Le 25 février 2020, la Chine interdisait totalement et immédiatement le commerce et la consommation d’animaux sauvages. Une décision prise à la suite de la pandémie actuelle de Covid 19 soupçonnée de provenir de pangolins via des chauves-souris. Cinq mois plus tard, son voisin le Vietnam suit le même chemin et annonce la fermeture de ses marchés d’animaux sauvages.
Interdiction de consommation et d’importation
L’ordonnance publiée le jeudi 23 juillet 2020 par le premier ministre vietnamien Nguyen Xuan Phuc interdit d’importer des animaux sauvages, morts ou vivants, entiers ou en parties, et des produits comme les œufs. Le gouvernement indique également fermer les marchés de faunes sauvages – y compris le cyber commerce. Elle interdit également la chasse, la saisie, l’abattage, le transport et la consommation illégale d’animaux sauvages.
Les associations comme le WWF ou IFAW se sont bien entendus féliciter de cette nouvelle. « C’est une victoire majeure dans un pays qui a souvent fermé les yeux sur le commerce d’espèces menacées. Le directeur général du WWF Vietnam se dit prêt à aider le gouvernement à mettre en œuvre la directive selon les besoins, techniquement et financièrement. »
Mais sa mise en œuvre risque d’être longue. « La Chine et le Vietnam sont parmi les plus grosses plaques tournantes du commerce illégal ou légal lié aux usages traditionnels. Mais changer les pratiques est très compliqué. Si on prend le cas du commerce de la corne de rhinocéros, un agglomérat de poils et de kératine sans rôle pharmaceutique, la vente continue en dépit d’une interdiction mondiale depuis des années. Il ne suffit pas de rendre le commerce compliqué. Il faut aussi parvenir à interdire le braconnage ou trouver des solutions d’élevage », explique un chercheur français membre de la CITES dans les pages des Echos.
Une mesure prise en réaction à une possible seconde vague
Le Vietnam avait relativement été épargné par la pandémie lors de la première vague. Mais la situation semble à présent avoir changé avec déjà 10 décès récents. Un nouveau foyer de contamination a été découvert dans la ville de Danang et le risque d’une seconde vague est « très élevé » selon le Premier ministre. « Le risque d’infection communautaire est très élevé, ce qui exige davantage de détermination, de solidarité et de responsabilité de la part du système politique afin de prendre des mesures plus fortes au cours des deux prochaines semaines », a précisé Nguyen Xuan Phuc dans un communiqué. Des mesures fortes comme celle d’interdire l’importation d’animaux sauvages, un marché pourtant ancré au Vietnam.
Le commerce des animaux sauvages au Vietnam
TRAFFIC a publié plusieurs études sur le commerce de la faune sauvage et notamment d’espèces menacées au Vietnam. Dans son étude de 2018 sur la demande des consommateurs vietnamiens en produits de rhinocéros, d’éléphants et de pangolins, l’organisme a considéré que « le Vietnam est une destination principale et un pays de transit pour la corne de rhinocéros africain et l’ivoire d’éléphant, mais aussi un pays où l’on pratique le braconnage illicite des pangolins ».
Plaque tournante ou importateur principal, le problème de ce commerce est qu’il est ancré dans les mœurs du pays. Il semblerait que les produits aient trois utilisations principales :
- médicinale,
- superstitieuse,
- décorative ou ornementale, notamment en joaillerie.
Ainsi, l’ivoire et les produits en poils de queue d’éléphants sont des cadeaux très populaires, sous forme de pendentif ou de bague.
« La demande de parties et de produits illicites d’espèces sauvages au Vietnam s’inscrit dans un contexte de normes culturelles fortes qui encouragent la consommation de la faune pour le prestige et par les croyances traditionnelles concernant les avantages pour la santé obtenus de leur consommation. La demande persiste pour certaines espèces malgré les efforts pour la réduire. Les taux d’arrestation sont limités, le taux de condamnations est inférieur à 1% des personnes arrêtées et les peines pour condamnations ont été minimes », peut-on lire dans le rapport de TRAFFIC.
En février, suite à la décision de la Chine, 14 associations vietnamiennes avaient demandé dans une lettre conjointe à leur gouvernement de prendre une mesure similaire. Il aura fallu attendre le spectre de cette seconde vague pour que ce soit chose faite.
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