Sacré « mammifère le plus mignon du monde » en 1825 par le zoologiste français Frédéric Cuvier, le panda roux est encensé partout, sur internet comme dans les zoos du monde entier. Pourtant, le nombre d’individus est aujourd’hui en déclin et l’espèce, menacée, figure sur la liste rouge de l’UICN.
Description et caractéristiques
Le panda roux, aussi appelé petit panda ou panda fuligineux, est le seul représentant de la famille des Ailuridae, une catégorie proche des Musteloidea dont font par exemple partie les loutres, les moufettes ou encore les ratons-laveurs. Deux sous-espèces se distinguent : le panda roux de l’Inde (Ailurus fulgens fulgens) et le panda roux de Styan (Ailurus fulgens styani). Le premier diffère de son cousin par sa taille légèrement plus petite, ses couleurs moins éclatantes et un masque laissant apparaître plus de blanc que de roux.
Mixant des caractéristiques du chat, du renard, de l’ours et du raton-laveur, le panda roux mesure à l’âge adulte environ 60 cm, sans compter sa queue rayée non préhensile qui mesure, quant à elle, entre 30 et 50 cm. Bien que l’on ne puisse pas parler de dimorphisme, le mâle est légèrement plus lourd que la femelle et un individu adulte pèse en moyenne entre 4 et 6 kg. A la fois rousse sur l’essentiel du corps, blanche au niveau de la tête et des oreilles et noire sur les pattes, son épaisse fourrure lui permet d’affronter sans peine les températures extrêmes (jusqu’à -30 degrés !) de son milieu naturel.
Le panda roux appartient à l’ordre des carnivores. Pourtant, son alimentation se compose à 98% de bambou, le reste de son régime alimentaire se constituant de racines, de fruits, d’insectes divers et d’œufs d’oiseau.
Panda roux et panda géant, quelles différences ?
D’origine népalaise, le nom de « panda » lui est attribué plusieurs années avant de découvrir son compatriote bicolore, le panda géant, ainsi nommé en raison des nombreuses similitudes entre les deux espèces. Toutes deux sont par exemples des mammifères plantigrades vivant en Asie. Ailurus fulgens (nom scientifique signifiant « chat aux reflets éclatants ») a d’ailleurs longtemps été considéré comme un cousin du panda géant, à cause notamment de leur penchant commun pour le bambou. Il n’empêche que d’importantes différences existent entre les deux spécimens, c’est pourquoi le panda roux a été classé dans une famille à part dont il est le seul représentant. L’ossature de leur crâne et plus particulièrement de leurs mâchoires permet notamment de distinguer ces espèces et d’expliquer pourquoi elles apprécient le bambou mais n’en mangent pas les mêmes parties. En effet, alors que le panda géant se délecte des tiges dures, le panda roux préfère quant à lui les feuilles tendres.
Localisation et habitat
Cet animal arboricole vit généralement entre 2 800 et 3 900 mètres d’altitude, dans les forêts humides de l’Himalaya. Des individus ont aussi été aperçus dès 1 500 mètres d’altitude et lorsque les températures augmentent à la saison chaude, ils cherchent la fraîcheur en grimpant plus haut, jusqu’à 4 800 mètres ! L’aire de répartition du panda roux s’étend du sud-ouest de la Chine (Sichuan, Yunnan et Tibet) au nord-ouest de l’Inde (Sikkim, Bengale et Arunachal Pradesh), en passant par le Népal, le Bhoutan et le nord du Myanmar (nouveau nom de la Birmanie). Il est principalement présent le long de la frontière entre le Myanmar et le Yunnan. On pense qu’il existait des individus dans d’autres provinces chinoises, notamment dans celle du Guizhou, du Gansu, du Shaanxi et de Qinghai, mais que l’espèce est aujourd’hui éteinte dans ces zones.
Le petit panda est très sélectif en ce qui concerne son habitat naturel. Il aime particulièrement les régions où se dressent d’immenses chênes et conifères en haut desquels il se déplace avec aisance grâce à ses griffes semi-rétractiles, et où les étages inférieurs sont riches en bambou et fourrés. Le panda roux apprécie également la présence d’un point d’eau à proximité immédiate de son habitat, généralement dans un rayon de 100 à 200 mètres. D’après les scientifiques, il préfère aussi les zones où les souches d’arbres sont nombreuses, les pentes peu abruptes et orientées vers le nord.
