La mise à jour de la liste rouge mondiale du 10 décembre 2020 a scanné un peu plus de 8 500 nouvelles espèces supplémentaires et a changé le statut de 26 espèces dont les populations sauvages se sont rétablies grâce aux mesures de conversation. Mais, si en juillet 2020 l’UICN mettait en avant le déclin foudroyant des lémuriens et la disparition du hamster européen, cette fois-ci, l’accent est mis sur la disparition de la faune d’eau douce.
Les dauphins d’eau douce tous menacés de disparition
Alors que nous nous questionnions récemment sur les dangers qu’encourent les dauphins sur les côtes françaises, l’UICN alerte sur l’état de leurs cousins d’eau douce : « Tous les dauphins d’eau douce du monde sont aujourd’hui menacés », peut-on lire dans le communiqué de presse de l’UICN.
Parmi eux, le dauphin de l’Orénoque ou tucuxi (Sotalia fluviatilis) qui n’était pas encore considéré comme une espèce menacée et qui est passé directement dans la catégorie « en danger d’extinction » (EN). Tandis que le déclin du dauphin rose de l’Amazone « Boto » (Inia geoffrensis), celui du dauphin d’Irrawaddy ou encore que la disparition du dauphin de Chine (Lipotes vexillifer) étaient déjà établis, l’entrée du tucuxi dans la liste rouge prouve qu’il n’existe plus de dauphins d’eau douce épargné aujourd’hui par la pêche et la pollution.
« Cette petite espèce de dauphin gris du système fluvial amazonien a été gravement affectée par une mortalité accidentelle due aux engins de pêche, à l’endiguement des cours d’eau et à la pollution. L’interdiction d’utilisation de filets maillants (des « rideaux » de filets de pêche qui pendent dans l’eau) et la réduction du nombre de barrages dans l’habitat des tucuxis sont des priorités pour permettre aux populations de se rétablir », explique l’UICN dans son communiqué.
Le bison d’Europe quitte officiellement la liste des espèces menacées
« Grâce à une gestion à long terme pour la conservation, les populations sauvages de bisons d’Europe (Bison bonasus) ont augmenté d’environ 1 800 individus en 2003 à plus de 6 200 en 2019, ce qui justifie le passage de l’espèce de la catégorie « vulnérable » à celle de « quasi menacée ». »
Le bison d’Europe fait partie des espèces que l’homme aura poussé à l’extinction puis sauvé grâce à l’élevage en captivité et la réintroduction. Une recette qui ne fonctionne pas toujours, car encore faut-il qu’une fois réintroduits, les animaux ne subissent pas les mêmes menaces que celles qui ont décimé leurs ancêtres. Une étude publiée en septembre 2020 a mis en lumière certaines de ces success story de la conservation. Si beaucoup sont des oiseaux, l’UICN annonce cette fois le rétablissement de la population sauvage du plus grand mammifère terrestre d’Europe. Mais tout n’est pas encore gagné pour autant :
« Il existe actuellement 47 troupeaux de bisons d’Europe en liberté. Cependant, ces troupeaux sont en grande partie isolés les uns des autres et confinés dans des habitats forestiers non optimaux, et seulement huit d’entre eux sont assez grands pour être génétiquement viables à long terme. »
31 espèces considérées comme éteintes
Cette mise à jour aura aussi permis de mettre en lumière la disparition irrémédiable de 31 espèces qui ont rejoint la triste catégorie d’espèce « éteinte ». Sur 128 918 espèces de faune et de flore inventoriées, 35 765 sont donc menacées et 902 sont définitivement éteintes. Il reste encore un espoir pour 80 espèces, disparues à l’état sauvage, mais conservées en captivité et qui pourraient un jour être réintroduites. C’est le cas du Ara de Spix par exemple.
Parmi les 31 nouvelles espèces disparues, il faut noter que sont concernés tous les poissons endémiques du Lac Lanao, le plus grand lac de l’île de Mindanao, aux Philippines. Soit 17 espèces. Cette fois, ce n’est pas la pollution qui est en cause mais l’introduction de l’éléotris serpent – Giuris margaritacea – un poisson envahissant.
0 réponse à “Les dauphins et poissons d’eau douce de plus en plus menacés d’après l’UICN”