La grenouille corroboree (Pseudophryne corroboree), amphibien endémique du sud-est de l’Australie, ne comptait qu’une cinquantaine d’individus au milieu des années 2000. Aujourd’hui, dix ans après la création de son programme de conservation, l’espèce pourrait enregistrer un bond spectaculaire de sa population.
La grenouille corroboree pourrait voir s’éloigner la menace de l’extinction. La semaine dernière, 1850 œufs pondus dans les zoos de Sydneyet Melbourne ont été réintroduits dans leur milieu naturel, au cœur du Kosciuszko National Park, et ce n’est pas fini : les semaines à venir verront des milliers d’autres œufs rejoindre les premiers au bord de petits points d’eau. Selon Michael McFadden, curateur au zoo de Taronga (Sydney), six mois seront nécessaires pour qu’ils passent du stade de têtard au stade de grenouille, puis 4 ans de plus pour qu’ils atteignent leur maturité sexuelle. La reconquête de son aire de répartition sera donc encore longue, mais McFadden est optimiste : en poursuivant les efforts, l’avenir devrait encore s’éclaircir pour cet amphibien dans les prochaines années.
Très facilement identifiable grâce à sa couleur, noir rayé de jaune, la grenouille corroboree est un petit amphibien mesurant 2,5 à 3 centimètres de long. En 2002, alors qu’elle est composée de moins de 100 spécimens, l’espèce est classée en danger critique d’extinction par l’UICN. Quelques années plus tard, un programme de conservation voit le jour. Son objectif : capturer des grenouilles corroboree et leur permettre de se reproduire dans un environnement sûr, en quarantaine, loin de toute menace. Le petit amphibien est en effet principalement victime de la chytridiomycose, une maladie fongique responsable du déclin ou de la disparition de 200 espèces de grenouilles.
Conscients des ravages causés par cette infection, les scientifiques australiens ont soigneusement organisé la réintroduction des œufs en ce mois d’avril 2016. Ces derniers ont été déposés autour de points d’eau sélectionnés en fonction de leur niveau de concentration du champignon. Les experts sont même allés plus loin et ont volontairement exposé ces milliers d’œufs à la maladie. En effet, malgré les recherches internationales, Michael McFadden explique que « sur le long terme, la maladie est amenée à perdurer et les grenouilles doivent donc développer une résistance« .
Victoire incontestable pour tous les partenaires du programme (parcs zoologiques, organisations gouvernementales et associations), cette opération est l’aboutissement de dix ans d’études et de recherches. Ces milliers d’œufs représentent le lâcher le plus important de grenouilles corroboree jamais réalisé mais déjà, les résultats sont là : la plupart des individus matures évoluant à l’état sauvage sont issus du programme de conservation et, sans celui-ci, l’espèce aurait probablement disparu sous deux ans.
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