S’étendant sur neuf pays – Brésil, Bolivie, Pérou, Équateur, Colombie, Venezuela, Guyane, Suriname et Guyane française – pour une superficie d’environ 6,5 millions de km², l’Amazonie est la forêt de tous les records. Le fleuve qui la sillonne, l’Amazone, est lui aussi hors normes. Plus long fleuve du monde avec le Nil, en Afrique, il coule sur plus de 7.000 km et draine 6 millions de km².
La biodiversité de la forêt amazonienne
Dans ce décor sauvage, différents écosystèmes terrestres et d’eau douce s’entremêlent, des forêts de plaine inondées épisodiquement aux mangroves en passant par les lacs et la forêt tropicale, où les arbres peuvent atteindre les 88 mètres de haut. Sans surprise, la biodiversité y est exceptionnelle. Uniques en leur genre, la faune et la flore de l’Amazonie comptent un important nombre d’espèces différentes, et se caractérisent par un fort taux d’endémisme.
Selon plusieurs sources, l’Amazonie abriterait 25 % de la biodiversité mondiale avec :
- 40.000 espèces végétales ;
- 2,5 millions d’espèces d’insectes ;
- 3.000 espèces de poissons ;
- 500 espèces d’oiseaux ;
- 1.000 espèces de grenouilles ;
- 550 espèces de reptiles ;
- 500 espèces de mammifères.
En réalité, il est difficile d’avancer des chiffres exacts. Notamment parce que de nombreuses espèces sont encore à découvrir en Amazonie.
Espèces emblématiques de la faune terrestre de l’Amazonie
Parmi les espèces connues de la forêt amazonienne, plusieurs animaux emblématiques. A commencer par le jaguar (Panthera onca), un grand félin pouvant peser plus de 150 kg. Certains spécimens arborent un pelage noir très caractéristique. Il s’agit en réalité d’une mutation génétique plutôt courante.
Prédateur puissant et agile, le jaguar occupe le haut de la chaîne alimentaire. Il chasse plus de 80 espèces de proies différentes, dont le capybara (Hydrochoerus hydrochaeris) – plus gros rongeur au monde – le pécari, l’agouti ou encore le daguet, un petit cervidé. Le jaguar peut aussi pêcher des poissons et, plus rarement, attaquer des caïmans.
Autre gros mammifère d’Amazonie : le tapir. Il s’agit du plus gros mammifère terrestre d’Amérique du Sud, devant le jaguar. Adulte, un tapir peut peser entre 150 et 300 kg et mesurer au garrot jusqu’à 1 mètre.
L’Amazonie, c’est aussi une multitude d’animaux qui vivent dans les étages supérieurs de la forêt, jusque dans la canopée. C’est le cas par exemple des singes-araignées, ou atèles, et des singes laineux, qui regroupent plusieurs espèces différentes. On y trouve également des ouakaris chauves (Cacajao calvus) et des saïmiris noirs (Saimiri vanzolinii), deux espèces menacées, classées « vulnérables » (VU) par l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN). Dans les hauteurs, ces primates trouvent un abri loin de leurs prédateurs ainsi que des feuilles et des fruits pour se nourrir.
Le ciel amazonien est tout aussi diversifié avec pas moins de 1.500 espèces d’oiseaux différentes. Parmi eux, les très colorés aras macao, toucans ariel (Ramphastos vitellinus ariel), coqs-de-roche (Rupicola rupicola) ou encore colibris topaze (Tapoza pella). L’une des espèces d’oiseaux les plus impressionnantes d’Amazonie est probablement la harpie féroce (Harpia harpyja). Ce rapace à l’immense envergure – jusqu’à 2 mètres – se distingue facilement par sa huppe sombre qu’il dresse au-dessus de sa tête en cas de danger.
Les étages inférieurs de la forêt amazonienne grouillent également de vie. Sans parler de la multitude d’insectes qui peuplent cet environnement, un millier d’espèces de grenouilles vivent aussi en Amazonie. Dont les célèbres dendrobates, ces petits amphibiens aux couleurs très vives réputés pour leur toxicité.
Espèces emblématiques de la faune aquatique amazonienne
Côté faune aquatique, aussi, l’Amazonie est un trésor de diversité. Plusieurs géants d’eau douce nagent dans les nombreux cours d’eau amazoniens, dont l’emblématique arapaïma, plus gros poisson d’eau douce d’Amérique du Sud. Arapaima gigas, de son nom scientifique, impressionne par sa taille : environ 2,5 mètres de long – et jusqu’à 5 mètres pour les plus gros spécimens – pour un poids moyen de 200 kg.
