Dans la nuit du 16 au 17 février, le plus important oléoduc du Pérou, le Norperuano, a cédé, semblerait-il suite à un glissement de terrain. A ce jour, 3 000 barils de pétrole brut se sont déjà répandus dans les rivières et la forêt amazonienne avoisinantes, un incident malheureusement de plus en plus fréquent.
Une catastrophe écologique et humanitaire
Cette énorme canalisation, gérée par l’entreprise Petroperú, transportait du pétrole extrait d’exploitations situées dans la forêt amazonienne jusqu’au terminal de Bayóvar, sur la côte Pacifique. Un voyage long de 854 kilomètres. Une première fuite de pétrole du 16 au 17 février, puis une seconde le 19 février, ont touché deux régions du Pérou, appelées Amazonas et Loreto, dans la partie péruvienne de la forêt amazonienne. Si le président, Ollanta Humala, a affirmé que 90 % de l’or noir avait pu être récupéré, il était déjà trop tard pour empêcher la contamination de plusieurs rivières qui alimentent directement les populations autochtones. L’état d’urgence sanitaire a d’ailleurs été déclaré le 17 février pour une durée de 90 jours « en rapport à la qualité de l’eau pour la consommation humaine ».
Mais qu’en est-il des répercussions sur l’environnement et sa biodiversité ? Il n’est plus à démontrer que la forêt d’Amazonie est l’un des écosystèmes les plus riches et les plus fragiles au monde. Déjà, les poissons morts flottent à la surface des rivières contaminées, impactant les animaux qui s’en nourrissent habituellement et ceux qui s’y abreuvent.
Un incident loin d’être isolé
Malheureusement, on ne compte plus les précédents. Selon l’Association interethnique pour le développement de la forêt péruvienne (AIDESEP), il y a déjà eu 11 fuites de pétrole dans la forêt amazonienne péruvienne sur ces 6 dernières années, dont une le 4 février qui serait à l’origine « d’une hécatombe environnementale », d’après le gouverneur régional de Loreto, Fernando Meléndez.
Les compagnies pétrolières sont directement pointées du doigt pour leurs négligences et le manque d’entretien des installations. Plusieurs scandales commencent à éclater au grand jour sur les pratiques de ces industriels. Le manque de réactivité leur est particulièrement reproché. En janvier, trois jours ont été nécessaires aux employés pour réagir à la fuite d’un oléoduc. Entre temps, 2 000 barils s’étaient déjà dispersés dans la nature. Autre scandale, l’utilisation d’enfants pour ramasser les hydrocarbures. D’après le gouvernement, des sanctions seront prises à l’encontre de quatre dirigeants responsables de l’emploi de mineurs.
Face à la multiplication de ce type d’incidents dans la région, il semblerait que les lignes bougent et que l’industrie pétrolière perde du terrain.
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