« Des années d’efforts de conservation anéanties du jour au lendemain », se lamentent les acteurs engagés dans la sauvegarde du vautour moine. Mi-mars, les dépouilles de quatre vautours moines ont été découvertes dans un endroit reculé de Ticha, dans la montagne des Balkans de l’Est, en Bulgarie. Trois de ces vautours – dont une femelle qui portait un oeuf – avaient été ramenés d’Espagne pour être réintroduits dans le pays et tenter de fonder une population viable. Le quatrième vautour tué était né l’année dernière dans la nature, d’un couple réintroduit. Il était le premier vautour moine né en Bulgarie depuis 28 ans. Il s’appelait Minchev-Boev. Comme les autres, prénommés Vratsa, Bulgar et Bai Ivan, il a été empoisonné.
Carcasses de chiens empoisonnées
« Après avoir reçu des données alarmantes des émetteurs GPS de certains vautours moines, nos confrères du Fonds pour la flore et la faune sauvages se sont précipités sur les lieux. Mais il était trop tard, les vautours étaient déjà morts », raconte la Vulture Conservation Foundation.
Sur place, les équipes ont retrouvé les dépouilles de quatre vautours moines, celle d’une buse variable et deux chiens de bergers. Pus tard, ils découvriront également deux chacals morts dans des circonstances similaires. Tout de suite, les soupçons se portent sur les carcasses des chiens, dans lesquelles il semble avoir été déposé du poison.
« Cet incident mortel a causé des dommages considérables à nos efforts de réintroduction à long terme en Bulgarie. Mais l’équipe de Vultures Back to LIFE persévérera et s’assurera que ces oiseaux ne sont pas morts en vain », ont déclaré les acteurs de la conservation du vautour moine.
Une enquête a été ouverte et une autopsie des animaux a été réalisée. Les tissus prélevés seront examinés par des laboratoires bulgares et espagnols. « Nous espérons qu’une enquête pénale appropriée sera menée, et que les suspects identifiés seront traduits en justice. »
Nouvel empoisonnement de vautours
Hélas, cette tragédie n’est qu’un énième épisode d’une triste série noire pour les vautours. L’an dernier, une douzaine de vautours fauves ont également été tués, empoisonnés. Des empoisonnements massifs ont aussi lieu régulièrement en Afrique, comme par exemple en 2018 lorsque 75 vautours et six lions ont péri en Tanzanie, ou encore, triste record, des centaines de vautours ont été retrouvés au Zimbabwe, en 2017.
Les empoisonnements de vautours ne sont pas toujours intentionnels. Le déclin du vautour indien, du vautour royal et du vautour percnoptère est par exemple fortement lié à l’utilisation d’un anti-inflammatoire non-stéroïdien sur le bétail : le diclofénac. Donné aux bêtes pour traiter une pathologie, ce médicament contamine ensuite les charognards qui se nourrissent de la carcasse de l’animal traité, et les tuent.
Mais les empoisonnements sont aussi bien souvent intentionnels. Ils servent par exemple à des braconniers pour tuer les vautours alentours et éviter qu’ils ne signalent dans le ciel leur position après avoir braconné un éléphant ou un rhinocéros. Ils sont également employés par les éleveurs qui espèrent protéger leur bétail alors que, pour rappel, un vautour ne s’attaque pas naturellement à du bétail en bonne santé.
« L’empoisonnement est une méthode illégale et non sélective de mise à mort d’animaux, qui provoque souvent un cercle vicieux avec une succession d’empoisonnements d’animaux », rappelle la Vulture Conservation Foundation.
Pourtant essentiels à leur écosystème, les vautours sont gravement menacés. On estime que 69 % des espèces sont en voie de disparition, et 50 % sont même « en danger critique » d’extinction. Certaines espèces ont vu leurs effectifs chuter de plus de 95 % au cours des dernières décennies.
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