Le fleuve Amazone sert également de refuge à deux espèces de dauphins d’eau douce : le dauphin rose de l’Amazone (Inia geoffrensis), aussi appelé « Boto », et le dauphin de l’Orénoque (Sotalia fluviatilis). Ces mammifères aquatiques sont tous deux menacés principalement par la pêche lors de prises accidentelles. L’UICN classe le dauphin rose dans la catégorie « en danger » (EN) d’extinction, tandis que les données sont insuffisantes pour évaluer le niveau de menace du dauphin de l’Orénoque. Autres mammifères aquatique endémique du bassin amazonien : le lamantin d’Amazonie (Trichechus inunguis), classé « vulnérable » par l’UICN et la loutre géante (Pteronura brasiliensis).
Parmi les géants de l’Amazone et des affluents, citons également l’anaconda vert (Eunectes murinus), un serpent constricteur considéré comme le plus gros serpent du monde. Les femelles sont plus grosses que les mâles : elles mesurent entre 5 et 8 mètres de long contre 3 à 5 mètres pour les mâles. Autres reptiles prédateurs des eaux amazoniennes : les caïmans. En Amazonie, on trouve par exemple le caïman noir (Melanosuchus niger) et le caïman à lunettes (Caiman crocodilus).
L’Amazonie se distingue également pour abriter la plus grande diversité de poissons électriques au monde : plus d’une soixantaine d’espèces différentes ! Pas plus tard qu’en 2019, deux nouvelles espèces d’anguilles électriques ont encore été découvertes dans le bassin amazonien : Electrophorus varii et Electrophorus voltai. Cette dernière est même l’anguille la plus électrique du monde avec une décharge pouvant atteindre les 860 volts ! Pour information, le précédent record s’établissait à 650 volts.
La faune aquatique de l’Amazonie, c’est aussi de plus petites espèces, comme les célèbres piranhas. De nombreuses idées reçues circulent à leur sujet. D’abord, il faut savoir qu’il ne s’agit pas d’une espèce en particulier. En réalité, le terme « piranha » sert à désigner une douzaine d’espèces différentes, dont beaucoup sont exclusivement herbivores ou charognardes, et donc non prédatrices.
Autre petit poisson d’Amazonien à la sulfureuse réputation : le candiru, aussi appelé « poisson vampire ». Ce petit poisson parasite à la forme longiligne est connu pour s’infiltrer à l’intérieur de ses proies afin de se nourrir de leur sang, bien souvent, jusqu’à ce que l’hôte meure. En 1997, un Amazonien a vécu la désagréable expérience d’un candiru remontant dans son urètre alors qu’il se soulageait dans une rivière. Ce cas, extrêmement rare, a tellement choqué qu’il a largement été relayé dans le monde entier et continue, encore aujourd’hui, de faire parler de lui.
Le rôle de l’Amazonie sur le climat mondial
L’Amazonie n’est pas seulement importante pour les espèces qu’elle abrite, mais également pour le rôle qu’elle joue sur le climat. En effet, elle est un important régulateur du cycle des précipitations via ce qu’on appelle « l’évapotranspiration ».
Le principe est simple : l’eau contenue dans les arbres de la forêt s’évapore sous l’effet de la chaleur. En d’autres termes, les arbres « transpirent » et émettent de la vapeur d’eau. De cette évaporation se forment des nuages, qui eux-mêmes donneront naissance à des précipitations.
L’Amazonie a aussi un impact sur le système climatique mondial grâce à son étonnante capacité à capter le carbone de l’atmosphère. Chaque année, la forêt amazonienne absorbe entre 1 et 2 milliards de tonnes de dioxyde de carbone présent dans l’atmosphère. Cela représente 5 % des émissions produites par les activités anthropiques. Elle est donc un puissant allié contre le réchauffement climatique.
Malheureusement, l’Amazonie subit plusieurs menaces qui mettent en danger sa biodiversité ainsi que son rôle majeur de régulateur du climat. Comme la majorité des forêts de notre planète, le poumon vert de la Terre est d’abord menacé par la déforestation – principalement pour les besoins de l’agriculture –, la construction de méga-barrages sur son fleuve ainsi que par l’exploitation des ressources naturelles telles que l’or. En cinquante ans, 17 % de la forêt amazonienne a disparu. Sur un an seulement, entre 2017 et 2018, ce sont pas moins de 7.536 km² de forêt qui ont été rasés.
1 réponse to “Amazonie : une biodiversité unique, un rôle climatique majeur”
06.03.2020
Claudine Suret-CanaleBravo très intéressant