En janvier 2015, la rédaction d’Espèces Menacées a été contactée par Christelle, une passionnée suisse d’animaux, également éducatrice spécialisée auprès de Kévin, jeune handicapé de 18 ans, dans le cadre d’un projet éducatif. Le but de cette belle opération était selon Christelle de « sensibiliser [Kevin] à cette problématique des espèces menacées, aborder le thème d’une façon théorique et pourquoi pas apporter notre petite contribution d’une quelconque façon, de pouvoir, à notre niveau, apporter quelque chose à notre si belle planète. »
Vous vous en doutez, devant un tel engouement, nous avons répondu positivement et nous remercions Christelle et Kévin de nous avoir choisis pour cette collaboration. Découvrez le fruit de leur travail !
Présentation de nos apprentis journalistes
Kévin : un jeune homme de 18 ans qui incarne la fraîcheur, la curiosité et la joie de vivre ! Confiné dans un corps handicapé qui ne lui répond pas et qui ne suit pas ses intentions, il aime s’évader, voyager par la pensée…
Christelle : une des 3 éducatrices qui suit Kévin dans ses apprentissages depuis cinq ans. Également maman de 3 enfants, Christelle est passionnée par les animaux, la Nature et déguste tous les petits et grands délices que la vie nous offre…
Leur projet a pris vie sur l’idée première de permettre à Kévin d’avoir un impact sur le monde qui l’entoure. En apportant sa petite contribution personnelle, il se glisse dans un rôle d’aidant et non plus d’aidé. Ainsi, en travaillant sur des espèces qui sont en danger de disparition, il peut mettre en lumière un aspect du monde, motiver tout un chacun à faire des efforts pour protéger notre Terre et pourquoi pas entrevoir des pistes d’évolutions possibles…
Interview de Frédéric BLUM, garde-forestier, par Kévin
Frédéric Blum, garde-forestier à Rougemont, dans le Doubs (25), nous a offert un moment d’échange pour nous parler avec naturel et passion de son métier dont les vastes tâches sont souvent méconnues du public et pourtant ô combien nécessaires ! Pour cela, il faut bien connaître son sujet ! Forestier-bûcheron à l’origine, Frédéric Blum cumule les formations depuis 12 ans tout en étant papa de trois enfants et éleveur de biches. Rencontre avec un amoureux de la nature…
KEVIN – En quoi consiste votre travail en tant que garde-forestier à Rougemont ?
Quelles sont vos principales activités ?
FREDERIC BLUM –Le métier de garde-forestier est très varié et implique une palette d’activités et de responsabilités différentes comme la gestion et la surveillance des forêts publiques communales et cantonales (bucheronnage, siviculture, génie forestier), le contrôle phytosanitaire (maladies des arbres), la police forestière pour garantir le respect des lois forestières et la vulgarisation et sensibilisation du public.
C’est un travail de justesse car il s’agit d’assurer la pérennité de la forêt tout en garantissant le moins d’interventions possible de l’Homme.
K – Selon vous quelle est l’importance de la biodiversité en Suisse ?
F.B – La biodiversité est primordiale car il y a beaucoup d’enjeux entre les populations utilisatrices et bénéficiaires de la nature et les différents écosystèmes (animaux et végétaux). Il faut donc trouver un juste équilibre entre tous ces paramètres.
Ici, au Pays d’En-Haut [district situé dans les Préalpes vaudoises, ndlr], 90 % des forêts sont protectrices car elles nous apportent sécurité en cas d’avalanches, de chutes de pierres, de l’eau torrentielle, des glissements de terrain…
K – Quelles espèces sont en danger aujourd’hui dans notre région ?
F.B – Sans hésiter la gelinotte ! Il s’agit d’une poule sauvage de petite taille qui vit au sol et grimpe dans les arbres pour assurer sa sécurité. Elle se nourrit de rameaux, de baies et de jeunes pousses. La gelinotte a d’abord souffert de la déforestation puis de l’inactivité de la forêt qui ensemble ont un grand impact sur sa reproduction. En mal d’inspiration, les mâles effectuent moins de parades… Le travail du garde-forestier ici est d’intervenir en recréant des « tableaux » forestiers propices à la reproduction et en leur construisant de nouveaux habitats.
Le lièvre sauvage est en danger également ! Il souffre d’une agriculture intensive. Notre action est de lui recréer des zones de sécurité à l’abri des prédateurs. Par exemple, en soutenant les agricultures qui créent des lisières étagées et servent de transition entre les forêts et les pâturages.
K – Comment définit-on le degré de menace de ces animaux ?
F.B – Grâce à la méthode de comptage qui permet de voir si les espèces sont présentes ou non sur les cartes.
K – Quels efforts de sauvegarde ? Quelles actions ont été mises en place ?
F.B – On collabore activement avec les biologistes et les services de la faune. Nous faisons des propositions d’actions et définissons des interventions comme le martelage, la coupe de bois, la création de nouveaux habitats, la création de lisières,… On procède à des contrôles réguliers pour observer s’il y a une expansion de l’espèce en danger.
K – Quelles solutions voyez-vous ?
F.B – La sensibilisation ! Rendre les gens attentifs aux respects des consignes dans les forêts (déchets, activités qui dérangent, etc).
0 réponse à “Frédéric BLUM, garde-forestier : « assurer la pérennité de la forêt avec le minimum d’interventions de l’Homme. »”