Présentation
Découvert en 1843, Tyrrhenaria ceratina, ou escargot de Corse, bénéficie depuis 1997 d’un arrêté préfectoral de protection de son biotope (environnement) ce qui ne l’empêche pas de faire partie de la liste des espèces en danger critique d’extinction. Les spécialistes pensaient l’espèce éteinte jusqu’à la découverte d’individus en 1994.
Physiquement, le gastropode possède une coquille sombre mesurant 25 millimètres maximum de diamètre, soit presque moitié moins que nos escargots continentaux. Une des particularités de l’escargot de Corse vient de sa sole piédeuse (partie en contact avec le sol) assez large.
Animal nocturne enfoui la journée dans le sable, l’escargot de Corse a une durée de vie de 6 à 10 ans.
Localisation
Endémique de Corse, le tyrrhenaria ceratina a une aire de répartition très restreinte. Elle se situe au lieu-dit Campo dell’Oro, au sud-est d’Ajaccio et couvre 6,1 hectares répartis en 8 parcelles, coincées entre l’aéroport d’Ajaccio et une base militaire.
Durant la période du Néolithique, l’escargot corse avait un territoire plus vaste. En effet, des coquilles d’escargots, datées de 5 600 à 2 500 ans av. JC, ont été retrouvées lors de fouilles archéologiques à Logone, près de Bonifacio et Toga, près de Bastia. Les scientifiques ne connaissent pas précisément les raisons de sa disparition dans ces zones, bien qu’il s’agisse fort probablement des mêmes menaces que celles dont nous allons parler ci-dessous.
L’effectif total de l’espèce est estimé à quelque 5 000 individus.
Menaces
1. Une aire de répartition très limitée
L’Hélix (« spirale » en Grec, désigne les escargots à coquille enroulée) de Corse est localisée sur une zone très étroite, située sur le trajet qui mène les vacanciers à la mer. Long de quelques kilomètres et large de quelques mètres à peine, cette bande de sable et de petite végétation est régulièrement piétinée, quand elle n’est pas dégradée par le passage des véhicules. De plus, deux cours d’eau ont été détournés, la Gravona et le Prunelli, contribuant ainsi à raréfier l’habitat de notre escargot composé d’une végétation de buissons, le genêt de Salzmann et la scrophulaire rameuse, en mosaïque ouverte (alternance de zones denses et de territoires nus).
D’après les spécialistes, si l’évolution du territoire devait se poursuivre sur le même rythme que ces trois dernières décennies, l’escargot de Corse pourrait disparaitre d’ici à une dizaine d’années seulement.
2. L’appauvrissement génétique
Deux études ont été menées sur le site en 2001-2002 et 2009-2011. Les données ont permis de déterminer le régime alimentaire de l’escargot mais également sa répartition. Il se trouve qu’en plus d’être limitée à un territoire très précis, 40% de la population du tyrrhenaria ceratina serait située sur une zone de 0,0051 km², soit l’équivalent d’un carré de 70 mètres de côté… ce qui implique un faible renouvellement génétique avec, dans la durée, de graves implications pour l’espèce.
3. La possible concurrence d’une autre espèce de gastéropode
Certains scientifiques avancent également l’hypothèse d’une concurrence avec une autre variété d’escargot, l’eobania vermiculata ou mourgette, un escargot méditerranéen (comestible !) que l’on retrouve principalement dans le Midi de la France. Cet autre adepte des littoraux se différencie de l’escargot corse par son diamètre de 1 cm à 1,5 cm environ.
Efforts de conservation
1. L’arrêté préfectoral de protection de biotope de 1997
Le Muséum national d’Histoire naturelle et la Direction régionale de l’Environnement de Corse (DIREN) ont conclu un partenariat afin de protéger l’habitat du Tyrrhenaria ceratina. Ainsi, le 10 septembre 1997, l’escargot de Corse devient le premier mollusque à bénéficier d’un Arrêté préfectoral de protection de biotope, une mesure spéciale qui montre que les scientifiques, comme les autorités, se préoccupent du sort de l’espèce.
2. Son habitat classé « Site Natura 2000 »
Dans la même idée que la mesure prise en 1997, le territoire de l’escargot de Corse est classé par l’Etat « Site Natura 2000 », ce qui entérine sa protection. En effet, celui-ci fait partie du domaine du Conservatoire du Littoral qui est chargé de sa restauration.
Par ailleurs, la zone nommée Campo dell’Oro est également l’habitat d’une plante, elle aussi endémique de Corse, Linaria flava subsp. sardoa, mentionnée à l’annexe II de la Directive Habitat-Faune-Flore.
3. Projet de plan national d’action en faveur de l’escargot de Corse
En juin 2013 a débuté le plan de conservation de l’Hélix de Corse. Il est prévu qu’il s’achève en 2017. Ses objectifs :
- La protection et la restauration de l’habitat de l’escargot, en limitant la présence humaine sur le site de Campo Dell’Oro et en favorisant l’extension de l’espèce sur l’ensemble des biotopes favorables à son développement
- Trouver un équilibre entre développement de l’habitat et développement de la population
- Sensibiliser le grand public et les associations locales afin qu’elles développent des outils de communication qui assureront le succès de la conservation de l’espèce et la protection du site
Pour plus de détails, retrouvez ici le plan de sauvegarde de l’escargot de Corse
Reproduction
L’hélix de Corse s’accouple de fin août à mi-octobre. Comme tous les autres escargots, il est hermaphrodite, ce qui signifie qu’il peut produire à la fois des spermatozoïdes et des ovules. Il pond 3 à 5 jours après l’accouplement. Les œufs font de 5 à 7 millimètres de diamètre et sont déposés par groupe de 6 à 20 dans un nid souterrain constitué de sable consolidé avec du mucus. Environ 15 jours plus tard, les nouveaux-nés éclosent.
Ils mesurent 5 à 6 millimètres et restent pendant une dizaine de jours près du nid. Deux-trois semaines après la naissance, les jeunes commencent à être actifs à la surface du sable. Ces données sont issues de l’observation de l’escargot en terrarium et non dans son habitat naturel.
En savoir plus
Cette espèce est le seul représentant du genre Tyrrhenaria sur l’île. Il se nourrit de sable et de végétation qu’il trouve sur son aire de répartition comme le lichen, la mousse ou les pousses de genêts.
Pour en savoir plus, voici un site intéressant sur les différentes espèces d’escargots d’Europe
1 réponse to “L’escargot de Corse”
12.11.2022
Vedie cyrilBonjour, j’en ai aperçu au col St eustache au-dessus de petreto, en allant au mont san petru, le 10 novembre 2022 vers 15h.