Ils auraient pu être vendus sur le marché noir en tant qu’animaux de compagnie, mais c’est une toute autre vie qui s’offre à Miel, Goyave, Mandarine et Banane. Ces quatre jeunes chimpanzés, dont le groupe – parents inclus – a probablement été tué par des braconniers, viennent en effet de retrouver leur liberté.
Une île protégée de 10 hectares
Après avoir été recueillis par Papaye International et avoir grandi dans le sanctuaire de l’association, ces jeunes primates ont en effet rejoint leur nouveau lieu de vie : l’île de Yatou. Ces 10 hectares entièrement protégés se trouvent en plein cœur du parc naturel de Douala-Ebéa, au Cameroun.
Avec l’île de Yakonzo et celle de Pongo, Yatou est l’une des trois îles octroyées par le gouvernement camerounais à Papaye International afin de relâcher des chimpanzés orphelins.
A la différence des deux premières, sur lesquelles vivent désormais un groupe de 10 chimpanzés (dont 3 bébés) et un autre de 14 individus (dont 5 petits), l’île de Yatou était jusqu’à présent vierge de tout chimpanzé.
En effet, les autorités l’ont allouée « en urgence » à Papaye International récemment, explique Marylin Pons Riffet, présidente de l’association depuis novembre 2017. Par ailleurs, Papaye devait former un groupe viable avant d’opérer toute réintroduction. « Il se compose d’un mâle et de trois femelles, poursuit Marylin Pons Riffet. Tous sont encore jeunes, et le mâle notamment puisqu’il n’est pas encore mature sexuellement, ce qui ne semble plus être le cas des femelles. »
Aujourd’hui, le groupe est solide et a pu être relâché sur l’île de Yatou. Une opération de grande ampleur supervisée par Papaye International, en collaboration avec les autorités camerounaises.
Journée sous haute tension
Afin que tout se déroule au mieux le jour J, l’équipe de Papaye International a longuement préparé Miel, Goyave, Mandarine et Banane. Puis, le 4 mars 2019, a démarré leur relâché. Un par un, à commencer par Miel, les chimpanzés ont subi un check-up vétérinaire pour s’assurer que tous étaient en bonne santé avant l’anesthésie.
Une fois endormi, il faut agir vite avant que le primate ne se réveille. Les soigneurs ont donc rapidement transporté Miel jusqu’à la pirogue, puis ont mis le cap sur l’île de Yatou. A cette occasion, de nombreux officiels et journalistes ont souhaité assister à l’événement. Il y avait donc du monde sur l’eau !
Le deuxième à suivre a été Banane, seul mâle du groupe. Il a voyagé avec Goyave, puis cela été au tour de Mandarine. Une fois tous arrivés sur l’île, Papaye International a attendu patiemment leur réveil puis s’est retirée après un dernier moment de complicité.
Garder un contact avec les chimpanzés
Contrairement aux chimpanzés des îles de Pongo et de Yaconzo qui ne sont désormais plus approchables par l’homme, Papaye International souhaite conserver un lien avec le groupe de Yatou.
« Tout simplement pour des raisons de sécurité : si l’un des chimpanzés est un jour blessé, notre soigneur ou vétérinaire doit pouvoir intervenir sans risquer pour sa vie ou celle des animaux », détaille Marylin Pons Riffet.
Inutile, donc, de rompre brutalement le lien fort qui unit les jeunes chimpanzés à leurs bienfaiteurs. Plusieurs fois après leur relâché, Papaye leur a donc rendu visite, préférant s’éloigner progressivement.
Pour plus de sûreté, Papaye International construit également un dortoir de sécurité dans lequel il sera possible d’isoler un singe en cas de blessure ou de maladie, sans avoir à le rapatrier automatiquement sur le sanctuaire.
Bien entendu, les chimpanzés ne sont pas laissés à l’abandon une fois relâchés. Comme les groupes de Pongo et Yaconzo, ils sont surveillés quotidiennement par les soigneurs de Papaye International qui, depuis leur pirogue, s’assurent qu’ils vont bien et en profitent pour leur jeter de la nourriture.
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