La salamandre géante de Chine

Présentation

« Andrias davidianus » de son nom scientifique, est connu pour être le plus grand amphibien au monde. En effet, à l’âge adulte, la salamandre géante de Chine mesure près d’1,15 mètre et pèse en moyenne 25 à 30 kilogrammes. Ce record lui est légitime ! Autrefois, on pouvait apercevoir des spécimens mesurant près d’1,80 mètre !

Doté d’une queue représentant environ 60 % de sa taille, cet amphibien classé dans la famille des Cryptobranchidés est essentiellement actif la nuit. Il se nourrit d’écrevisses, de vers, de larves, de crabes, de petits poissons, de mollusques, de crapauds et grenouilles, et peu parfois présenter un comportement cannibale en dévorant de petites salamandres.

Etant presque aveugle, la salamandre géante de Chine doit se fier entièrement aux signaux sensoriels de son front. De ce fait, elle peut détecter le moindre mouvement dans l’eau et projeter sa tête en avant d’un geste rapide pour attraper sa proie.

La couleur de ces animaux peut varier du brun clair au brun foncé, allant même du gris au noir. Le corps présente des taches parsemées tout le long du corps. Sur la grosse tête aplatie apparaissent deux petits yeux sans paupières et une peau foncée, poreuse et rugueuse.
Pour les grands curieux, vous pourrez compter quatre orteils sur les pattes de devant et cinq sur celles de derrière.

C’est en 2004 que l’IUCN prend la décision de répertorier la salamandre géante de Chine comme une espèce en voie critique d’extinction. Cette action est justifiée par un triste constat : le déclin de la population.

Localisation

Il nous est impossible de donner un chiffre exact concernant la population totale de l’espèce. Les scientifiques ont cependant estimé qu’en un demi-siècle, la population aurait chuté de près de 80 %.
La salamandre géante de Chine vit essentiellement dans des lacs, des marais et des fleuves d’eau douce. Répartie sur 12 aires géographiques dans 17 provinces, cette espèce endémique de la Chine peut aussi être aussi aperçue à Taiwan.

Aire de répartition de la salamandre géante en Chine

Cet amphibien évolue dans trois grands écosystèmes fluviaux en Chine :

• Les fleuves Huang He
• Yangtze
• Zhu Jiang

La salamandre géante de Chine se trouve généralement près des ruisseaux dans les montagnes. Elle reste la plupart du temps au fond de l’eau et ne remonte à la surface que pour s’approvisionner en oxygène. La respiration est assurée en partie par la peau qui laisse entrer l’oxygène et sortir le dioxyde de carbone. La salamandre géante de Chine vit principalement dans les cavités et les creux sous-marins des rochers.

Menaces

De nos jours, 40% des amphibiens sont en voie d’extinction. Malgré les efforts, les associations manquent souvent de moyens pour pérenniser l’avenir de ces espèces. C’est le cas de la salamandre géante. Plusieurs raisons justifient cette situation critique.

Depuis longtemps, sa chair est très convoitée en Chine. Selon certain, elle aurait des vertus médicinales, pour d’autres, elle est considérée comme un mets de bonne et rare qualité. C’est pourquoi le braconnage est la principale menace de la salamandre géante.

La chasse, qui réduit considérablement l’effectif de l’espèce, n’est qu’une partie de l’inconduite de l’Homme. Selon une récente étude menée par des chercheurs de l’Université Concordia (Canada), la Chine serait le 2ème pays le plus polluant au monde. Une partie de ses cours d’eau est donc pollué ce qui engendre de nombreuses maladies chez les amphibiens.
Autre menace : l’aménagement des cours d’eau tels que les barrages, les pesticides et engrais utilisés pour l’agriculture.

Efforts de conservation pour la salamandre géante de Chine

Malgré un manque de moyens matériels et financiers, de nombreuses associations tentent du mieux qu’elles peuvent de protéger la salamandre géante de Chine.

Six réserves naturelles ont été créées : celles de Zhiangjiajie, de Lushi, de Qingyaoshan, de Youyang, de Taibai ou encore de Yongshun. Elles manquent pourtant de surveillance pour être efficaces.

Les autorités locales mettent en place bon nombre d’actions afin de réintroduire l’espèce dans des milieux favorables à sa reproduction.
Un exemple type de réintroduction a eu lieu entre le 23 septembre et le 23 octobre 2013. Plus de 1 200 salamandres géantes issues d’un programme d’élevage en captivité ont été relâchées dans le secteur de Huangshan, dans la province chinoise du Anhui.
A cette occasion, une campagne de communication a été menée et a permis de rappeler que depuis 2008, plus de 15 000 spécimens ont été introduits dans 11 provinces différentes (Anhui, Fujian, Gansu, Guangdong, Guangxi, Henan, Hunan, Jiangxi, Shanxi, Shaanxi et Zhejiang).

Pour aider l’espèce, il est nécessaire de mettre en place des campagnes de communication partout en Chine : dans les écoles, dans les villes voisines où demeurent l’animal etc… Ces plans de sensibilisation pour la conservation de l’espèce pourront faire découvrir l’espèce aux plus jeunes, changer les mentalités et redonner un brin d’espoir au plus grand amphibien du monde !

De plus, certaines associations ont mis en place bon nombre de projets.
L’EDGE (Evolutionarily Distinct & Globally Endangered), par exemple, est une association spécialisée dans la conservation des espèces menacées. Différents projets pour la salamandre de Chine sont en cours tels que :

• «ZSL, EDGE Fellowship programme», qui tente d’améliorer l’environnement de ces animaux
• « Conserving the Chinese giant salamander », qui tente d’approfondir nos connaissances sur l’animal, sa répartition, et sa population mais également de développer une base de données sur la génétique de la salamandre, ainsi qu’un centre spécialisé pour la bonne reproduction de l’amphibien

Enfin, « Andrias davidianus » est inscrit sur l’Annexe I de la CITES (Convention sur le commerce International des Espèces de faune et de flore sauvages menacées d’extinction). Pourtant, de nombreux paysans continuent de chasser l’animal pour le revendre à un bon prix, et les autorités manquent d’effectif pour pouvoir contrôler.

Reproduction de Andrias davidianus

La saison des amours de ce grand amphibien a lieu entre août et septembre. Leur mode de reproduction est assez particulier.
En effet, la mère a tendance à manger sa propre progéniture ce qui explique que le mâle chasse la femelle une fois les 500-1 000 œufs déposés près de lui. En agitant sa longue queue, il va libérer ses spermatozoïdes qui vont directement féconder les œufs.
Le mâle protégera les œufs jusqu’à leurs éclosions, c’est-à-dire 6 semaines plus tard.

A la naissance, les larves ne mesurent pas plus de 3 centimètres. Et c’est seulement à l’âge de 3 ans que les larves se métamorphoseront en salamandre. Il est curieux de constater qu’à la naissance, les petits amphibiens sont dotés de branchies externes qui leurs permettent de s’adapter très rapidement à leur environnement aquatique. Avec les années, ces branchies régresseront et laisseront place à de jolis petits poumons.

La maturité sexuelle quant à elle n’est atteinte qu’à l’âge de 15 ans.

En savoir plus

La longévité de l’animal peut atteindre les 80 ans. Cependant, avec toutes les menaces citées ci-dessus, sa durée de vie n’atteint que 30 ans en moyenne.

Cette espèce d’amphibien, appartenant à l’ordre des urodèles, a été élue comme l’animal le plus étrange du monde sur une liste de 100 autres animaux, par la « Zoological Society of London » début janvier 2008.