Une eau turquoise, une température au-dessus des 20 degrés toute l’année et des plages de sable fin à perte de vue… Tous les ingrédients de la parfaite carte postale sont réunis à Fakarava. Dans cet atoll de Polynésie française ainsi que dans ses îles voisines, la nature offre l’un de ses plus beaux spectacles. Mais un spectacle fragile, qu’il faut préserver. C’est la raison pour laquelle l’Unesco a classé le site en « réserve de biosphère » très tôt, dès 1977. Avec la Camargue et la Vallée du Fango, la commune de Fakarava fait donc partie des premières réserves de biosphère françaises. Et n’est pas pour rien.
Localisation
Si vous regardez une mappemonde depuis la France et que vous cherchez Fakarava, il vous faudra opérer un demi-tour complet pour le trouver ! Cet atoll de Polynésie française se situe en effet à l’autre bout du monde, dans l’archipel des Tuamotu, en plein Pacifique. Celui-ci se trouve à 360 km au nord-est de l’île de Tahiti, où se trouve le chef-lieu Papeete.
Plusieurs dizaine d’atolls composent l’archipel des Tuamotu. Parmi eux, sept en particulier : Aratika, Fakarava, Kauehi, Niau, Raraka, Taiaro, et Toau. Tous sont des îles basses cernées par un lagon et un récif corallien, mais ils ont des tailles et des formes différentes. Fakarava est l’atoll qui possède l’un des plus grands lagons ouverts sur l’océan. D’autres, comme Taiaro et Niau, ont des lagons plus petits et fermés.
Ce sont ces sept atolls qui ont été classés en réserve de biosphère par l’Unesco. On parle donc de la « réserve de biosphère de la commune de Fakarava », qui englobe Fakarava et les six autres îles de l’archipel. Au total, elle s’étend sur une superficie de près de 20.000 km² et regroupe un peu plus de 1600 habitants.
La réserve de biosphère est gérée par un comité présidé par le maire de la commune, secondé par un comité scientifique et des associations locales, basées dans les différents atolls habités de l’archipel : Fakarava, Raraka, Kauehi, Aratika et Niau.
Comme les critères de l’Unesco l’exigent, la zone est censée être gérée de façon durable, les activités humaines ne devant pas nuire à l’environnement et aux espèces animales et végétales qui y vivent. Cela implique des activités économiques telles que le tourisme et la pêche censées être en adéquation avec ces objectifs. La perliculture – les célèbres perles noires de Tahiti –, la pêche à la nacre, l’exploitation du coprah – noix de coco sèche dont l’huile permet la fabrication du fameux monoï – et l’élevage sont également des activités de première importance à Fakarava.
Biodiversité
Espèces endémiques qui n’existent nulle part ailleurs, d’autres plus communes mais tout aussi exotiques et bien d’autres qui forment les incroyables écosystèmes de cet écrin de nature du bout du monde… La biodiversité de la réserve de biosphère de Fakarava est fascinante. Ce n’est pas pour rien que des naturalistes, des plongeurs et des passionnés du monde entier s’y rendent pour capter un peu de cette beauté. C’est d’ailleurs ici que le photographe et biologiste marin français, Laurent Ballesta, a remporté le grand prix 2021 du Wildlife Photographer of the Year avec sa photo d’une femelle mérou entourée de mâles pendant le frai.
La faune de Fakarava
Difficile de s’imaginer les animaux de cette réserve de biosphère polynésienne sans penser aux nombreuses espèces qui nagent dans ces eaux cristallines. Et pour une fois, l’imaginaire n’est pas loin de la réalité !
La vie marine y est en effet débordante et multiple. On y trouve bien évidemment des coraux, des tortues marines, des requins, des raies, toutes sortes de poissons tropicaux aux couleurs variées, mais aussi des dauphins et des baleines.
Parmi les résidents des lieux, citons le requin à pointe noire, le requin gris, le requin bordé, le requin baleine ou encore le requin à pointe blanche et la majestueuse raie manta. Mais aussi le poisson-clown, le gros-yeux commun et le napoléon, l’un des plus grands poisons osseux à vivre dans les récifs coralliens. A noter également la présente du crabe de cocotier appelé « kaveu » par les locaux, qui détient le titre de plus gros crabe terrestre au monde avec ses 4 kg et ses 40 cm d’envergure.
Sur la terre ferme, la diversité de la faune est bien entendu moins riche. La faute en partie à l’isolement géographique des îles de cette réserve de biosphère qui, en même temps, a permis à des espèces endémiques de se développer tranquillement. On ne trouve par exemple aucune espèce d’amphibien et aucun mammifère qui n’ait pas été introduit par l’homme ! D’ailleurs, ces dernières sont souvent envahissantes et causent d’importants dégâts sur les espèces indigènes.
En revanche, l’avifaune est très développée. L’une des stars est le Kokeuteu, un martin-chasseur endémique des Tuamotu. Il n’en resterait moins de 200 individus et l’espèce est malheureusement « en danger critique » d’extinction, d’après les critères de l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN).
Egalement menacé mais dans la catégorie « en danger », le bécasseau des Tuamotu est lui aussi un oiseau endémique de cet archipel polynésien. Il compterait moins d’un millier d’individus.
La flore
La flore est tout aussi impressionnante… et variée. Les paysages alternent entre nature, avec ses forêts primaires de Pu’atea – ces grands arbres de l’espèce Pisonia grandis pouvant atteindre les 25 mètres de haut – et paysages transformés par l’homme, avec par exemple de nombreuses cocoteraies. Des palmiers indigènes sont également présents, comme le palmier de Niau (Pritchardia periculum), endémique de la Polynésie française.
Poussent aussi des végétaux aux fleurs des îles très parfumées, tels que le kahaia (Guettarda speciosa), un arbre indigène de la même famille que le fameux tiaré qui produit de petites fleurs blanches au parfum entêtant.
En bord de mer, où les sols sont riches en sel, difficile de trouver une végétation luxuriante… Et pourtant, comme le paletuvier est le roi de la mangrove, le miki miki (Pemphis acidula) règne ici en maître. Grâce à sa haute résistance à la salinité, cet arbuste est aujourd’hui présent dans tous les archipels polynésiens, à l’exception des Marquises. Il produit des fleurs blanches toute l’année.
Au total, les Tuamotu abritent 102 plantes vasculaires indigènes, dont 22 sont endémiques à cet archipel.
La végétation marine est également exceptionnelle. Dans ces eaux se trouvent des phanérogames d’herbiers marins, ces végétaux qui forment, en plus des récifs coralliens, un écosystème à part entière duquel dépendent de nombreuses espèces marines qui s’y réfugient, s’y nourrissent et y grandissent. Mais contrairement à d’autres régions de la planète, la Polynésie française présente une faible diversité de phanérogames : seulement deux espèces, sur la quarantaine d’espèces tropicales connues.
L’archipel est réputé pour sa très grande diversité en algues vertes du genre Halimeda et du genre Caulerpe, ainsi qu’en algues rouges calcaires qui forment des crêtes algales. Il s’agit de larges bandes dures, similaires à de la roche, qui dépassent parfois de la surface. C’est un habitat privilégié par toutes sortes d’espèces de gastéropodes ou d’échinodermes.
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