Menaces
De nombreuses menaces pèsent sur le petit mammifère classé « espèce en danger d’extinction ». La moitié de la population de pandas roux a disparu à l’état sauvage au cours des deux dernières décennies, et « ce déclin devrait se poursuivre, voire s’intensifier au cours des vingt prochaines années », note l’UICN.
Destruction de son habitat naturel
La déforestation et le peuplement par l’Homme de son habitat naturel constitue l’un des principaux dangers pour le panda roux. Les éleveurs de bétail aiment particulièrement s’installer dans les zones où vivent les petits pandas car elles sont riches en souches d’arbres, que les villageois coupent et utilisent pour se chauffer, mais aussi en bambou, collecté par les bergers et utilisé en fourrage pour leurs bêtes. La construction d’habitations et de routes a totalement bouleversé le milieu naturel du panda roux. Au cours des dernières années, son aire de répartition a subi d’importants changements et se retrouve aujourd’hui fragmentée en plusieurs portions. Confinés dans des territoires réduits, les Ailurus fulgens rencontrent désormais de graves problèmes de consanguinité qui pèsent sur la pérennité de l’espèce.
Sensibilité aux perturbations
Fragile, le panda roux est sensible à l’environnement qui l’entoure. Il est par exemple très touché par la maladie de Carré, une pathologie qui touche habituellement les chiens domestiques et qui se transmet très facilement à ce petit plantigrade, décimant des populations entières. Le petit panda éprouve par ailleurs des problèmes pour se reproduire lorsque son habitat naturel est perturbé. En 1991, déjà, Pralad Yonzon (créateur de la fondation Resources Himalaya) et Malcolm Hunter (professeur à l’université du Maine, aux Etats-Unis) ont montré dans une étude que la mortalité des bébés augmente dans les zones perturbées. Ainsi, sur une douzaine de nouveau-nés observés par les scientifiques, seuls trois étaient encore en vie à l’âge de 6 mois. Toujours dans le cadre de cette étude, Yonzon et Hunter ont observé neuf individus adultes, mais seulement cinq d’entre eux ont survécu à la période de l’observation. D’après les experts, 57 % de ces décès seraient directement liés à l’activité humaine.
Commerce et braconnage
Victime de son succès auprès des petits comme des grands pour son allure de peluche vivante, le panda roux se retrouve de plus en plus chassé pour être vendu en tant qu’animal de compagnie. Le renard de feu, comme le surnomme les Chinois, est aussi braconné pour sa viande et sa fourrure, très appréciées sur le marché asiatique. Pourtant, l’espèce figure sur l’Annexe I de la CITES, ce qui signifie que son commerce est interdit à l’échelle internationale. Sans compter qu’il arrive que des individus soient tués accidentellement par des pièges destinés à d’autres animaux, comme des cerfs ou des primates.
Conservation du panda roux
Très appréciés du public, les pandas roux sont nombreux à vivre en captivité dans des zoos. On ne compte plus les parcs animaliers qui participent au programme européen d’élevage pour les espèces menacées (EEP) dont ils font l’objet. D’ailleurs, Ailurus fulgens a fait partie des toutes premières espèces à bénéficier de tels dispositifs, dès 1985. Mais tout l’enjeu consiste à protéger l’espèce dans son milieu naturel, et pas seulement dans les parcs animaliers. Une mission que s’attache à remplir l’association Red Panda Network (RPN). Créé en 2005 et basé à San Francisco (Etats-Unis), cet organisme est à l’origine de nombreuses initiatives ayant pour but de protéger le petit mammifère dans son habitat naturel.
