Les oursins violets se frayent actuellement un chemin à travers les forêts de varech de Californie à une vitesse et à une échelle sans précédent qui ont étonné les scientifiques. Cependant, comme les forêts de varech abritent depuis longtemps des oursins violets et rouges, il est clair que les trois espèces peuvent s’entendre. Une équipe de recherche dirigée par l’Université de Californie à Santa Barbara (UCSB) a entrepris d’étudier ce qui pousse les oursins à sortir d’une maison en grignotant. Ils ont découvert que la disponibilité de restes de varech, ou détritus, pourrait être le facteur décisif.
« Pourquoi est-ce que dans certains endroits les oursins provoquent la disparition d’une forêt de varech, et dans d’autres endroits, les oursins et le varech peuvent coexister ? » » a demandé l’auteur principal de l’étude, Adrian Stier, professeur agrégé d’écologie, d’évolution et de biologie marine à l’UCSB. « Notre analyse montre ce qui se passe sous le capot. Il offre beaucoup plus de précision pour expliquer quand et où on peut s’attendre à ce que les oursins dévorent le varech.
En combinant des expériences en laboratoire avec deux décennies de données de terrain, le professeur Stier et son équipe ont découvert que la disponibilité des détritus de varech modifie le comportement alimentaire des oursins, passant d’une alimentation passive, lorsque les détritus sont abondants, au pâturage actif de varech vivant, lorsque les détritus sont rares. Les analyses ont révélé que lorsque la demande d’oursins était supérieure à l’offre détritique, le stock permanent de biomasse de varech était 50 fois plus réduit.
Ainsi, moins il y a de varech disponible pour fournir suffisamment de détritus, plus les oursins sont susceptibles de s’aventurer dehors et de se nourrir de varech vivant. Ce phénomène crée une boucle de rétroaction qui peut pousser un écosystème au-delà d’un point de basculement, provoquant un changement soudain dans la composition des communautés de varech et d’oursins.
Ces résultats peuvent éclairer la manière d’aborder efficacement la gestion des forêts de varech. « L’étude suggère que les endroits les plus susceptibles de bénéficier d’une restauration sont ceux qui disposent d’un approvisionnement important en varech détritique venant d’ailleurs », a expliqué le professeur Stier. « Le meilleur endroit pour restaurer le varech n’est pas au milieu d’une zone stérile pour les oursins, là où il n’y a pas de varech aux alentours. C’est en fait dans des endroits plus proches d’autres forêts de varech. Alors peut-être devrions-nous essayer d’étendre la lisière d’une forêt de varech donnée à proximité », a-t-il conclu.
L’étude est publiée dans la revue Écologie.
—
Par Andreï Ionescu, Espèces-menacées.fr Rédacteur
0 réponse à “Pourquoi les oursins se nourrissent-ils parfois de varech vivant ?”