Comme évoqué dans ce dossier, les conflits entre l’Homme et la faune peuvent s’incarner dans une multitude de problématiques comme la destruction des cultures, les atteintes à la vie humaine et animale ou encore la compétition pour les ressources naturelles disponibles et les territoires. Vaste sujet s’il en est, donc. Le problème est si dense qu’il est difficile de formuler aisément un plan d’action efficace. Il n’en reste pas moins que la solution viendra forcément de l’Homme. Déjà, des associations et organisations non gouvernementales sont à l’œuvre, parfois avec la collaboration des gouvernements, mais la tâche à abattre reste énorme.
Les aires protégées, une réelle utilité ?
Certains détracteurs pointent du doigt que la création d’aires protégées peut parfois créer davantage de conflits entre l’Homme et la faune car en un même endroit, la densité de population d’espèces augmente d’un coup ou presque. Cela peut faciliter le travail des braconniers qui n’ont qu’à se rendre sur place pour mener leurs exactions. En 2017, un rapport WWF montre ainsi qu’un site naturel sur trois inscrit au Patrimoine mondial de l’Unesco est victime de braconnage, de l’exploitation forestière ou de la pêche. Et comme pour illustrer ce rapport, un terrible incident s’est produit la même année en Afrique du Sud : des braconniers ont attaqué un orphelinat pour rhinocéros à KwaZulu-Natal, tuant deux pachydermes.
Par ailleurs, la création de zones protégées peut faire monter les ressentiments du côté des populations locales. « Lorsque rien n’est fait pour sensibiliser les personnes qui vivent dans ces aires et pour leur verser des compensations à la hauteur, cela leur donne le sentiment que les gouvernants les abandonnent », analyse Guillaume Marchand, docteur en géographie du Centre des sciences de l’environnement université fédérale de l’Amazonas. Afin de récompenser certains exploitants qui vivent dans des zones protégées, des labels valorisant leurs productions peuvent par exemple être créés. L’écotourisme peut lui aussi jouer un rôle favorable à condition que les retombées économiques soient à destination des locaux. Dans une même logique, il est intéressant de recruter des gardes forestiers parmi les populations locales car non seulement cela crée des emplois directs et participe donc à l’économie locale, mais en plus cela encourage les habitants à voir d’un bon oeil la conservation de la nature et des espèces qui y vivent.
Donner du pouvoir d’agir aux populations locales
Et pour assurer une gestion intelligente des aires protégées, les populations qui y vivent doivent être mises en première ligne. « Bien souvent, ce sont les locaux qui cohabitent depuis longtemps avec les espèces désignées comme responsables de certains dégâts qui ont déjà les solutions pour apaiser les tensions », explique le chercheur. En Afrique, par exemple, des paysans se sont rendus compte que les éléphants craignaient les abeilles et ne traversaient jamais de plantations de piments. Là où certains préconisaient d’ériger d’immenses clôtures électrifiées qui auraient dénaturé la beauté du paysage et coûté extrêmement cher, il suffisait de planter du piment aux abords des cultures ou d’installer des ruches pour éloigner les pachydermes. Des solutions naturelles et peu coûteuses.
Sensibiliser encore et toujours
Pour que toutes ces solutions prennent forme, il est une composante essentielle : la sensibilisation des populations. « On n’explique pas suffisamment aux gens l’importance de protéger la biodiversité et les espèces animales. Et ce y compris dans les aires protégées où la disparition d’une espèce en particulier ne fait pas toujours sens puisqu’ils y sont confrontés tous les jours ou presque », regrette Guillaume Marchand.
Avec une meilleure sensibilisation, la cohabitation avec l’animal pourrait s’en trouver améliorée. Et pourquoi pas se mettre à la place de l’animal, comme le suggère le philosophe Baptiste Morizot dans son ouvrage « Les Diplomates » ? L’auteur prend l’exemple du loup et donne plusieurs types d’actions à mener pour coexister intelligemment avec le canidé. Il s’agit par exemple de répandre l’odeur d’une meute rivale pour l’éloigner d’un secteur en particulier. Bref, adopter un langage compréhensible pour l’animal et qui favoriserait une cohabitation pacifique.
2 Réponses to “Quelles solutions pour une cohabitation pacifique ?”
30.10.2018
jean-Pierre ROUGIERDonner à chaque humain un revenu minimum qui lui permette de vivre, et de refuser de travailler contre la faune ou la planète.
https://wordpress.com/post/lejustenecessaire.wordpress.com/115
Les 2000 milliardaires les plus riches, ont plus que ce qui sert à faire vivre 7,5 milliards d’humains.
12.04.2018
GendronCe que vous faites dans le but de faire cohabiter homme/animal sauvage est admirable ! Ce qui serait peut-être un appui important, c’est de réaliser et projeter des documentaires d’information, et les diffuser un max (même en 1ère partie d’un grand film au cinéma, comme cela se faisait avant) – L’impact serait plus dense et ferait prendre conscience à beaucoup de gens que, le jour où il n’y aura plus de faune sauvage sur la planète, il n’y aura plus, également, d’espoir de vie pour l’homme ! Je pense qu’il faudrait cogiter sur une action de ce genre : faire connaître à tout prix l’ampleur des dégâts causés par l’industrialisation, dans tous les domaines !