Aussi appelée salamandre commune, salamandre de feu ou Salamandra salamandra de son nom scientifique, cette espèce de salamandre est la plus répandue en France. On la trouve un peu partout sur le territoire.
Description
Bien distincte de la salamandre noire et de la salamandre de Lanza uniformément noires, la salamandre tachetée arbore une peau noire brillante, parsemée de taches jaunes ou oranges partout sur le corps.
Chaque tache est unique, si bien que le dessin des unes avec les autres est comme une carte d’identité permettant de distinguer chaque individu. Chez certaines salamandres, c’est le jaune qui prédomine et le noir reste en retrait. Chez d’autres en revanche, il n’existe que quelques points de couleur et le noir recouvre la grande majorité du corps. Il y a autant de combinaisons de couleurs qu’il existe de salamandres.
Même les larves ont déjà des taches de couleur, situées à la base des pattes, comme chez la salamandre de Corse. C’est d’ailleurs ce qui permet de les distinguer le plus facilement des larves de tritons à ce stade.
Les adultes mesurent entre 11 et 21 cm, une taille moyenne par rapport aux autres espèces de salamandres françaises. Comme elles, Salamandra salamandra a un corps plutôt rond, de grands yeux noirs, une queue cylindrique et quatre pattes munies de doigts non palmés qui lui permettent de se déplacer.
Mais ses mouvements sont plutôt lents si on les compare à ceux du lézard par exemple. Il faut dire que la salamandre n’a pas besoin de se déplacer vite : la toxine qu’elle sécrète dissuade bon nombre de prédateurs éventuels. En revanche, cette lenteur et ce manque d’agilité lui sont malheureusement fatals lorsqu’elle doit traverser des zones dangereuses comme les routes.
Habitat
La salamandre tachetée occupe un large territoire en Europe, du Portugal à l’Ouest jusqu’aux Balkans et la mer Noire, à l’Est. On la trouve aussi bien en Allemagne, en Autriche, en Italie, en Grèce, en Bulgarie, en Roumanie, en République tchèque et même – mais ce n’est pas certain – dans la partie la plus occidentale de la Turquie, sur la partie européenne.
En France, Salamandra salamandra est présente quasiment dans tous les départements, à l’exception de la Corse et de quelques zones du pourtour méditerranéen.
Discrète est le plus souvent nocturne, la salamandre tachetée reste souvent à l’abri dans les sous-bois, dans des cavités rocheuses ou de vieilles souches. Elle peut cependant s’aventurer dehors lorsque le temps est humide, après ou pendant une averse par exemple, et quand les températures sont ni trop basses, ni trop élevées.
Elle apprécie tout particulièrement les paysages forestiers, et principalement les forêts de feuillus et forêts mixtes, jusqu’à 2300 mètres d’altitude, à condition que les sols soient suffisamment humides.
Menaces et conservation
Depuis sa dernière évaluation par l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) en 2008, la salamandre tachetée est classée en « préoccupation mineure » (LC) et n’est donc pas officiellement une espèce menacée. La mise à jour de la liste rouge des amphibiens menacés en France, qui date de 2015, la classe également en « préoccupation mineure » sur le territoire.
Reste néanmoins que les populations sauvages déclinent un peu partout dans l’aire de répartition de l’espèce, et ce depuis environ un siècle. Y compris en France.
En cause, plusieurs menaces qui pèsent directement sur les salamandres. A commencer par la disparition des zones humides – trois fois plus rapides que celle, déjà inquiétante, des forêts –, et la dégradation de leur habitat, notamment par la pollution des cours d’eau dont dépendant les larves pour grandir et se nourrir.
A cela, il faut ajouter une fragmentation toujours plus forte de leur territoire, avec l’étalement urbain, la construction d’infrastructures et des routes qui, lorsqu’elles sont traversées par les salamandres, conduisent à une mortalité massive. C’est particulièrement vrai à l’automne et au début du printemps, lorsque les salamandres quittent leur abri pour trouver un partenaire et se reproduire.
Depuis une dizaine d’années, une nouvelle menace s’ajoute à cette liste déjà longue. Cela touche pour l’instant les populations de salamandres des Pays-Bas, de Belgique et d’Allemagne, mais cela pourrait gagner d’autres pays européens. Il s’agit de la prolifération d’un champignon mortel pour les salamandres et les tritons : Batrachochytrium salamandrivorans ou « Bsal ».
Ce champignon a été identifié pour la première fois en Europe en 2012, aux Pays-Bas. Là-bas, les salamandres tachetées sont mortes en très grand nombre. Leurs cadavres présentaient des traces d’ulcérations de la peau, similaires à celles présentées par les grenouilles atteintes de chytridiomycose, une autre maladie qui tue massivement les amphibiens et causée par le champignon Batrachochytrium dendrobatidis ou « Bd ».
Pour l’instant, ce champignon n’a pas été détecté en France, mais la vigilance est grande. Et pour cause, sa trace a été repérée proche des frontières !
On pense que c’est le commerce des animaux de compagnie qui est responsable de cette prolifération. Des espèces de salamandres et de tritons asiatiques, porteuses saines, l’auraient propagé en Europe. La Société Herpétologique de France a lancé un programme « alerte amphibien » pour signaler toute mort suspecte d’amphibien, qui serait non liée à un écrasement sur la route ou une prédation.
A l’instar des trois autres espèces de salamandres présentes en France métropolitaine, et comme toutes les espèces d’amphibiens en général – à quelques exceptions près –, la salamandre tachetée est protégée.
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