« Nous assistons en direct à l’extinction de l’addax » : voici en quelques mots le résumé de la situation selon le Dr Jean-Christophe Vié, directeur adjoint du Programme de l’UICN pour les espèces. Ce constat sans appel fait suite à la campagne de recherche de mars 2016 où seulement trois addax ont été trouvés à l’état sauvage. En 2010, le même relevé comptabilisait 200 animaux.
L’addax ou antilope à nez tacheté
Addax nasomaculatus, parfois appelé antilope à nez tacheté en français, est une espèce nomade d’antilope habitant le désert du Sahara. Reconnaissable aux cornes annelées et torsadées portées par les deux sexes, l’addax est classé en danger critique d’extinction depuis 2000 par l’Union Internationale pour la Conservation de la Nature. Sa chasse et sa capture sont formellement interdites. Pourtant, la campagne de relevé réalisée en mars dernier par deux organisations membres de l’UICN a révélé un triste constat. L’espèce n’a jamais été aussi proche de l’extinction.
Selon le Sahara Conservation Fund (SCF) et l’ONG Noé, les relevés aériens réalisés sur plus de 3 200 km dans l’aire de répartition de l’espèce n’ont permis de trouver aucun individu après 18 heures de vol ! La technologie employée était pourtant de pointe : des caméras infrarouges à très haute résolution installées à bord d’un avion de l’armée nigérienne, capables de détecter les animaux depuis le ciel. Une autre équipe, chargée des recherches au sol elle, a eu légèrement plus de chance. Après avoir parcouru sans succès 700 km dans l’aire de répartition de l’animal, elle a suivi des traces relevées au cours des six mois précédents et a fini par découvrir un groupe de trois addax, qu’ils ont qualifié de « très nerveux ». Il y a six ans, la même opération avait permis d’estimer la population de Addax nasomaculatus à 200 individus. Un constat déjà inquiétant qui avait donné naissance à un programme de protection pour l’animal.
Les causes du déclin de l’addax
Les causes de ce déclin sont identifiées : elles découlent de l’installation de la société pétolière China National Petroleum Corporation (CNPC) dans le désert du Niger. En plus des forages et des allers-retours des camions et autres bulldozers sur la zone d’habitat de l’addax, des militaires ont été affectés spécialement à la protection de l’industrie pétrolière. Ils en auraient apparemment profité pour verser dans le trafic d’espèces menacées et auraient « contribué à accroître la pratique du braconnage dans le dernier refuge de l’addax, la réserve naturelle nationale de Termit et Tin-Toumma, qui est aussi la plus grande zone protégée du continent africain, dans le Niger oriental », explique l’UICN dans un communiqué.
C’est pourquoi, Jean-Christophe Vié s’est montré si pessimiste : « Sans une intervention immédiate, l’addax pourrait perdre la lutte pour sa survie, face au braconnage illégal et incontrôlé et à la perte de son habitat. »
Pour éviter ce drame, l’UICN propose plusieurs mesures :
- protéger les derniers addax
- empêcher les soldats de braconner
- coopérer avec la CNPC pour prévenir l’extinction de l’addax
- renforcer la population existante en introduisant des individus élevés en captivité
Des mesures de bon sens qui semblent bien dérisoires face à l’urgence de la situation.
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