Aider les espèces menacées à prospérer et ne pas simplement s’arrêter à empêcher leur disparition. C’est un peu l’idée de ce statut vert de l’UICN, une nouvelle norme mondiale pour évaluer le rétablissement des espèces et estimer l’impact des efforts de conservation.
Un outil de plus avec la liste rouge
L’UICN planchait sur l’élaboration d’un tel outil depuis 2012. A l’origine, il était question de créer une liste verte, clin d’œil à la liste rouge des espèces menacées, principal outil de classement des espèces en voie de disparition dans le monde à l’heure actuelle. Finalement, c’est un « statut vert » qui a vu le jour, en juillet 2021, après près de 10 ans de travaux menés par quelque 200 scientifiques représentant 171 institutions.
Le principe : évaluer les progrès des espèces et pas seulement leurs risques d’extinction et estimer les impacts potentiels de la conservation sur le rétablissement ou non des espèces en question.
Seront notamment étudiés :
- la taille historique de la population d’une espèce,
- sa répartition actuelle,
- le succès des efforts de conservation antérieurs,
- son habitat viable.
Il en résultera 7 catégories dites « catégories de rétablissement des espèces » :
- complètement rétabli,
- légèrement appauvri,
- modérément appauvri,
- largement appauvri,
- gravement appauvri,
- éteint à l’état sauvage,
- indéterminé.
Pour rappel, il existe également 7 catégories pour la liste rouge :
- en danger critique,
- en danger,
- vulnérable,
- quais-menacé
- préoccupation mineure,
- éteint à l’état sauvage,
- données insuffisantes.
« La liste rouge de l’UICN nous indique à quel point une espèce est proche de l’extinction, mais n’a pas pour but de brosser un tableau complet de son statut et de son fonctionnement au sein de son écosystème. Avec le statut vert de l’UICN, nous disposons désormais d’un outil complémentaire qui nous permet de suivre le rétablissement des espèces et d’améliorer considérablement notre compréhension de l’état de la faune dans le monde. Le statut vert des espèces de l’UICN fournit la preuve que la conservation fonctionne, ce qui suscite l’optimisme et l’impulsion pour une action plus forte », explique Molly Grace de l’Université d’Oxford et co-présidente du groupe de travail que le statut vert des espèces.
Aider les espèces à prospérer et pas seulement survivre
Ce nouvel outil complète donc la liste rouge puisqu’il permet d’examiner le bon fonctionnement ou non des espèces dans leurs écosystèmes et leurs chances d’aller mieux.
« Empêcher l’extinction des espèces est l’objectif ultime que les écologistes ont traditionnellement poursuivi. Mais nous en sommes venus à comprendre que le vrai succès serait d’inverser le déclin au point où les animaux, les champignons et les plantes remplissent leurs fonctions écologiques dans toute leur aire de répartition – afin que non seulement ces espèces survivent, mais aussi prospèrent », déclare Dr Jon Paul Rodríguez, président de la Commission de l’UICN sur la survie des espèces.
Selon les résultats obtenus, des mesures différentes pourront être prises pour la conservation de telle ou telle espèce. « Le statut vert de l’UICN aidera à éclairer les plans de conservation et à orienter les actions pour atteindre les objectifs nationaux et internationaux pour 2030 et au-delà, reprend Dr Jon Paul Rodríguez. Il fournit également une mesure pour quantifier et célébrer le succès de la conservation. »
181 classements déjà réalisés
Pour cette première publication, l’UICN a déjà évalué 171 espèces animales et végétales dans le cadre de ce nouveau statut vert, ainsi que 7 sous-espèces et 2 populations régionales. Et il en ressort du positif car certaines espèces pourtant très proches de l’extinction – classées en danger critique sur la liste rouge – présentent de réelles chances de se rétablir dans leur écosystème.
C’est le cas par exemple du condor de Californie, espèce qui a failli disparaître dans les années 1980 puisqu’il restait moins de 10 individus dans la nature, mais qui compte désormais 200 représentants. Son évaluation au regard du statut vert a révélé que la poursuite des efforts de conservation pourrait entraîner un rebond important au cours du siècle prochain à près de 75 % de son état « complètement rétabli ».
Idem pour le rhinocéros de Sumatra, dont les efforts de conservation ont peiné à porter leurs fruits. Mais l’évaluation de son statut vert montre qu’il pourrait considérablement se rétablir si les efforts pour sa conservation continuent et sont renforcés par de nouvelles technologies pour aider à sa reproduction.
Les experts ont également étudié le loup gris, qui n’est pas considéré comme menacé mais qui, pourtant, est très loin d’être écologiquement rétabli dans son habitat d’origine.
N’oublions pas que les efforts de conservation ont déjà permis de sauver in extremis plusieurs espèces de l’extinction. Il s’agit maintenant de savoir comment les aider à aller encore mieux.
0 réponse à “L’UICN lance un nouveau « statut vert » sur le rétablissement des espèces”