Le chinchilla à queue courte (Chinchilla Chinchilla ou Chinchilla Brevicaudata) est un petit rongeur nocturne originaire d’Amérique du Sud. Son nom viendrait directement d’une tribu indienne de la Cordillère des Andes, les Chinchas, pour qui le suffixe « lla » signifierait « petit ». D’autres hypothèses sont toutefois crédibles : « chinchilla » pourrait aussi venir des mots d’indien quechua « chin » et « sinchi », signifiant respectivement « silencieux » et « courageux ». Théorie moins exotique, l’origine pourrait être espagnole, « chinche » pouvant se traduire par « animal puant » et faisant alors référence à l’odeur dégagée par le rongeur en situation de stress.
Le genre Chinchilla compte deux espèces sauvages, les chinchillas à queue courte et à queue longue, et une espèce domestiquée. La population des deux premières a brutalement chuté au cours du XIXème siècle et, entre 1996 et 2017, le chinchilla à queue courte a été classé en danger critique d’extinction par l’UICN. Aujourd’hui, sa situation semble s’être améliorée : l’espèce est considérée « en danger » d’extinction.
Description physique du chinchilla à queue courte
Le chinchilla à queue courte pèse entre 500 et 800 grammes et mesure 30 à 35 centimètres du museau à la base de la queue. Cette dernière est touffue, mesure une dizaine de centimètres et compte une vingtaine de vertèbres. Doté d’une épaisse fourrure grise tirant parfois sur le bleuâtre, ses poils sont très faciles à arracher : cela lui permet d’échapper facilement aux prédateurs, laissant ces derniers avec une touffe de poils entre les pattes. Son ventre arbore quant à lui un poil beige, presque jaune.
Le corps du chinchilla à queue courte est globalement plus trapu que celui de son cousin à queue longue, Chinchilla Lanigera, et ses oreilles plus petites. Etant un animal nocturne, il dispose de longues vibrisses d’une dizaine de centimètres, ces mêmes moustaches que possèdent les chats. Quant à ses pattes, elles sont parfaitement adaptées à la Cordillère des Andes : ses griffes postérieures et ses coussinets lui permettent de s’agripper aux rochers et d’évoluer rapidement dans son environnement sans risquer de déraper.
Alimentation du rongeur
Le chinchilla à queue courte est essentiellement végétarien : il ne consomme des insectes que pour survivre aux périodes de sécheresse et d’hiver les plus rigoureuses. Son habitat naturel étant semi-désertique, ce rongeur se nourrit de tous les types de végétaux à sa portée, qu’il s’agisse de fruits, de feuilles, d’herbes sèches, d’écorces… Ces aliments lui permettent un apport suffisant en fibres, en protéines végétales et en cellulose, la matière organique qui compose la plupart des végétaux, qu’il est capable d’assimiler grâce à un appareil digestif très développé.
Ce rongeur sauvage étant nocturne, il se nourrit essentiellement dans l’obscurité. Pour se repérer, il tire parti de ses yeux et de ses vibrisses. Les premiers lui permettent de capter la moindre luminosité, les secondes d’évaluer la taille des crevasses dans lesquelles il se déplace. Lorsqu’il se nourrit, il se dresse sur ses pattes arrières et apporte l’aliment à la bouche grâce à ses pattes antérieures.
Localisation
L’habitat naturel de Chinchilla Brevicaudata est la Cordillère des Andes : historiquement, on le trouvait sur les actuels Pérou, Bolivie, Chili et Argentine. Désormais, il est considéré comme éteint au Pérou et en Bolivie, où aucun spécimen n’a été aperçu depuis plus de soixante ans.
Le chinchilla à queue courte évolue entre 3500 et 4500 mètres d’altitude, dans des zones de rochers semi-désertiques. Il y a encore 150 ans, lorsque l’espèce était répandue, les spécimens se regroupaient en colonies de plusieurs centaines d’individus, eux-mêmes divisés en familles de 2 à 6 membres : on pouvait alors les observer très facilement, montant et descendant avec une rapidité étonnante sur les parois escarpées. Aujourd’hui, la situation est bien différente : entre 1953 et 2001, aucun de ces rongeurs n’a été aperçu, laissant penser que l’espèce était définitivement éteinte. En 2001, 11 spécimens ont toutefois été découverts et capturés dans une zone très peu peuplée par l’Homme.
En 2012, une nouvelle colonie a été découverte au Chili, où on les pensait disparus. De fait, bien que cela ne soit qu’une supposition, il est probable que de petites colonies survivent dans des zones difficiles d’accès de la Cordillère des Andes.
Menaces qui pèsent sur ce mammifère
Les chinchillas à queue courte vivraient depuis 50 millions d’années dans la Cordillère des Andes, où ils sont restés cantonnés à cause des barrières naturelles. Cependant, au cours de deux derniers siècles, une chasse intensive a dangereusement réduit leur population.
La chasse
Les chinchillas ont toujours été chassés par les populations locales pour leur viande, pour en faire des animaux de compagnie ou pour leur fourrure : cette dernière est, en effet, particulièrement épaisse afin de résister aux rigueurs du climat. Cependant, la chasse a pris une toute autre proportion au début du XIXème siècle.
