Une nouvelle étude publiée dans la revue Écosphère a découvert que les hyènes tachetées (Crocuta crocuta) sont capables de s’adapter à une présence réduite de proies migratrices sur leurs territoires induite par le changement climatique. Un ensemble de données d’observation couvrant trois décennies a révélé que, bien que l’augmentation substantielle des précipitations annuelles au cours de cette période ait réduit de moitié la présence d’herbivores migrateurs à l’intérieur des territoires des hyènes dans le parc national du Serengeti en Tanzanie, elle n’a pas affecté l’accès des hyènes femelles à l’eau. proies et l’allaitement réussi de leur progéniture.
Les changements dans le moment et la quantité des précipitations peuvent modifier la croissance de la végétation et donc la répartition des herbivores migrateurs, tels que les zèbres ou les gnous bleus de l’écosystème du Serengeti en Tanzanie. En fin de compte, de tels changements climatiques pourraient influencer l’emplacement des zones d’alimentation des prédateurs comme les hyènes tachetées, qui se nourrissent de ces herbivores.
Cependant, en surveillant quotidiennement trois clans de hyènes tachetées de 1990 à 2019, des chercheurs de l’Institut Leibniz de recherche sur le zoo et la faune sauvage en Allemagne (Leibniz-IZW) et du Centre d’écologie fonctionnelle et évolutive en France (CEFE) ont fait une découverte surprenante. : les hyènes tachetées semblaient parfaitement capables d’ajuster leur comportement alimentaire aux changements de présence de proies migratrices sur leurs territoires liés aux changements liés au climat.
Les scientifiques ont découvert que, bien que l’augmentation du volume des précipitations au fil des années soit corrélée à une diminution de la présence d’herbivores migrateurs, la fréquentation maternelle des hyènes (la présence de hyènes en lactation avec une progéniture entièrement dépendante du lait dans les tanières communes) n’a pas diminué, correspondant à des périodes de forte abondance de proies.
« La présence des mères à la tanière commune est un comportement clé directement lié à la survie des petits. Les hyènes tachetées du parc national du Serengeti se reproduisent tout au long de l’année. Leurs petits dépendent entièrement du lait pendant leurs six premiers mois de vie », ont expliqué les co-auteurs de l’étude, le Dr Marion East et le professeur Heribert Hofer, scientifiques principaux du Leibniz-IZW.
«Lorsque de grands rassemblements d’herbivores migrateurs se produisent sur le territoire du clan, toutes les mères allaitantes se nourrissent à l’intérieur du territoire et allaitent quotidiennement leurs petits. Lorsque les troupeaux migrateurs sont absents, il n’y a pas d’autres proies et les femelles alimentent la production de lait en se rendant régulièrement dans des régions éloignées pour se nourrir d’herbivores migrateurs. Après un à plusieurs jours, ils retournent dans les tanières communes pour allaiter leurs petits. »
Selon les chercheurs, ces résultats suggèrent que les hyènes ne s’appuient pas tant sur les attentes quant à l’endroit où les regroupements de troupeaux migrateurs devraient se trouver à un moment donné, mais plutôt sur d’autres moyens pour localiser de bons endroits pour se nourrir lors de leurs déplacements, comme l’observation des mouvements et des comportements. des membres bien nourris de leur clan, ou en utilisant des itinéraires de déplacement établis qui traversent de nombreux territoires.
Ainsi, les hyènes semblent particulièrement bien adaptées pour faire face aux changements de présence de leurs proies sur leurs territoires induits par le changement climatique. « Cela indique une grande plasticité dans la réponse de ce prédateur clé à la variabilité environnementale », a conclu la co-auteure de l’étude, le Dr Sarah Cubaynes, scientifique au CEFE.
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Par Andreï Ionescu, Espèces-menacées.fr Rédacteur
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