Espèce emblématique du Sahel, l’oryx algazelle, déclarée éteinte à l’état sauvage en 2000 par l’UICN, va être réintroduite au Tchad. Cet événement est l’aboutissement du travail combiné de l’Agence pour l’Environnement d’Abou Dhabi et du gouvernement tchadien.
Mi-mars 2016, un avion cargo transportant 25 oryx algazelle atterrit à Abéché (Tchad). Ces spécimens proviennent d’Abu Dhabi, aux Emirats Arabes Unis, où un troupeau a été formé au milieu des années 60 et compte aujourd’hui 3 000 têtes ; celui-ci alimente plusieurs programmes de réintroduction dans le monde. Les 25 oryx ont aussitôt été transférés dans la réserve de Wadi Rimé Wadi Hachim, où ils resteront durant encore quelques mois afin de s’acclimater, puis seront relâchés pendant la saison des pluies sur un territoire libre de toute clôture. La zone sélectionnée n’est pas protégée et ce n’est pas un parc national. Il s’agit bel et bien du retour d’un grand herbivore à l’état sauvage, et les spécialistes espèrent qu’il aura des conséquences positives sur l’écosystème du Sahel.
Une réintroduction suivie de près
Chacun des 25 oryx algazelle est équipé d’un collier satellite qui, après plusieurs expériences, a été jugé sans conséquence sur le comportement des antilopes. Cette technologie permettra aux scientifiques de les suivre à la trace, d’étudier leurs mouvements afin de préparer les prochaines réintroductions, et bien sûr de garantir leur protection. Le braconnage est en effet l’une des principales raisons de la disparition de l’espèce à l’état sauvage : cornes, cuir et viandes étaient très demandées. Le marché n’est aujourd’hui plus d’actualité et la chasse d’oryx algazelle semble peu probable, mais un groupe de rangers a tout de même été entraîné et sera chargé de veiller sur le troupeau. De plus, cette équipe travaillera à sensibiliser les populations locales, dont le soutien est primordial.
Le rôle important des zoos
Le Tchad est le dernier pays connu à avoir abriter un oryx algazelle à l’état sauvage, espèce emblématique du Sahel, à l’instar du kangourou pour l’Australie ou du bison pour l’Amérique du Nord. L’objectif du gouvernement tchadien est maintenant de reconstituer une population de 500 individus à l’état sauvage au cours des cinq prochaines années. Le pays compte accueillir de nouveaux spécimens en provenance des Etats-Unis, où des ranchs élèvent des troupeaux, et de plusieurs parcs zoologiques d’Europe. En effet, si l’oryx algazelle a officiellement disparu à l’état sauvage, plusieurs populations subsistent en captivité à travers le monde, ce qui a permis d’établir un programme de reproduction sans risquer la diminution du patrimoine génétique de l’espèce. Un bon exemple du rôle que peuvent tenir les parcs animaliers dans la protection des espèces menacées.
Ce projet de réintroduction, s’il est un succès, pourra, un jour peut-être, être décliné pour les éléphants, les tigres ou encore les lions et prouver que malgré son extinction à l’état sauvage, une espèce peut à nouveau fouler sa terre d’origine.
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