an durant sa vie ! Des spécimens de plus de 5 mètres ont pourtant été vus, ce qui signifie que l’animal possède une durée de vie exceptionnelle.
En effet, à côté de ce requin, la tortue des Galápagos et les baleines du Groenland font pâle figure avec leurs 150 à 200 années de longévité. Si la durée de vie moyenne du poisson semble tourner autour de 272 ans, deux des individus étudiés par les chercheurs étaient âgés d’environ 335 ans et 392 ans. Pour estimer l’âge des requins, les deux scientifiques ont utilisé une méthode peu ordinaire. Ils se sont servis des traces laissées dans l’organisme, et notamment dans les yeux des animaux, des tests nucléaires menés dans l’Arctique dans les années 50. Selon le niveau de radiations atomiques de leurs tissus, ils ont pu estimer grâce au carbone 14 quel âge avait l’animal lors de cette période.
Autre constat, les quelques femelles gestantes parmi les 28 sujets tests étaient toutes âgées au minimum de 150 ans, les deux universitaires en ont donc déduit que la maturité sexuelle de l’espèce devait se situer à peu près à ce niveau.

Arctica islandica, animal possédant le record de longévité dans le monde.

Cette croissance et ce métabolisme lents semblent justement expliquer la longévité de l’animal. Le requin aussi appelé « dormeur du Groenland », tant il se déplace lentement, évolue dans une eau très froide qui ralentit son développement. Une température qui activerait également des « gênes anti-âge » qui aident à combattre les infections et à prolonger la durée de vie.

En dehors des vertébrés, une seule espèce animale peut vivre plus longtemps que Somniosus microcephalus. Il s’agit d’un coquillage appelé la praire d’Islande, Arctica islandica, que l’on trouve notamment en France métropolitaine, dans le Nord, sous le nom de cyprine ou de quahog nordique. L’étude d’un de ces mollusques a conclu qu’il avait plus de 500 ans ! Il est mort durant une analyse à l’âge respectable de 507 ans. Impossible bien sûr de savoir quel âge il aurait atteint s’il n’avait pas succombé aux recherches.

De l’étude de ces 28 requins du Groënland est né le constat de cette incroyable longévité, mais des recherches plus poussées sur l’espèce pourraient encore nous révéler quelques surprises ! La science commence tout juste à s’y intéresser et 28 requins ne peuvent être représentatifs d’une espèce toute entière. Ainsi, si le plus âgé des requins étudiés avoisinait les 400 ans, il est possible que dans l’eau vive encore un spécimen qui batte ce record !