L’an dernier, nous vous faisions découvrir Projet Primates et le Centre de Conservation pour Chimpanzés (CCC) de Guinée qui recueillent chaque année jeunes et adultes dans l’espoir, quand c’est possible, de les rendre à la forêt. Le destin de l’un des pensionnaires nous avait tout particulièrement touché. Il s’agit de Coco et nous allons vous raconter son histoire.
Enchaîné à un arbre dans un hôtel pour amuser les touristes
Personne ne sait exactement dans quelles circonstances démarre la vie de Coco. Né vers 1980, il a très probablement été arraché à sa mère pour être vendu. C’est comme cela que, dès son plus jeune âge, il est acheté par un hôtel de Conakry, la capitale de la Guinée, pour amuser les touristes. Mais bébé chimpanzé grandit et devient fort, bien plus fort qu’un homme adulte. Pour le maîtriser, il est enchaîné par le cou à un arbre où les touristes le font fumer et boire. En 1995, il parvient à casser la chaîne de son cadenas et s’enfuit sur la route devant l’hôtel. Il est arrêté par un militaire qui lui tire dessus à cinq reprises. C’est alors qu’Estelle Raballand, qui fondera le Centre de Conservation pour Chimpanzés en 1999, est contactée et commence à le soigner : « Il était couché et il avait mal. En le voyant, je ne savais pas s’il allait me laisser le toucher mais il a accepté. Il semblait soulagé, je pense, que quelqu’un vienne l’aider », explique-t-elle avec recul. Après une période de soins éprouvante pour l’animal comme pour la jeune femme, Coco se rétablit mais il restera handicapé à vie par cette épreuve : « J’ai fait de la rééducation chaque jour. Son genou était très abîmé et restait infecté. Ça a pris des mois pour que ce trou se ferme et au moins un an avant que Coco puisse se lever et bouger. Il s’asseyait mais ne se déplaçait qu’à la force de ses bras. Ses jambes étaient molles. Son genou est resté bloqué à 90 degrés. »
Le primate demeure la propriété de l’hôtel mais en 1999, Estelle Raballand arrive à lever 2 000 dollars pour le déplacer au CCC dont elle vient de reprendre les rênes. Au total, Coco sera resté 14 ans dans cet hôtel, jusqu’à ce qu’en mars 2000, il arrive enfin au sanctuaire.
2000 : la vie au Centre de Conservation pour Chimpanzés (CCC)
Une nouvelle vie démarre alors pour Coco mais le chimpanzé est déjà adulte quand il arrive au centre. Comme il n’a pas grandi entouré de son espèce, le primate est totalement associable avec les autres chimpanzés et ne connaît pas les codes pour communiquer avec eux. Il est en revanche très proche des Hommes, même s’il faudra des années avant qu’il ne fasse à nouveau confiance aux Guinéens.
Dès cette époque, l’équipe du CCC sait que Coco ne pourra pas être réintroduit en milieu sauvage mais, pour autant, elle cherche une solution pour qu’il vive le plus heureux possible. Comme il n’est pas envisageable de le faire cohabiter avec un groupe, Coco est placé seul dans un enclos dont il s’échappe à plusieurs reprises. En 2005, après de multiples anesthésies pour ramener le fuyard en toute sécurité au centre, il est placé en cage pour la sécurité de tous. En effet, Coco ne va jamais très loin mais il saccage le campement des employés du centre. Après quelques tentatives infructueuses pour lui présenter d’autres compagnons, les bénévoles du sanctuaire s’emploient à occuper le primate qui vit seul et se relaient auprès de lui. Tous savent que la cage ne peut être qu’une solution temporaire : il est nécessaire de créer une infrastructure pour Coco. Mais les demandes de financement sont refusées et lever des fonds pour maintenir un chimpanzé en captivité n’est pas chose aisée. Les années passent sans qu’aucune solution ne se présente et en 2011, une nouvelle épreuve laisse Coco presque mort : un essaim d’abeilles s’en prend violemment au chimpanzé qui se fait piquer plus de 1 000 fois. Complètement amorphe et constamment sous perfusion, Coco finit par s’en sortir après plusieurs semaines de soins prodigués notamment par la vétérinaire bénévole Christelle Colin, actuelle directrice du Centre de Conservation pour Chimpanzés. Après cette année où il frôlera la mort une nouvelle fois, Coco regagne sa cage qui est agrandie petit bout après petit bout pour améliorer son confort.
2017 : une nouvelle structure pour Coco
C’est en avril 2017 que l’horizon du chimpanzé s’éclaircit enfin. L’ONG anglaise Olsen Animal Trust (OAT) envoie un émissaire en Guinée suite au sauvetage de quatre primates recueillis lors de la fermeture d’un zoo illégal. Mais, une fois au centre, il rencontre Coco et « c’est le coup de foudre », nous explique Céline Danaud, directrice de l’association Projet Primate France. OAT accepte de financer en totalité une nouvelle structure : un enclos central arboré bordé par d’autres bâtiments qui serviront à désengorger le Centre de Conservation pour Chimpanzés qui compte aujourd’hui 61 pensionnaires. Cette structure permettra notamment aux adultes solitaires, Coco, Zoé, Moucky et Rambo, un des quatre chimpanzés arrivés en avril 2017, de se côtoyer et de s’épouiller à travers les grilles en toute sécurité. Une fois le financement acquis, les choses vont très vite : en janvier 2018, les travaux débutent avec l’élagage autour du futur enclos. Ils devraient s’achever en fin d’année. Coco sera le premier à intégrer le nouvel enclos afin qu’il trouve ses marques, puis tour à tour les autres adultes le rejoindront, alternant les sorties. Il n’y a aucune certitude sur le fait qu’ensemble ils pourront créer un groupe mais l’espoir est permis pour le bien-être du doyen du sanctuaire, aujourd’hui âgé d’environ 35 ans.
Du fait de ses blessures passées, Coco a besoin d’un traitement à vie et de soins spécifiques. Vous avez été touché par le parcours de ce chimpanzé et vous souhaitez le parrainer ? Suivez les étapes sur le site de Projet Primates.
par Cécile Arnoud
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