Il y a 400 ans, le castor s’éteignait en Grande-Bretagne, après des années de chasse à outrance pour sa viande, sa fourrure et son huile, le castoréum, très recherchée par l’industrie cosmétique et la parfumerie. Mais bonne nouvelle, le gros rongeur est bel et bien de retour ! Mieux, les efforts pour sa conservation se renforcent.
Une vingtaine de réintroductions en 2021
L’année 2021 s’annonce en effet comme importante pour le castor britannique. The Wildlife Trusts, une coalition de 46 organismes locaux dédiés à la préservation de la nature au Royaume-Uni, ambitionne de réintroduire une vingtaine d’individus cette année. Ces réintroductions auront lieu dans cinq comtés d’Angleterre et du Pays de Galles (Dorset, Derbyshire, Hampshire, île de Wight, Nottinghamshire et Montgomeryshire). Un véritable record !
Les premiers relâchés – deux castors – ont d’ailleurs déjà eu lieu début février dans le Dorset, au sud-ouest de l’Angleterre, sur le littoral de la Manche. Pour l’instant, les castors sont réintroduits dans des zones fermées afin de permettre aux scientifiques de surveiller leur comportement en milieu naturel et l’impact de leur présence dans la nature. Mais il s’agit d’un premier pas, l’objectif étant que d’ici cinq ans, des populations sauvages de castors peuplent davantage le territoire, y compris en dehors des zones surveillées.
En attendant, c’est la toute première fois depuis leur disparition que des castors peupleront à nouveaux les cours d’eau de ces comtés de Grande-Bretagne. Jusqu’à aujourd’hui, l’espèce n’était présente que dans le Devon, le Kent, les Cornouailles, le Sussex et en Ecosse, où elle a fait son retour il y a une vingtaine d’années.
Bonne nouvelle pour les écosystèmes
L’arrivée du castor est une heureuse nouvelle pour la biodiversité en général mais également pour les zones humides britanniques dans lesquelles il s’installe. Car ses talents d’architecte ont une action directe sur son milieu. En construisant ses impressionnantes habitations en bois sur et sous l’eau, le castor participe en effet au maintien de son environnement.
En cela, le castor est considéré comme une espèce « clé de voûte », dont la bonne santé permet à d’autres espèces de son milieu de s’épanouir à leur tour. C’est ce qu’ont prouvé les récentes réintroductions sur la rivière Otter dans le Devon, à l’ouest du Dorset. Une étude de cinq ans a en effet permis de montrer que le castor avait contribué à améliorer la qualité de l’eau, créer de nouveaux habitats de terres humides et augmenter les populations de poissons, d’amphibiens et de campagnols aquatiques.
Les familles de castors fraîchement réintroduites devraient donc aider les habitats naturels à se rétablir, dynamisant ainsi au passage toute la biodiversité environnante et limitant les risques d’inondation, qui augmentent en son absence.
Et en France ?
Le castor réintroduit en Grande-Bretagne est Castor Fiber, ou castor d’Eurasie. C’est l’espèce présente naturellement en Europe, à la différence du castor américain (Castor canadensis). En France aussi, il existe des castors eurasiens, et ils se portent mieux qu’outre-Manche. Ils seraient aujourd’hui environ 15.000, soit cinq fois plus qu’il y a cinquante ans.
Il faut dire qu’ici également, le castor a longtemps été chassé. Au point qu’il a failli disparaître au 20e siècle mais, contrairement à la Grande-Bretagne, sans jamais s’éteindre complètement. Point commun avec nos voisins, toutefois, c’est grâce à des opérations de réintroduction que l’espèce a réussi à se rétablir dans le pays.
Depuis, son aire de répartition augmente. A titre d’exemple, le Groupe d’étude et de protection des mammifères d’Alsace (GEPMA) a annoncé récemment avec enthousiasme le retour durable du castor en Alsace, où il avait disparu dans les années 1960. Leur population serait aujourd’hui de 500 individus.
Au total, le castor est désormais présent dans une cinquantaine de départements français, essentiellement dans la partie Est du pays. Si l’espèce va mieux, elle reste cependant sous étroite surveillance. Ou plutôt, son cousin américain, car l’introduction accidentelle de Castor canadensis pourrait conduire à son extinction localement, comme cela s’est produit en Finlande dans les années 1930. Or, cette espèce a déjà été identifiée dans des pays voisins, en Allemagne, en Belgique et au Luxembourg.
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