La triste nouvelle défraie la chronique depuis la rentrée : l’ONG Elephants Without Borders – littéralement Éléphants sans frontières – affirme avoir trouvé les corps de plus de 90 éléphants braconnés pour leurs défenses au Botswana lors de son recensement aérien débuté en juillet. Le gouvernement dément et répond aux accusations de négligence.
90 cadavres auraient été découverts lors d’un recensement aérien
La faune du Botswana est peu médiatisée au contraire de celles plus connues du Kenya, de la Tanzanie ou encore de l’Afrique du sud. Pourtant, le pays abrite le delta de l’Okavango, havre de paix de nombreuses espèces animales et parmi elles, l’éléphant, dont le Botswana compte la plus grande population mondiale. Longtemps préservé du braconnage, le delta de l’Okavango est le théâtre d’une sinistre pièce interprétée depuis quelques semaines par deux acteurs. D’un côté, l’ONG américaine Elephants Without Borders, basée au Botswana, qui a débuté début juillet le plus grand recensement d’éléphants jamais organisé dans le pays ; de l’autre, le gouvernement du président Mokgweetsi Masisi, au pouvoir depuis le 1er avril 2018. Les premiers affirment avoir localisé depuis le début de l’été plus de 90 cadavres de pachydermes, abattus par des balles de gros calibre et délestés de leurs défenses. Les seconds démentent le chiffre avancé et dénoncent « des reportages sensationnels sur le braconnage des éléphants au Botswana ». Dans une réponse envoyée par communiqué et postée sur le compte Twitter du gouvernement, 53 dépouilles d’éléphants auraient été trouvées entre juillet et août et il aurait été établi que la majorité des animaux serait morte de causes naturelles ou lors d’un conflit Homme-faune, mais non à cause du braconnage.
STATEMENT |Response regarding the alleged indiscriminate killing of Elephants in Botswana #MatterOfFact pic.twitter.com/mCtwUViN0m
— Botswana Government (@BWGovernment) September 4, 2018
Pourquoi le gouvernement du Botswana dément les faits ?
Trois explications pourraient expliquer la guerre médiatique que se livrent les deux entités :
– La première – que nous ne pouvons infirmer ou confirmer – est que l’ONG a bel et bien menti sur les chiffres et les causes de la mort des pachydermes dans le but de se faire connaître et de mettre un coup de projecteur sur la situation des éléphants dans le pays.
– La deuxième hypothèse donne raison à l’association américaine et Gaborone – capitale du Botswana – ne souhaite pas confirmer l’augmentation du braconnage et en être tenue responsable. Le gouvernement avait en effet été vivement critiqué en mai dernier quand il avait décidé de priver d’armes les rangers patrouillant dans ses parcs et réserves. Le précédent président, Ian Khama, « était considéré comme un défenseur passionné de la faune sauvage de son pays » précise l’AFP, qui semble sous-entendre que ce n’est point le cas de son successeur et pourtant ancien vice-président. Jusqu’ici, le Botswana était réputé pour sa politique anti-braconnage implacable et reconnue comme l’une des plus efficaces d’Afrique. Dans sa réponse à l’ONG, l’Etat trouve « regrettable que certains reportages des médias attribuent la hausse du braconnage des éléphants principalement au retrait des armes de l’unité de lutte contre le braconnage du Département de la faune et des parcs nationaux. Le fait est que le retrait de ces armes n’affecte en rien l’efficacité et le fonctionnement des unités anti-braconnage. »
– La dernière hypothèse est que le gouvernement du Botswana minimiserait les faits pour protéger l’industrie touristique de son pays. D’après Elephants Without Borders, un nombre important de corps d’éléphants a été trouvé au centre d’une zone touristique de premier plan, utilisée notamment pour des projets d’écotourisme. Il s’agit d’une nouveauté, le braconnage au Botswana sévissait jusqu’alors près des frontières et ne semblait pas menacer le tourisme. Une situation qui, d’après l’ONG, a changé. Les concessions touristiques, par leur taille et leur quiétude, semblent en effet attirer les braconniers, qui ont peu de chance d’être vus ou arrêtés sur ces parcelles.
Mike Chase, responsable de l’ONG, explique : « On ne peut pas s’attendre à ce que le gouvernement du Botswana arrête seul le braconnage. Il incombe à toutes les entreprises de tourisme – qui ont la responsabilité de conserver ces zones – de commencer à investir pour protéger ce de quoi ils bénéficient : le patrimoine naturel du Botswana ! »
Les chiffres définitifs du nombre d’éléphants – vivants et morts – recensés par Elephants Without Borders ne seront connus que dans plusieurs mois.
par Cécile Arnoud
1 réponse to “Au Botswana, la possible découverte de 90 éléphants braconnés fait débat”
19.09.2018
Meryl PinqueLes crimes de l’humanité sont infinis et inexpiables.
Que j’ai honte d’appartenir à la pire espèce qui ait jamais existé, que j’ai honte.