Les salamandres sont sans conteste des animaux qui savent se faire discrets. Ces amphibiens qui, à l’âge adulte sont parfaitement terrestres, passent une importante partie de l’année cachés dans des vieilles souches d’arbres, à l’abri des sous-bois frais et humides qu’ils affectionnent. Mais au printemps et à l’automne, lorsque les températures et le taux d’humidité le permettent, les salamandres sortent pour se reproduire. Dans leur périple, elles peuvent traverser des routes… et se faire écraser.
Danger de nuit et par temps de pluie
« Le trafic routier représente un danger pour toutes les espèces d’amphibiens, et peut-être plus particulièrement pour la salamandre, qui est un amphibien très terrestre », explique Thomas Gendre, chargé de mission appui à la gestion des aires protégées à l’Office français de la biodiversité (OFB). D’ailleurs, il est plus commun de croiser une salamandre écrasée sur la route que vivante lors d’une promenade.
Le risque est accru au printemps et à l’automne, lorsque la salamandre quitte le couvert forestier pour trouver un partenaire ou pondre ses œufs. Comme elle n’a pas beaucoup de prédateurs naturels grâce aux substances toxiques qu’elle sécrète, elle ne craint pas de sortir à découvert ni même de prendre son temps pour se déplacer… Ce qui augmente le risque de rencontrer une voiture.
« Ce sont surtout les conditions météorologiques, plus que la saison en elle-même, qui comptent, précise l’herpétologue de l’OFB. La salamandre est un animal à sang froid, elle ne peut donc supporter les températures trop froides ou trop chaudes. Et en plus de cela, sa peau est relativement poreuse et dépourvue de poils ou d’écailles. Elle a donc besoin d’humidité pour ne pas se dessécher. » Autant de conditions qui sont généralement réunies au printemps et à l’automne.
Durant ces saisons, et encore plus la nuit – car la salamandre est un animal nocturne, comme la plupart des amphibiens – les risques d’écraser une salamandre sont accrus. Des risques qui existent aussi la journée, d’autant plus s’il pleut ou que l’air est chargé en humidité. Dans ce cas, attention à votre vitesse !
Animaux protégés
La mortalité routière est l’une des principales menaces qui pèsent sur les salamandres en France. Mais il y en a d’autres ! En priorité, la dégradation de son milieu naturel pour différentes raisons, et notamment l’assèchement des zones humides dont elles dépendent pour se reproduire. Bien qu’elles ne nagent pas et vivent sur la terre ferme, les salamandres libèrent en effet leurs œufs dans des mares ou des cours d’eau. Au contact de l’eau, les œufs s’ouvrent et relâchent des larves de salamandres déjà capables de nager. Ces larves se métamorphoseront en salamandre au bout de 2 à 7 mois, puis elles sortiront de l’eau pour vivre leur vie.
Comme tous les amphibiens à l’exception des espèces exotiques, les quatre espèces de salamandres qui existent en France – la salamandre tachetée, la salamandre noire, la salamandre de Corse et la salamandre de Lanza – sont protégées. La loi précise qu’il est interdit de tuer, capturer ou perturber de façon intentionnelle les salamandres et de les déplacer ou de les ramener chez soi pour les vendre ou les élever en captivité (arrêté du 8 janvier 2021). Elles n’auraient de toute façon pas beaucoup de chance de survie…
Des salamandres dans ma mare
En revanche, il est possible d’avoir des salamandres dans son jardin, en particulier si vous avez une mare. La présence d’un point d’eau, qu’il s’agisse d’eau stagnante comme dans une mare ou d’un cours d’eau avec débit, est en effet nécessaire pour que la salamandre femelle puisse venir libérer ses œufs au moment de la ponte.
Dans ce cas, plusieurs conseils à suivre pour favoriser l’épanouissement des salamandres dans votre mare et éviter toute perturbation.
#1. Ni poisson ni écrevisse
D’abord, ne ramenez pas intentionnellement des poissons. « On pense souvent à tort que cela va ramener de la vie dans la mare, mais de la vie, il y en a déjà naturellement ! Au contraire, des poissons peuvent présenter un risque de prédation sur les larves de salamandres qui ne sont pas nombreuses : quelques dizaines par ponte seulement », rappelle Thomas Gendre. Les écrevisses comme l’écrevisse de Louisiane sont particulièrement dangereuses pour l’équilibre d’un écosystème aquatique.
#2. Pas de produits phytosanitaires
Les salamandres sont aussi très sensibles à la qualité de l’eau. Elles apprécient les eaux bien oxygénée et propres, dépourvues de pesticides et autres substances chimiques. Attention donc à ne pas utiliser de produits phytosanitaires dans votre jardin, qui se retrouveraient naturellement dans votre mare. « Ce conseil vaut pour les salamandres mais aussi pour toute la vie que votre jardin abrite », souligne d’ailleurs le spécialiste de l’OFB.
#3. Une mare bien entretenue
Pour favoriser au mieux le développement des larves de salamandres dans sa mare, mieux vaut une végétation aquatique pas trop dense. Au fil des ans, sans entretien particulier, celle-ci peut devenir envahissante, au point de bloquer le passage de la lumière jusqu’à la végétation sous la surface qui, pourtant, est essentielle pour la survie des larves. « C’est là qu’elles vont notamment se cacher des nombreux prédateurs comme les scarabées aquatiques », reprend Thomas Gendre. Alors quand cela devient nécessaire, quelques coups de pelle pour récurer la mare aideront à l’équilibre de cette zone humide pleine de vie.
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