La fourrure du chinchilla, au-delà de sa douceur, présente une densité exceptionnelle pour le règne animal : avec 20000 poils par centimètre carré, elle a très rapidement attiré bien des convoitises. Cette caractéristique en a fait l’une des fourrures les plus chères du monde, et donc l’une des plus prisées par les chasseurs. En 1828, quelques années après avoir découvert l’espèce, son commerce se met en place. 30 ans plus tard, la demande s’envole. Entre 1900 et 1909, période la plus active, près de 15 millions de chinchillas (à queue courte et à queue longue, les deux espèces confondues) sont tués.
En un siècle, plus de 20 millions de chinchillas sont abattus. Entre 1910 et 1917, l’espèce devient rarissime, le prix des fourrures n’en augmente que davantage. Des élevages se mettent alors en place en Europe et aux Etats-Unis, mais ils encouragent paradoxalement de nouvelles captures et contribuent ainsi à réduire encore le nombre d’animaux sauvages. Le cercle infernal se poursuit et, finalement, l’espèce arrive au bord de l’extinction.
Autres causes de déclin
La chasse intensive représente la cause majeure de disparition de l’espèce, mais il pourrait y en avoir d’autres. Aujourd’hui, les données manquent, mais des questions se posent. Les populations de chinchillas, s’il en reste, disposent-elles du patrimoine génétique suffisant pour se développer ou sont-elles déjà condamnées ? Quelles implications a eu la disparition soudaine de millions de rongeurs sur la chaine alimentaire locale ? Est-il possible que le réchauffement climatique ou que l’activité humaine (les mines, la déforestation, le braconnage…) impacte encore les dernières communautés ? Ces questions n’ont pas encore trouvé de réponses.
Efforts de sauvegarde du chinchilla à queue courte
Les autorités sud-américaines ont très rapidement pris conscience que la chasse aux chinchillas prenait des proportions démesurées. Dès 1898, la chasse est règlementée, puis un traité entre le Chili, la Bolivie, le Pérou et l’Argentine est signé en 1910. L’effet est dévastateur : le prix de la fourrure est multiplié par 14. En 1929, le Chili passe un nouveau palier et interdit toute chasse, capture ou commercialisation de chinchillas. Le braconnage se poursuit malgré cela et n’est finalement interrompu qu’au cours des années 1970-1980, notamment grâce à la création d’une réserve nationale au nord du Chili.
En 1973, l’espèce fait son apparition dans l’annexe I de la CITES, ce qui interdit le commerce des chinchillas sauvages. Chinchilla Brevicaudata est classé « en danger critique d’extinction » par l’UICN. Il apparaît cependant très compliqué d’assurer la protection des dernières populations : plusieurs territoires sont soupçonnés d’abriter des spécimens mais les recherches, preuves et moyens manquent. Dès lors, comment empêcher un chasseur peu scrupuleux d’explorer certaines zones reculées de la Cordillère des Andes ? La protection de l’espèce passe par une détection exhaustive de toutes les populations et la formation de gardes permanents, ce qui n’est pas d’actualité.
Faute de pouvoir préserver les populations, d’autres moyens de sauvegarde sont à l’étude. Peu prometteurs, les essais d’introduction en Californie ou au Tadjikistan puis les essais de réintroduction au Chili ont tous échoués. Cependant, la fourrure de chinchilla a trouvé un substitut : un lapin d’élevage produit une fourrure très proche de celle du rongeur sud-américain, au poil le plus fin du règne animal et à la densité oscillant entre 8000 et 10000 poils par cm². Cela, couplé au succès des élevages, aurait soulagé la pression sur le chinchilla à queue courte : en dépit du manque de preuves, l’UICN considère depuis 2017 que le braconnage et la capture du chinchilla à queue courte ont diminué, ce qui a permis aux populations de reconquérir d’anciens territoires.
Reproduction
A la naissance, le chinchilla est minuscule : sa taille est de l’ordre du centimètre et il pèse environ 35-40 grammes. Il possède déjà une fourrure, des dents, a les yeux ouverts et entend les sons. A peine né, le chinchilla est capable de se nourrir de végétaux, mais a tout de même besoin du lait de sa mère. Le sevrage a lieu après six semaines de vie environ.
La plupart des spécimens atteignent leur maturité sexuelle à l’âge de 8 mois, mais il peut arriver qu’une femelle soit en mesure de se reproduire dès 5 mois et demi. Dès lors, l’accouplement peut avoir lieu deux fois par an, entre mai et novembre. La gestation s’étale ensuite sur 128 jours (environ 4 mois) en moyenne et permet la mise au monde d’un à trois petits. Les mères chinchillas sont très protectrices : elles défendent leur progéniture de tous les intrus, peuvent mordre et cracher sur d’éventuels prédateurs. Une semaine après l’accouchement, une femelle est physiologiquement en mesure d’être à nouveau fécondée.
Un chinchilla sauvage peut vivre entre 8 et 10 ans ; en captivité, en suivant un régime strict, il pourra atteindre 15 à 20 ans.
En savoir plus
Le chinchilla le plus connu en Europe est très probablement le chinchilla dit « domestique », l’animal de compagnie. Cette espèce a été créée au milieu du XXème siècle à partir d’animaux d’élevage, qui étaient destinés à produire de la fourrure. Il s’agit donc d’une espèce hybride, adaptée à la captivité et née de croisements successifs entre le chinchilla à queue courte et le chinchilla à queue longue.
2 Réponses to “Le chinchilla à queue courte”
06.04.2021
JeanLe chinchilla a besoin de toi !
18.11.2018
nesrineCet animal est magnifique alors garde-le!