Situé à cheval entre le sud de la Haute-Marne et le nord de la Côte d’Or, en plein sur le plateau de Langres, le Parc national de forêts est le dernier-né de la famille des parcs nationaux français. Mais c’est aussi le tout premier parc national de plaine. Ses paysages alternent entre plateaux essentiellement forestiers – bien entendu – et vallées, avec tout de même un certain relief. Au total, ce parc national s’étend sur une superficie de plus de 240.000 hectares, dont un cœur de parc d’environ 56.000 hectares englobant une soixantaine de communes. Là, 95 % du territoire se composent de forêts. Celles-ci sont majoritairement publiques.
L’histoire du parc
Le Parc national de forêts a vu le jour dans le cadre du Plan biodiversité proposé début juillet 2018 par l’ancien ministre Nicolas Hulot et dont l’une des actions phares annoncées était la création de ce onzième parc national français. Il est inauguré le 7 novembre 2019 suite à la publication du décret officialisant sa création.
Ses origines remontent toutefois à plus tôt. En 2007, le Grenelle de l’Environnement décrète qu’il faut élargir la famille des parcs nationaux. Il est décidé de se concentrer sur des écosystèmes encore peu représentés, comme les forêts feuillues de plaine et les zones humides.
Une présélection désigne finalement en 2009 la Champagne et la Bourgogne comme terrains de ce futur parc national dédié aux forêts de plaine. Ce choix avait d’ailleurs été officialisé le 27 juillet 2009 par la visite du Premier Ministre de l’époque, François Fillon, à Leuglay.
Le Parc national de forêts « sortira de terre » officiellement dix ans plus tard. Dix années à négocier avec les différentes parties prenantes : collectivités locales, agriculteurs, chasseurs, exploitants forestiers, etc.
La faune et la flore du Parc national de forêts
Les forêts abritent à elles seules près de 80 % de la biodiversité terrestre. Sans surprise, le Parc national de forêts est donc un vivier de biodiversité. De nombreuses espèces animales et végétales y vivent.
La faune
En toute logique, la faune de ce parc national se compose des espèces typiques des forêts françaises : renards, blaireaux, martres, belettes, hérissons, chauve-souris (barbastelle d’Europe, noctule commune, noctule de Leisler, murin de Bechstein et grand murin), ainsi qu’un grand nombre d’ongulés de plaine tels que les cerfs, les chevreuils et les sangliers. A noter également la présence d’une espèce sauvage dont on parle peu : le chat forestier.
Les oiseaux de forêts sont également nombreux. On y trouve aussi la chouette de Tengmalm (Aegolius funereus), habituellement plutôt originaire des forêts de montagne et qui fait une exception dans ces forêts de plaine.
Mais l’emblème du Parc national de forêts, c’est la cigogne noire. Et pour cause, cinq à six couples – soit 10 % de toute la population française de cette espèce – se reproduisent dans ces forêts ! Moins connu que la cigogne blanche, la cigogne noire est un échassier qui se nourrit de poissons et de petits amphibiens. Elle vit donc près des points d’eau douce situés en pleine forêt, qu’elle sonde régulièrement à la recherche de nourriture. Elle niche dans les épais bosquets, principalement dans les hêtres, les chênes et les pins.
D’après l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN), l’espèce Ciconia nigra est « peu concernée » par un risque d’extinction à ce jour. A l’échelle internationale, car en France, sa situation est plus préoccupante et la cigogne noire est classée « en danger ». L’espèce aurait d’ailleurs disparu du pays au XIXème siècle et n’est revenue que dans les années 1990.
Aujourd’hui, elle est étroitement surveillée. Le Parc national de forêts participe au programme interrégional d’amélioration de la connaissance sur la cigogne noire coordonné par l’Office National des Forêts (ONF) et la Ligue pour la Protection des Oiseaux (LPO). Plusieurs individus sont d’ailleurs équipés de balises et apportent aux scientifiques qui les suivent des informations quant à leurs migrations et leurs modes de vie.
De nombreux insectes comme des papillons (matrones, damiers du frêne, etc.) et des libellules vivent également dans le parc national.
Ses zones humides regorgent de vie, avec notamment différentes espèces d’amphibiens – dont le crapaud sonneur à ventre jaune (Bombina variegata), un crapaud de 5 cm reconnaissable à sa face ventrale jaune vif tacheté –, mais aussi des crustacés dont la menacée écrevisse à pattes blanches (Austropotamobius pallipes), qui a besoin d’une eau de qualité pour vivre et se reproduire.
Sur site vivent aussi une cinquantaine d’espèces d’escargots, parmi lesquels le très rare cochlostome bourguignon.
La flore
La flore du Parc national de forêts est tout aussi remarquable. A commencer par ses arbres, bien évidemment, puisque les lieux abritent l’une des plus grande variété d’essences d’arbres par hectare de France. Au total, le parc compte plus de 50 millions d’arbres. Mais c’est le hêtre qui règne en maître dans ces massifs forestiers, ainsi que le chêne. L’essentiel des forêts sont anciennes et existaient déjà du temps de la Révolution, même si elles ont été régulièrement exploitées.
La zone se compose également d’autres types de milieux comme par exemple des marais tufeux. Le parc en compte une centaine, dont beaucoup sont répertoriés au sein du réseau Natura 2000 ! Ce drôle de nom vient du « tuf », qui est une roche légère formée à partir de dépôts de calcaire. Il désigne des marais qui « se caractérisent par la présence de sources pétrifiantes engendrant des concrétions calcaires », explique le parc national.
Comme toute zone humide, les marais tufeux sont des milieux très fragiles qui sont le refuge d’une flore rare. Des espèces comme la Ligulaire de Sibérie, grande plante à fleurs jaunes classée « vulnérable », ou le Choin ferrugineux, une plante vivace peu répandue et protégée nationalement, s’y trouvent.
A noter également la présence de certaines espèces d’orchidées plutôt adaptées aux prairies sèches, comme par exemple le sabot de Vénus, l’orchis pyramidal et l’ophrys bourdon. Mais aussi la Nivéole de printemps (Leucojum vernum), plutôt courante dans les forêts feuillues françaises mais qui a la particularité d’être parmi les premières de l’année à fleurir ou encore le lys martagon (Lilium martagon), une espèce protégée.
Visiter ce parc national
Le parc insiste sur l’importance de faire cohabiter la nature et les activités humaines (élevage, filière bois, etc.), et l’écotourisme a toute sa place.
Justement, il existe de nombreuses façons de découvrir le Parc national de forêts sous l’angle « nature ». Plusieurs sentiers balisés pour randonneurs et VTTistes sillonnent d’ailleurs la zone.
Pour découvrir le nord du parc national, rendez-vous par exemple au moulin de la Fleuristerie d’où partent plusieurs chemins pédestres. Autre point de départ de diverses randonnées : Aisey-sur-Seine. Direction également Arc-en-Barrois pour s’aventurer dans les vallées de l’Aube, de l’Aujon, de l’Aubette et de l’Ource.
Des sentiers plus courts et accessibles à tous existent aussi. Longue de 300 mètres seulement, la promenade de Fraîche Fontaine à côté de Leuglay permet de se balader dans les sous-bois et d’accéder à des aires de pique-nique pour casser la croûte à l’ombre des arbres.
A ne pas manquer également le sentier de la tufière de Rolampont avec, à la clé, un point de vue sur le monumental escalier naturel construit par les eaux ruisselantes. Un site naturel classé situé à Rolampont, à une dizaine de kilomètres au nord de Langres.
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