Le bouquetin des Alpes n’est plus considéré aujourd’hui comme une espèce menacée par la France tandis que le bouquetin des Pyrénées reste lui « en danger » au niveau national. Pourtant, le premier a bien failli s’éteindre et c’est une réserve de chasse qui l’a sauvé !
Sauvetage du bouquetin des Alpes et création des deux premiers parcs nationaux italiens et français
A la frontière franco-italienne, deux parcs nationaux se côtoient sur 14 kilomètres : il s’agit du Parc national de la Vanoise côté français et du Parc national du Grand-Paradis côté italien. Les deux sites constituent les plus anciens parcs nationaux de chaque pays et possèdent le même animal symbole : le bouquetin des Alpes. Et pour cause, sans ces deux parcs, l’espèce aurait disparu.
Cet herbivore était autrefois répandu dans toutes les régions montagnardes d’Europe centrale mais l’apparition des armes à feu, facilitant sa chasse, a provoqué un impressionnant déclin, poussant l’espèce à deux doigts de l’extinction. C’est à ce moment qu’intervient le roi italien Victor-Emmanuel II en faisant du massif du Grand Paradis et des vallées qui l’entourent une Réserve royale de chasse en 1856. En fait de chasse, il n’y en aura pas. Le monarque crée un corps de garde spécial pour le site et fait construire des sentiers. Les derniers spécimens de bouquetins des Alpes sont alors protégés. En 1919, son petit-fils Victor-Emmanuel III accepte de céder le site à l’Etat italien à condition qu’il devienne un parc national, ce qui est fait en 1922. Côté français, une réserve naturelle est décrétée en 1943 ; il faudra attendre 20 ans de plus pour que Parc national de la Vanoise soit fondé.
La population de bouquetins des Alpes italienne est la seule à ne s’être jamais éteinte, malgré un groupe au plus bas après la Seconde Guerre mondiale, tombé à 416 animaux. En France, en Suisse, en Autriche et en Allemagne, les populations actuelles sont issues de réintroductions. Le destin de l’espèce aurait donc pu tourner tragiquement sans l’intervention du roi italien.
Dans le Parc national de la Vanoise, les réintroductions ont débuté dans les années 60 et ont rapidement engendré une population pérenne constituée de 1650 animaux en 1986, puis de 9 000 bouquetins des Alpes en 2010. Bien sûr, ces données sont à considérer avec prudence : le Parc national du Grand-Paradis étant jumelé avec le site français depuis 1972, les animaux passent d’un pays à l’autre sans contrainte.
Aujourd’hui, l’espèce Capra Ibex est estimée à quelques 15 000 membres principalement répartis entre Italie, Suisse et France et les deux parcs nationaux franco-italiens constituent l’un des plus grands espaces protégés d’Europe occidentale, avec une superficie de 1 250 km².
Parc national du Grand-Paradis : une biodiversité alpine très riche
Si le Parc national du Grand-Paradis s’est fait connaître grâce au bouquetin des Alpes, il abrite par ailleurs une faune particulièrement riche. Le site est d’ailleurs classé sur la Liste verte des aires protégées de l’UICN – en opposition à sa liste rouge des espèces menacées. Le bouquetin mis à part, le parc national italien accueille bien sûr d’autres herbivores comme le cerf, le chamois ou le chevreuil mais également une grande population de marmottes et de lièvres variables qui ont la particularité de changer de couleur de pelage en hiver, comme le lièvre arctique.
Pour réguler ces populations, la nature n’a pas besoin de l’Homme. La présence de prédateurs naturels comme le lynx, le renard, le blaireau, l’hermine et autres martres suffit. Celle du loup est supposée mais n’a que très rarement été observée.
Enfin, l’arc alpin est également propice à l’établissement de colonies d’oiseaux. On compte pas moins de 125 espèces différentes allant des oiseaux de proie comme l’aigle royal et le très symbolique gypaète barbu, qui vient de faire son retour après avoir longtemps disparu de la région, aux hiboux grands ducs, chouettes de Tengmalm et pics en tout genre. Plus spécifiques aux régions montagneuses, le tétras lyre, le lagopède alpin et le tichodrome sont également visibles.
Cette région est donc particulièrement riche pour les ornithologues mais aussi pour les amoureux de la nature et de la biodiversité dans son ensemble !
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