Devenue l’un des symboles du réchauffement climatique, la fonte des glaciers pourrait avoir des répercussions insoupçonnées. En effet, une nouvelle étude, publiée en septembre 2019 par des biologistes canadiens de l’université d’Alberta, révèle que l’eau des glaciers est capable de stocker de grandes quantités de dioxyde de carbone (CO2).
Les rivières et lacs de glaciers, des puits de carbone inconnus
En analysant des lacs et rivières au nord du Canada (lac Hazen dans le Nunavut et des sites d’eau douce au Groenland et dans les Rocheuses canadiennes), les chercheurs ont fait une étonnante découverte. Contrairement aux écosystèmes d’eau douce classiques qui ont tendance à émettre plus de CO2 qu’ils n’en absorbent, les lacs et rivières alimentés par des glaciers sont capables de stocker d’importantes quantités de carbone.
La raison ? « Ils reçoivent peu d’apport terrestre de matière organique pour la décomposition et la production de CO2, et transportent de grandes quantités de sédiments broyés facilement mobilisables, disponibles pour les réactions d’altération des carbonates et des silicates qui peut consommer du CO2 atmosphérique », explique l’étude.
En d’autres termes, cela signifie que dans les rivières et les lacs des régions au climat tempéré ou tropical, les poissons et les végétaux dégagent du CO2 en se décomposant. Les eaux des glaciers, en revanche, comportent beaucoup moins de ces matières organiques, responsables des émissions de carbone.
Jusqu’à 40 fois plus que la forêt Amazonienne
Mieux, lors de la fonte de la glace pour se transformer en eau, il se produit une interaction entre la poussière de roche des glaciers et la glace qui fond. Des sédiments comme le silicate et le carbonate sont transportés dans les cours d’eau. Au contact de l’eau et du CO2 présent dans l’atmosphère se produisent des réactions particulières, dont certaines ont pour conséquence de consommer du dioxyde de carbone.
A l’instar des zones humides, des océans et des forêts, les rivières et lacs glaciaires sont donc eux aussi des puits de carbone. Or, nous l’ignorions jusqu’à présent. L’étude montre même qu’il s’agit d’importants puits de carbone, puisque dans les périodes de forte fonte, ces eaux des glaciers sont capables de stocker jusqu’à 40 fois plus de CO2 que la forêt amazonienne.
Une bonne nouvelle pour le climat ?
La fonte des glaces contribue donc à capter de grandes quantités de CO2. Est-ce pour autant une bonne nouvelle ? Eh bien non, il n’y a pas de quoi se réjouir. D’abord, parce que les scientifiques ignorent encore ce que devient le carbone une fois absorbé. Il y a fort à parier qu’il finira par être rejeté un peu plus tard, lorsque la Terre se réchauffera et que les températures plus élevées permettront l’installation d’animaux et de végétaux dans ces zones. La particularité des lacs et cours d’eau glaciaires à consommer plus de carbone qu’à en émettre en l’absence de matière organique en décomposition disparaîtra alors. Et ensuite parce que cette captation – a priori sur un court terme – se fait au prix très élevé – sur le long terme – de la fonte des glaciers.
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