Pour la première fois, un couple de pétrels hawaïens ou « ua’u » est revenu nicher dans l’aire protégée où il avait été amené encore poussins. Une première victoire pour cette expérience de translocation menée depuis plusieurs années dans le but de créer une nouvelle colonie pour cet oiseau marin classé en danger d’extinction par l’UICN.
Sauver les oiseaux marins endémiques de l’archipel d’Hawaï
Le Kauaʻi Endangered Seabird Recovery Project – littéralement le Projet de rétablissement des oiseaux marins menacés de l’île de Kaua’i – est une initiative gouvernementale américaine pour sauver trois espèces hawaïennes d’oiseaux marins :
- le puffin de Newell ou « a’o » (Puffinus newelli), en danger critique d’extinction (CR),
- le pétrel des Hawaï ou « ua’u » (Pterodroma sandwichensis), en danger d’extinction (EN),
- l’océanite de Castro (Hydrobates castro), peu concerné par l’extinction (LC).
Les deux premières espèces sont les seuls oiseaux marins endémiques de l’archipel d’Hawaï. Ils ont vu leur population diminuer de 78 % pour le pétrel et de 94 % pour le puffin entre 1993 et 2013.
L’une des raisons à ce déclin est qu’ils nichent au sol, dans des terriers, et non dans des arbres, ce qui ne les protège pas du tout des prédateurs amenés sur l’île Kauaʻi où se situe leur habitat naturel. Adultes et œufs sont victimes des rats, des cochons et des chats sauvages et leurs populations ont dramatiquement chuté.
Il a donc été décidé de transférer des œufs et des poussins depuis le parc national Hono O Nā Pali, dans le nord-ouest de l’île, jusqu’au refuge de la vie sauvage de Kīlauea Point National Wildlife Refuge, dans le nord-est de Kaua’i.
Sa particularité ? Nihoku est clôturé pour empêcher l’intrusion de prédateurs et on y teste le principe de « l’attraction sociale » : des chants d’oiseaux sont diffusés pour attirer d’autres individus et notamment ceux en recherche d’un site de nidification.
Pourquoi ne pas avoir directement transférés des oiseaux adultes ?
C’est vrai que déplacer des œufs ou des poussins d’une espèce très menacée c’est prendre le risque d’augmenter la mortalité mais ces espèces sont – comme beaucoup d’oiseaux mais aussi comme les tortues marines – dîtes philopatriques, ce qui signifie que les adultes matures sexuellement reviennent instinctivement à l’endroit où ils sont nés pour y nicher à leur tour. S’ils étaient arrivés adultes au refuge, ils n’y seraient donc pas retournés pour y fonder leur nid.
Or, le but du projet est d’augmenter la population de ces trois espèces en fondant de nouvelles colonies. Pour cela, les équipes transfèrent des œufs et des poussins, qui sont ensuite élevés par l’homme, en l’absence d’oiseaux adultes pour le faire.
Puis, les juvéniles sont libérés quand ils sont prêts à regagner la haute mer où ils passeront plusieurs années avant de revenir se reproduire sur leur site de naissance, ou tout du moins, c’était ce que les équipes espéraient !
Le retour des premiers couples matures au refuge
Et justement, en 2020, cinq ans après le début de ces transferts, cinq pétrels hawaïens qui avaient été élevés à la main à Nihoku, sont revenus sur le site à la recherche d’un terrier pour pondre. Une première ! Mais il faudra attendre cette année, en juin 2021, pour avoir la confirmation de ce succès. Sur ces cinq oiseaux, au moins un couple s’est installé et a pondu un oeuf ! Le premier d’une longue série, espèrent les équipes.
En parallèle de ce premier succès pour le pétrel des Hawaï, le premier puffin de Newell ou « a’o » à avoir été déplacé à Nihoku est également revenu sur le site en 2021. Il ne reste plus qu’à croiser les doigts pour qu’il s’y installe !
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