En France, 180 000 espèces animales et végétales sont menacées : c’est le triste et inquiétant constat qui ressort du dernier rapport de l’Observatoire national de la biodiversité (ONB), « Menaces sur le vivant : quand la nature ne peut plus suivre », publié le 18 juin 2018. Tour d’horizon des principaux résultats.
La biodiversité en France métropolitaine
La disparition de l’avifaune
L’hexagone n’échappe pas à la tendance mondiale : les oiseaux déclinent dangereusement. L’ONB, organisme créé en 2009 et piloté depuis 2017 par l’Agence française pour la biodiversité (AFB) révèle en effet que, toutes espèces confondues, les populations d’oiseaux vivant en milieux agricole, urbain et forestier ont chuté de 22 % entre 1989 et 2017. Plus alarmant, même les espèces dites « généralistes », qui peuvent s’adapter à n’importe quel environnement pour survivre, déclinent depuis 2011. Et c’est surtout dans les campagnes que le phénomène est le plus marqué, avec la disparition d’un tiers des oiseaux vivant dans ce milieu depuis 1989.
Le déclin des chauves-souris
Le rapport de l’ONB se montre également pessimiste pour les chauves-souris françaises. D’après ses études, leur population aurait reculé de 38 % en l’espace de dix ans seulement, entre 2006 et 2016. L’espèce de chauve-souris la plus touchée par ce déclin est la noctule commune (Nyctalus noctula), qui a perdu plus de la moitié de sa population sur cette période (-51 %). D’autres espèces augmentent toutefois, comme par exemple la pipistrelle pygmée (Pipistrellus pygmaeus) qui a vu le nombre d’individus recensés en France grimper de 15 % depuis 2006, ou comme la pipistrelle de Kulh (+12 %). Cette dernière vit généralement dans le sud du pays mais, avec le réchauffement climatique, il semblerait que son aire de répartition soit en train de gagner du terrain vers le nord.
Les principales menaces
Pourquoi la faune française est-elle autant sous pression ? Plusieurs facteurs sont responsables, répond l’ONB. Le premier de tous : l’utilisation accrue de pesticides dans l’agriculture. Malgré une prise de conscience grandissante du côté des consommateurs concernant leur dangerosité aussi bien pour la santé que l’environnement, les pesticides sont de plus en plus utilisés. Sur la période 2013-2015, le nombre de doses de produits phytosanitaires utilisées dans l’agriculture a augmenté de 18 % par rapport à la période de référence 2009-2011. Or, ces produits affectent l’écosystème dans son intégralité, aussi bien la biomasse qui vit dans les sols et souterrains que les espèces vivant dans des milieux aquatiques, terrestres et aériens.
Autre menace : la disparition de la nature au profit de la bétonisation. En France métropolitaine, l’ONB montre que 700 000 hectares de prairies ont disparu entre 2000 et 2010 et que chaque année, le territoire perd en moyenne 65 758 hectares de surfaces agricoles et naturelles. Soit une perte d’habitat conséquente pour de nombreuses espèces. D’autres dangers pèsent également sur la faune et la flore, comme la prolifération d’espèces invasives ou encore la pollution lumineuse, sonore et chimique.
La biodiversité outre-mer
La France comprend plusieurs territoires ultramarins qui, ensemble, s’étendent sur une superficie de plus de 128 000 km². Entre la Guyane, les Antilles, la Polynésie, la Réunion et autres, la biodiversité existante est exceptionnelle. Ainsi, alors que la métropole compte un peu plus de 3 000 espèces endémiques, elles sont plus de 14 000 outre-mer, dont près de 13 000 sur les territoires insulaires. Or, cette nature aussi se trouve menacée.
L’état du récif corallien
La France est le seul pays au monde à avoir des récifs coralliens dans les trois océans de la planète, l’Atlantique (Antilles), le Pacifique (Nouvelle Calédonie, Polynésie et Wallis-et-Futuna) et l’Indien (la Réunion et Mayotte). Son rôle dans la préservation de ces écosystèmes menacés est donc primordial et elle se doit de montrer l’exemple. Dans ces différents territoires, le pays a installé des stations d’observation pour surveiller l’état des récifs coralliens. Et les derniers résultats sont plutôt inquiétants : 29 % des stations suivies font état d’une diminution du recouvrement corallien, et ce avant même que ne soient pris en compte les derniers événements climatiques survenus entre 2016 et 2017 dans les Antilles (cyclones) et le blanchiment des coraux indo-pacifiques. « Ce qui laisse penser que la tendance réelle est encore plus préoccupante », souligne l’ONB dans son rapport.
Les principales menaces sur la nature ultramarine
Les côtes ultramarines et les récifs coralliens en particulier sont gravement menacés par l’augmentation des températures et l’acidification des océans. Et parce que la majorité de ces territoires sont des îles, la question de la présence d’espèces invasives est d’autant plus préoccupante. En Nouvelle-Calédonie, en Polynésie française et à la Réunion, les trois zones les plus affectées, les espèces exotiques envahissantes sont plus d’une trentaine !
texte par Jennifer Matas et infographie par Jérémy Bourgain
3 Réponses to “L’état de la biodiversité en France en 2018 : peut mieux faire”
25.07.2018
Meryl PinqueQuand cessera-t-on de parler de « biodiversité » là il s’agit de « personnes » ?…
Les animaux nonhumains sont des personnes morales dotées de droits fondamentaux eu égard à leur sentience.
18.07.2018
LerouxJe conseille à tous ceux qui « prônent » la biodiversité d’aller voir dans quels états sont les alpages et les prairies d’altitude suite au développement des fromages d’été: exemple :les Bauges Natura 2000, parc naturel, etc.. 4 bouses au M²; des salles de traites sauvages en alpages sans recupération des ‘liquides » et tout cela en têtes de bassin des cours d’eau.
25.07.2018
Meryl PinqueLa faute aux mangeurs de produits d’origine animale…
Une seule solution : le véganisme.