Et cela commence par récolter davantage d’informations sur le terrain afin de savoir combien de pandas roux vivent en liberté dans le monde. Car il est très difficile d’estimer leur nombre à l’état sauvage. Craintif et timide, l’animal se laisse difficilement approcher par l’Homme et il devient de plus en plus rare de le croiser dans son milieu naturel… si bien qu’aucun recensement digne de ce nom n’a pu être fait jusqu’à présent. Malgré ce manque d’informations, les experts s’accordent sur un point : le panda roux est en danger et il est impératif d’agir sur le milieu naturel pour endiguer la progressive disparition de l’espèce. Pour cela, les bénévoles de l’association travaillent depuis plus de 12 ans au Népal avec des communautés locales et l’Etat. A terme, le but est d’en apprendre plus sur la population à l’état sauvage et d’effectuer un suivi des individus par monitoring. Une mission qui progresse vite : en 2016, l’association a publié son dernier rapport sur les populations de pandas roux au Népal, apportant de nombreux éclairages sur le nombre d’individus, leur aire exacte de répartition et les menaces qui pèsent sur l’espèce.
La RPN remplit une autre tâche de taille : la sensibilisation. Via son projet « Gardiens de la forêt », l’association a formé de nombreuses personnes pour surveiller le petit panda. Aujourd’hui, elle encadre 72 gardiens issus d’une trentaine de villages népalais. Leur rôle : veiller à ce que les populations de pandas roux se portent bien et repérer et contrer toute activité illégale telle que le braconnage. Dès lors qu’une population d’une centaine de pandas roux est identifiée, l’association travaille avec les parties prenantes locales pour faire établir ces zones comme des « aires protégées communautaires ». Avec déjà 45 zones, la RPN est en train de créer la première aire de protection du panda roux au monde. Elle se situe dans la forêt de Panchthar-Ilam-Taplejung, à l’Est du Népal.
La sensibilisation des populations locales constitue elle aussi un enjeu majeur. Il est impératif de trouver des solutions économiques et écologiques afin de protéger le milieu naturel du panda roux. Malheureusement, la grande majorité des personnes qui vivent dans ces zones sont extrêmement pauvres et il est impossible de leur interdire de continuer à se chauffer ou se nourrir comme ils le font sans alternative viable. L’écotourisme permet de développer l’économie de la zone tandis que le développement d’une agriculture biologique, la production d’une énergie alternative et la culture de plantes médicinales améliorent les moyens de subsistance des villageois sans pour autant nuire aux petits pandas. La Red Panda Network encourage par exemple les agriculteurs à adopter des pratiques durables de pâturage pour leur bétail et de prélèvement des ressources forestières. Dans les zones fortement dégradées, l’association mène des opérations de reboisement et de restauration des sources d’eau, si importantes pour le panda roux.
La RPN agit aussi dans le reste du monde. Elle a notamment créé la Journée internationale du panda roux, le 17 septembre, afin de sensibiliser la planète entière à la protection du petit panda. Un jour durant lequel plusieurs projets sont mis en place, comme des stands pour sensibiliser le public dans des parcs animaliers. En France, c’est l’association Connaître et Protéger le Panda Roux (CPPR) qui relaye la parole de son homologue américaine.
Si de nombreuses actions sont menées au Népal par la Red Panda Network, peu de choses sont en revanche faites dans les autres pays où vit Ailurus fulgens.
Reproduction
Les pandas roux sont des animaux plutôt solitaires qui ne vivent en couple que durant la période des amours. Durant cette saison, qui démarre au printemps et dure d’avril à juin, le mâle marque son territoire en frottant son ventre contre les arbres ou en urinant. Il utilise ensuite sa queue pour répandre son odeur et attirer la ou les femelles des environs.
La période de gestation dure entre 3 et 4 mois au terme desquels la femelle met au monde 2 à 5 petits. A la naissance, les bébés pandas roux ne savent pas encore grimper aux arbres. Leur mère creuse donc une tanière dans la terre pour les protéger d’éventuels prédateurs tels que les panthères des neiges et léopards. Ils y resteront le temps nécessaire à leur apprentissage. Vers l’âge de 8 à 12 mois, les petits ont tout appris et quittent la mère pour faire leur vie de leur côté. En captivité, les pandas roux vivent en moyenne entre 15 et 20 ans alors que dans la nature, leur longévité est de 8 à 10 ans.
9 Réponses to “Le panda roux”
28.04.2021
Nicolasça m’aide vraiment