En 1994, la perruche de Maurice était considérée comme en danger critique d’extinction par l’UICN avec une dizaine de représentants seulement dans le monde. Dos au mur, le programme de conservation, né en 1973, s’est alors intensifié et aujourd’hui, moins d’un quart de siècle plus tard, les résultats sont plus qu’encourageants. Psittacula eques compte désormais 700 individus.
La perruche de Maurice était condamnée à disparaître
La perruche de Maurice est une espèce endémique de l’île Maurice. Au cours du XXème siècle, la dégradation de son habitat a conduit l’oiseau à un inexorable déclin. Des milliers de perruches ont disparu à cause du remplacement de forêts ancestrales par des plantations. En 1996, on estimait que 5% de l’île seulement était encore recouverte de sa forêt originelle; celle-ci constituant le socle du régime alimentaire de la perruche, sa destruction a entraîné la quasi-extinction de l’espèce. De plus, l’introduction de très nombreuses espèces sur l’île, parmi lesquelles des cochons, des cerfs, des macaques ou même des abeilles, a engendré une concurrence dévastatrice pour la perruche : réduction d’un réservoir alimentaire déjà affecté par les terres agricoles, déplacement des zones de nidification, pression des prédateurs sur les nouveau-nés… La perruche de Maurice était alors condamnée à disparaître.
La victoire des organisations locales de protection de la vie sauvage
La survie de l’espèce et l’augmentation de sa population sont sans conteste le fruit du travail des organisations locales de protection de la vie sauvage, qui ont protégé les nids, contrôlé les prédateurs, nourri les perruches qui en avaient besoin, assuré la diversité génétique de l’espèce. Si, aujourd’hui, l’espèce recense un effectif inespéré de 700 spécimens, le combat n’est pas encore fini : le gouvernement mauricien veut désormais transformer la vallée de Ferney, où plusieurs perruches ont été relâchées le 15 avril, en un « lieu de conservation et d’information sur la biodiversité mauricienne« .
Le souvenir du Dodo
Le coût total du projet de conservation de la vallée de Ferney s’élève à 480 millions d’euros répartis sur 4 ans. Supervisé par la Fondation pour la vie sauvage de l’île Maurice (Mauritian Wildlife Foundation, MWF), il ne se contente pas de réintroduire les perruches dans leur milieu : l’objectif est de réintroduire et protéger plusieurs autres espèces endémiques de l’île, comme le tchitrec des Mascareignes ou le pigeon rose, mais aussi de conserver la flore locale, qui comprend plusieurs plantes rares. A terme, certains espèrent réintroduire la perruche de Maurice sur l‘île de la Réunion, où elle vivait il y a quelques décennies.
Si le gouvernement est aussi impliqué dans la sauvegarde des espèces, c’est qu’il a déjà perdu l’une de ses espèces emblématiques. En effet, l’extinction du dodo est directement liée à l’activité humaine. Aujourd’hui, l’île Maurice ne souhaite pas voir une autre espèce endémique de son île disparaître.
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