1 028 rhinocéros ont été tués en 2017, soit 26 de moins qu’en 2016. Depuis le pic atteint en 2014 avec 1 215 animaux abattus, les chiffres sont en baisse mais restent toutefois trop importants selon les associations de défense de la faune.
Le nombre de rhinocéros tués encore trop haut
Si l’on souhaite prendre la température de la lutte contre le braconnage du rhinocéros dans le monde, tous les projecteurs se braquent sur l’Afrique du Sud. Il faut dire que le pays abrite environ 70 % de la population mondiale de rhinocéros africains et que les braconniers en ont fait une terre propice à leurs crimes. Les chiffres annuels communiqués par le ministère de l’Environnement sud-africain en début d’année sont donc à chaque fois attendus avec impatience par les associations du monde animal, et ceux de janvier 2018 se veulent optimistes : en 2017, une nouvelle diminution du nombre de rhinocéros abattus a été enregistrée sur le territoire pour la troisième année consécutive.
Un mieux, certes, mais peut-on se réjouir ? Non, répondent les associations de défense des animaux, car cela représente trois rhinocéros tués chaque jour. « La crise reste très intense », a immédiatement commenté dans un communiqué Tom Milliken, responsable du programme rhinocéros à TRAFFIC, une association réunissant l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) et WWF.
L’Afrique du Sud dépassée par le braconnage intensif ?
Depuis dix ans, ce sont pas moins de 7 130 rhinocéros qui ont été massacrés pour leurs cornes en Afrique du Sud, laissant planer le doute sur les capacités des autorités locales à endiguer cet abattage massif. Car même dans les sites protégés, les braconniers n’hésitent pas à mener leurs exactions. Il y a tout juste un an, un orphelinat pour rhinocéros était attaqué par des braconniers à KwaZulu-Natal, en Afrique du Sud. Bilan de l’attaque : deux jeunes rhinocéros ont été tués et leurs cornes coupées, et les soigneurs sur place ont été violentés. L’an dernier, près de la moitié des pachydermes – 504 pour être exact – ont été braconnés dans le parc Kruger. Or, il s’agit de la plus grande réserve du pays dans laquelle les efforts de surveillance et la présence de rangers ont déjà été renforcés. L’Afrique du Sud a également tenté de faire se déplacer des rhinocéros dans des pays voisins afin de leur éviter de tomber entre les mains des braconniers bien organisés dans le pays, mais là encore, le résultat escompté n’est pas au rendez-vous.
Un commerce légal depuis 2017
L’une des voies pour lutter contre le braconnage massif a été d’autoriser la vente de cornes de rhinocéros prélevées sur des animaux anesthésiés issus de fermes d’élevage. Il faut dire que beaucoup ont expliqué l’explosion du nombre de pachydermes tués à l’état sauvage à partir de 2009 par le moratoire interdisant le commerce de cornes de rhinocéros imposé cette année-là par la justice sud-africaine. Mais depuis, le pays a multiplié les va-et-vient entre l’interdiction et l’autorisation de ce marché sans que cela n’impacte les chiffres du braconnage ; en avril 2017, la justice a fini par lever définitivement ce moratoire contre l’avis du gouvernement.
Pas question en revanche de légaliser le prélèvement sur des animaux en liberté : est autorisée uniquement la vente de cornes issues de l’élevage et aucune ne doit quitter le pays, le commerce étant illicite dès lors qu’il franchit les frontières. L’objectif : inonder le marché pour faire baisser les prix et dissuader les braconniers de poursuivre leurs actions. Mais quand on sait que la principale demande se situe en Asie, où l’on attribue à tort des vertus médicinales à la corne réduite en poudre, difficile d’imaginer qu’un tel commerce se cantonne au marché domestique. A l’inverse, les prix en Asie devraient rester élevés puisque seul le marché noir officie. Fin 2017, la corne de rhinocéros s’échangeait contre plus de 50 000 euros le kilo.
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