L’Union Internationale pour la Conservation de la Nature et des ressources naturelles (UICN) a tiré la sonnette d’alarme, le 29 octobre dernier, sur la situation des vautours africains. Oiseau mal aimé, effrayant même pour certains, le vautour n’en est pas moins un des acteurs les plus importants de la biodiversité.
Le constat : les vautours d’Afrique disparaissent
Ce triste constat est issu de la dernière évaluation des populations d’oiseaux menacés réalisée par BirdLife International, le partenaire de l’UICN dédié aux oiseaux. Six des onze espèces de vautours répertoriées en Afrique ont vu leurs populations décliner dangereusement en très peu de temps.
Quelles espèces de vautour sont concernées ?
Pour rappel, l’UICN classe les espèces menacées en plusieurs catégories. De la moins menacée à la plus critique, on trouve : préoccupation mineure > presque menacée > vulnérable > en danger > en danger critique d’extinction > éteinte à l’état sauvage (les derniers individus vivent en captivité) > éteinte.
Les recherches de BirdLife International ont permis de classer quatre vautours d’Afrique « en danger critique », la dernière catégorie avant la disparition à l’état naturel :
- Le vautour charognard (Necrosyrtes monachus)
- Le vautour africain (Gyps africanus)
- Le vautour de Rüppell (Gyps rueppelli)
- Le vautour à tête blanche (Trigonoceps occipitalis)
Si les trois premiers étaient anciennement classés « en danger », le dernier était lui considéré comme seulement « vulnérable » il y a quelques années. Il est aujourd’hui également en danger critique, ce qui fait de lui l’espèce qui a décliné le plus fortement.
Les deux dernières espèces de vautours africains dont le rapport de l’UICN met en avant le déclin sont classifiées « en danger ». Il s’agit du vautour chassefiente (Gyps coprotheres) et du vautour oricou (Torgos tracheliotos). Tous deux étaient auparavant classés comme vulnérables.
Quelles sont les menaces qui pèsent sur les vautours ?
Les causes de disparition des charognards africains sont les suivantes :
L’empoisonnement involontaire
Le vautour étant un charognard, il se nourrit d’animaux déjà morts. Or, l’une des causes de cette mort peut être l’empoisonnement aux pesticides ou autre produit. De plus, les paysans empoisonnent des carcasses afin de tuer les prédateurs du bétail. En ingérant la chair de l’animal, le poison passe de la proie au charognard.
L’empoisonnement intentionnel
Bon nombre d’habitants souhaitent la mort des vautours en Afrique et en premier lieu, les braconniers, dont les vautours en grand nombre dans le ciel indiquent à la police qu’un grand mammifère a été tué et donc signalent leur présence.
La capture par les braconniers
La dernière menace qui pèse sur les vautours représente 29 % des morts retrouvés. Ces oiseaux sauvages sont également abattus par les braconniers dans le but de vendre leurs parties génitales au marché noir. En effet, l’appareil génital des vautours a, comme la corne de rhinocéros, la réputation d’avoir certaines propriétés dans la médecine traditionnelle africaine.
Quelles conséquences au déclin des vautours ?
Les vautours ont un rôle primordial dans la nature : ce sont les « monsieur propre » de la savane ! En effet, en se nourrissant des carcasses mortes, les vautours nettoient l’ecosystème. Et ce rôle n’est pas qu’esthétique, bien au contraire ! Les animaux morts, en se décomposant, accueillent un grand nombre de bactéries que seuls les charognards digèrent. En empêchant la propagation des microbes, les vautours empêchent la diffusion de maladies. Ainsi, si la population de charognards décline, les corps des animaux restés sur place peuvent impacter la santé des autres espèces : contamination d’un point d’eau, d’un coin d’herbe, d’un herbivore qui sera ensuite mangé par un carnivore à son tour empoisonné…c’est un cercle vicieux qu’il faut à tout prix éviter.
L’extinction des différentes espèces de vautour peut avoir un impact à l’échelle de toute la biodiversité. Pour le sauver, il faut aller au-delà de son aspect parfois disgracieux et de son rapport étroit avec la mort et se rappeler que le vautour n’est qu’un oiseau à l’envergure souvent impressionnante, identifiable entre tous, indispensable à l’écosystème. Un oiseau menacé, de plus en plus. Un oiseau, encore un, qui pourrait très vite en venir à s’éteindre.
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