Le président indonésien, Joko Widodo, a fait de la lutte contre la pêche illégale son cheval de bataille depuis sa prise de fonction fin 2014. En 2015, environ 120 bateaux de pêche illégaux originaires de toute l’Asie ont été saisis et envoyés par le fond. L’année 2016 débute sur des bases encore plus élevées : ces deux derniers jours, 30 bateaux ont été coulés.
L’Indonésie est un archipel asiatique d’environ 7 000 îles. Sa zone économique exclusive, territoire maritime dont l’exploitation est réservée à un seul Etat côtier, est très importante : 5,8 millions de km². Rien d’étonnant donc à ce que l’Indonésie soit le 4ème producteur mondial de poissons. Pour autant, l’Etat a estimé que la pêche illégale, orchestrée notamment par d’autres pays asiatiques, représentait un manque à gagner de plusieurs millions de dollars par an.
Parce qu’elle ne peut protéger près de 6 millions de km² de mer, l’Indonésie a décidé de faire dans la démonstration de force. Depuis un an et demi, plus de 150 navires de pêche illégaux ont été sabordés sans distinction de nationalité ; une manière spectaculaire de rappeler aux pêcheurs qu’il n’existe pas de passe-droit en matière de braconnage. Réalisée ce début de semaine, la dernière opération de cette nature a été menée en cinq endroits différents et coordonnée par toutes les forces concernées, de la marine nationale au bureau du procureur général. Des navires vietnamiens, birmans, malais et philippins ont ainsi été sabordés ou dynamités.
Bien qu’il soit encore trop tôt pour savoir si le message est passé, l’Indonésie poursuit sa répression sans fléchir. En mai 2015, pourtant, la destruction d’un navire chinois avait manqué de provoquer un incident diplomatique entre les deux pays.
L’Indonésie a-t-elle raison d’employer de telles méthodes ? Ce n’est évidemment pas à nous d’en juger. Pour les spectateurs extérieurs que nous sommes, une chose est sûre : les eaux indonésiennes sont bel et bien victimes de braconnage. Dernier exemple en date : en décembre 2014, un navire illégal immatriculé au Panama a été saisi avec dans ses cales 900 tonnes de crevettes et de poissons, dont des espèces menacées et protégées comme les requins. Pour autant, la mise en scène des destructions de ces bateaux est interprétée par les spécialistes politiques comme une preuve de nationalisme grandissant de la part de l’Indonésie. La suite promet d’être compliquée.
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