Les défenseurs des cétacés peuvent se réjouir : la CITES, l’organisme qui régule le commerce international des espèces menacées, vient de déclarer illégale la pêche au rorqual boréal. Cette décision a été prise début octobre dans le cadre de sa 70e convention qui avait lieu cette année à Sotchi, en Russie.
Les activités du Japon en ligne de mire
Depuis 2000, le rorqual boréal figure à l’annexe I de l’organisme. Sans compter qu’un moratoire datant de 1986 empêche les baleiniers de chasser des espèces menacées. Sa chasse est donc censée être interdite mais le Japon avait trouvé la parade en 2002 : sous couvert d’un « programme scientifique », il a pu poursuivre ses activités dans le Pacifique Nord. Chaque année, on estime que Tokyo pêche plus d’une centaine de rorquals boréaux dans ces eaux. « Les données qui ont été rassemblées seront analysées et présentées au comité scientifique de la Commission baleinière internationale (CBI), permettant ainsi d’améliorer les connaissances scientifiques pour la conservation et la gestion des ressources de cétacés », déclare le Japon, se protégeant ainsi de toute attaque.
Des importations décrétées illégales
Difficile de prouver quelles sont les réelles intentions de Tokyo en la matière*. Ce n’est donc pas sur le point de la chasse en particulier que la CITES a pu statuer mais plutôt sur l’endroit où ces activités ont lieu. En effet, le Japon pêche des rorquals boréaux en haute mer. Autrement dit, en-dehors de ses eaux nationales. Lorsque les baleiniers rapportent les tonnes de viande de rorquals boréaux au pays en vue de les vendre, il s’agit ni plus ni moins de commerce international ou plus précisément « d’introduction en provenance de la mer ». C’est en tout cas ce que vient de décréter la CITES, rappelant au passage que le Japon violait donc les règles de l’organisme. « Le comité a ensuite conclu que le Japon devait prendre des mesures immédiates afin de remédier à cette question de conformité et présenter un rapport portant sur les mesures précises d’ici le 1er février 2019 afin qu’elles soient étudiées lors de la prochaine réunion du comité en mai 2019 », rapporte le Fonds international pour la protection des animaux (IFAW). Si le Japon refuse de se plier aux nouvelles exigences qui ressortiront de cette réunion, les 182 autres pays membres pourront lui imposer des sanctions.
Le rorqual boréal, une espèce menacée
« C’est une victoire importante pour les rorquals boréaux et un nouveau revers infligé par la communauté internationale à la chasse prétendument « scientifique » du Japon », a déclaré Matthew Collis, directeur des conventions internationales de l’IFAW. D’autant que Balaenoptera borealis est une espèce « en danger », d’après l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN). Ce cétacé vit dans l’Atlantique et le Pacifique, principalement dans l’hémisphère nord mais sa population a fortement réduit à cause de la chasse commerciale dont elle a fait l’objet au cours de ces dernières décennies.
*En septembre 2018, la CBI a toutefois conclu que les activités du Japon dans le Pacifique Nord ne pouvaient se justifier d’un point de vue scientifique.
par Jennifer Matas
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