Quand on vous dit « braconnage », vous pensez sans doute immédiatement au rhinocéros, à l’éléphant ou encore au pangolin, le mammifère le plus braconné au monde. Pourtant, la chasse illégale touche également d’autres espèces moins médiatisées. A Madagascar, le braconnage ne vise pas que les tortues. Les lémuriens, primates endémiques de l’île, sont également la proie des trafiquants qui les traquent pour leur viande.
Les dépouilles d’une dizaine de lémuriens très menacés retrouvées
La scène se déroule le 28 février 2018. Des coups de feu sont entendus dans la forêt d’Antavolobe, au cœur de l’aire protégée d’Alan’Iaroka, où des officiers alertés découvrent un camp de braconniers. Sur place, du matériel et les corps de cinq Indri Indri, la plus grande espèce de lémuriens, sont découverts. Un braconnier est retrouvé et arrêté tandis que ses comparses s’enfuient. Les policiers retrouvent également d’autres dépouilles d’indris et une de propithèque à diadème (Propithecus diadema). Ces deux espèces sont classées « en danger critique d’extinction » (CR) par l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) et font partie des 25 primates les plus menacés au monde. La famille de ces deux lémuriens – les Indriidae – comporte 19 espèces : cinq en danger critique, 11 en danger, trois « seulement » vulnérables à l’extinction. Aucun lémurien de cette famille n’est malheureusement considéré comme non menacé. Il ne s’agit que de l’une des cinq familles de lémuriens de Madagascar, hélas très représentative de l’état des populations de primates de la Grande Île.
Des primates tués pour leur chair
Bien que la disparition de la forêt tropicale, leur habitat, soit la principale menace qui pèse sur ces primates, les exemples de braconnage comme celui perpétré fin février ne sont pas des cas isolés. Les lémuriens sont chassés pour leur viande. Cité par RFI, le professeur Jonah Ratsimbazafy, président du Groupe d’Etude et de Recherche sur les Primates de Madagascar, explique : « Il y a des restaurants dans la région de Tamatave qui proposent du lémurien comme mets de luxe. Il parait qu’il y a des mots de passe. Quand on demande « Mily Clément », cela signifie je souhaiterais manger de la viande de lémurien ». Même si sa viande trouve des acheteurs, et donc des consommateurs, la chasse de ces deux espèces de lémuriens est totalement interdite par la CITES, l’organisme régulateur du commerce de la faune sauvage.
Plus inquiétant, le braconnier arrêté fin février n’est pas un inconnu. Il s’agit en effet du vice-président de la fédération régionale des VOI, des groupes de volontaires issus des communautés locales qui s’associent pour protéger les aires protégées. Les armes utilisées par l’homme appartiennent à une autre autorité locale, également de la famille du braconnier.
Les lémuriens de Madagascar représentent 20 % des primates de notre planète et constituent l’un des symboles les plus célèbres de l’île. Jonah Ratsimbazafy, qui est également vice-président du groupe de spécialistes des primates de l’UICN Madagascar, déclare même que « les lémuriens sont les pandas de Madagascar ». Une référence au statut iconique de l’animal national chinois qui en dit long.
1 réponse to “Les lémuriens de Madagascar braconnés pour leur viande”
28.03.2018
peltierStop au massacre