Les singes hurleurs noirs parcourent les forêts du Mexique, du Belize et du Guatemala tout en visitant les arbres à la recherche de fruits et d’autres aliments. Ils évoluent dans un environnement complexe et doivent adapter leurs itinéraires en fonction des arbres qui portent des fruits ainsi que faire face aux changements imprévus de la forêt.
Les humains sont censés naviguer à l’aide de cartes internes qui tracent les itinéraires entre les endroits fréquemment visités. Ces cartes mentales simples se concentrent sur des itinéraires spécifiques et contiennent peu d’informations sur l’emplacement de chaque itinéraire par rapport aux autres. Cependant, les humains sont capables d’utiliser leur connaissance de la distance et de la direction pour relier leurs cartes mentales et prendre des raccourcis, adaptant ainsi leurs cartes à leurs besoins de navigation.
Dans une nouvelle étude publiée par le Compagnie des Biologistesles scientifiques Miguel de Guinea (Université d’Oxford Brookes, Royaume-Uni), Sarie Van Belle (Université du Texas à Austin, États-Unis) et leurs collègues ont étudié si les singes hurleurs étaient également capables de modifier leurs cartes d’itinéraire mentales comme le font les humains.
Les chercheurs ont suivi des groupes de singes dans les forêts recouvrant les ruines mayas du parc national de Palenque, au Mexique. Les groupes étaient faciles à localiser car ils appelaient fort dès l’aube.
« Nous arriverions à la zone d’étude où notre groupe focal devait se trouver avant le lever du soleil », a expliqué de Guinée. L’équipe a ensuite suivi les singes alors qu’ils se déplaçaient dans la zone de 50 hectares.
La randonnée était souvent très difficile pour les chercheurs à pied, car les singes traversaient la canopée, visitant leurs arbres fruitiers préférés sur les hautes collines et dans les vallées.
Après un an de suivi de cinq troupes de singes, de Guinea et Van Belle ont analysé 91 kilomètres d’informations sur les itinéraires et les ont comparés aux itinéraires simulés de primates virtuels se déplaçant de manière aléatoire.
Les experts ont découvert que les singes hurleurs parcouraient régulièrement la même séquence d’arbres et visitaient souvent leurs arbres préférés, s’approchant de ces arbres uniquement à partir de quelques directions sélectionnées. Ils utilisaient clairement des cartes mentales pour suivre des itinéraires familiers à travers leur environnement. En revanche, les primates virtuels répétaient rarement un itinéraire.
Les singes hurleurs ont également su adapter leur itinéraire face à des changements imprévus. À une occasion, les singes ont rencontré un écart de 5 m sur l’un de leurs itinéraires habituels.
« Un arbre est tombé pendant la nuit », a expliqué Van Belle. « Ils se sont arrêtés pendant une demi-heure, puis ont longé le bord pour renouer avec la seconde moitié de leur trajet… comme s’ils savaient qu’il s’agissait d’un nouvel obstacle et qu’ils devaient réfléchir à leurs options quant à la marche à suivre. »
De plus, lorsque les chercheurs ont comparé les distances parcourues par les troupes de singes avec les distances parcourues par des primates simulés, il était clair que les hurleurs utilisaient leur connaissance de la direction et de la distance pour relier des itinéraires familiers afin de prendre des raccourcis et de voyager efficacement entre les lieux.
Selon les chercheurs, les données de l’étude montrent que les singes hurleurs peuvent compléter leurs cartes mentales par la connaissance de la distance et de la direction, tout comme le font les humains. Il s’agit de la première preuve démontrant que les animaux utilisent les mêmes capacités cognitives que les humains pour naviguer dans leur environnement.
L’étude est publiée dans le Journal de biologie expérimentale.
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Par Alison Bosman, Espèces-menacées.fr Rédacteur
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