Moins présents dans les médias que les incendies dans le Sud de la France, en Grèce ou encore en Algérie, des incendies dévastateurs font également rage en Amérique du Sud. Après le Pantanal en 2020, c’est à présent l’Est de la Bolivie qui brûle. 749 000 hectares seraient partis en fumée entre janvier et juillet 2021 (Fondation Amis de la Nature (FAN)). A titre de comparaison, en France la surface moyenne brûlée par an entre 2016 et 2020 s’élevait à 1 003 hectares, et c’est déjà beaucoup trop ! Focus sur la biodiversité bolivienne menacée par ces incendies.
Des incendies intentionnels
Le changement climatique ne faisait pas encore assez de dégâts, que les pyromanes, les mégots lâchés distraitement depuis la voiture ou encore la culture sur brûlis devaient encore s’en mêler. Cette pratique courante – et pourtant condamnée – est encore traditionnelle en Asie et en Amérique du Sud où on l’appelle « chaqueo ». Elle consiste à mettre le feu à des prairies ou des forêts pour rendre cultivables plus vite des terres, en somme, à défricher par les flammes. En Bolivie, cette pratique est légale pour une superficie limitée à 20 hectares, grâce à une autorisation entre mai et juillet, une fois la saison des pluies terminée.
Sauf que couplés au réchauffement climatique, qui accentue les sécheresses, et à un fort vent, ces incendies volontaires deviennent rapidement incontrôlables et meurtriers. Pour les hommes mais aussi et surtout pour la flore et la faune.
Des réserves protégées détruites par le feu
En Bolivie, c’est la zone appelée Chiquitanía ou Chiquitos, une région montagneuse qui est la proie des flammes. Cette forêt tropicale sèche est située à l’Est du pays, à la frontière avec le Brésil. Elle avait déjà été victime de terribles incendies en 2019 avec 3,6 millions d’hectares brûlés. En 2021, les mêmes zones brûlent mais pas seulement. Les flammes détruisent aussi des territoires qu’elles n’avaient pas atteints il y a deux ans.
Parmi les zones les plus touchées, malheureusement des réserves protégées comme la réserve naturelle de San Matías et la réserve municipale de faune de la Vallée de Tucabaca (ou Tucavaca). Créée en 2000, cette zone protégée est propice au foisonnement de la biodiversité avec ses cascades, sa végétation et son relief. D’une superficie de 262 305 hectares, elle attire également le tourisme vert et constitue une source d’emploi non négligeable dans la région. C’est aussi là que le plus fort de l’incendie de 2021 fait rage. Début août, en une semaine, 150 000 hectares de la région Chiquitanía étaient déjà partis en fumée.
Les craintes sont bien sûr que les incendies n’atteignent deux parcs nationaux situés dans le même département de Santa Cruz, le Parc national Amboró et le parc national Otuquis.
La faune de la région
Moins connue que la faune brésilienne, la biodiversité bolivienne est d’une grande richesse. Voisins, les deux pays partagent d’ailleurs bon nombre d’espèces et notamment des espèces menacées. La région Chiquitanía regrouperait environ 514 espèces dont presque 120 de mammifères et plus de 300 d’oiseaux.
On y trouve des espèces emblématiques comme :
- la loutre géante, Pteronura brasiliensis (EN),
- l’ours à lunettes, Tremarctos ornatus (VU)
- le jaguar, Panthera onca (NT)
- le coati commun, Nasua nasua (LC)
- le capucin brun, Cebus apella (LC)
- le puma, Puma concolor (LC)
- le tatou géant (VU)
Un tatou hydraté par un pompier après son sauvetage.
Mais aussi d’autres moins connues comme le grison, Galictis vittata (LC), le loup à crinière, Chrysocyon brachyurus (NT), des cervidés comme le cerf des pampas, Ozotoceros bezoarticus (NT), le daguet gris, Mazama gouazoubira (LC) ou encore le daguet rouge, Mazama americana. Enfin, les ocelots, Felis pardalis (LC) ou encore les agoutis, Agouti paca (LC) font également partis des espèces animales visibles notamment à la réserve de San Matias.
Comme au Pantanal ou en Amazonie, les oiseaux sont nombreux dans la Chiquitanía. On y retrouve par exemple l’imposant cariama huppé (Cariama cristata), l’un des plus grands oiseaux d’Amérique du Sud après le nandou d’Amérique (NT) également menacé par ces feux, et le non moins impressionnant jabiru d’Amérique (Jabiru mycteria). Le très connu toucan toco, Ramphastos toco (LC), est également visible dans cette région tout comme l’ara chloroptère, Ara chloropterus (LC), le magnifique Paroaria coronata, le cardinal à huppe rouge (LC) ou encore le hocco tuberculé, Mitu tuberosum, (LC).
A noter également la présence d’espèces végétales classées menacées d’extinction par l’UICN. C’est par exemple le cas des arbres Amburana cearensis (EN).
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