Créée par Marie-Pierre Puech en 1996, l’association Goupil connexion est l’un des 45 centres de l’Union Française des Centres de Sauvegarde de la faune sauvage. En 2008, cette vétérinaire d’expérience, qui n’aspire qu’à la communion entre les hommes et la nature, fonde également l’hôpital pour la faune sauvage. Interview.
Pourquoi avoir fondé « Goupil Connexion » en 1996 ?
Marie-Pierre Puech : Je suis vétérinaire depuis plus de 35 ans. Le point de départ de Goupil Connexion est mon intérêt pour la connaissance et la culture scientifique. Il y a en France une ignorance énorme en termes d’éducation scientifique et de compréhension de la biodiversité. On apprend à lire, écrire, compter mais pas à connaitre le monde. J’ai créé l’association Goupil Connexion en 1996 en lien avec des éleveurs de l’arrière-pays de l’Hérault, dans le but de faire de l’écologie sociale, solidaire et partagée.
Le cœur de l’association est de prendre soin d’un territoire, la fraîchement renommée région Occitanie, mais également de prendre soin des gens qui l’habitent en leur donnant du sens. Pour cela, nous faisons d’eux des acteurs de l’environnement via le club nature, le nettoyage de la nature ou des rivières. Ce qui m’intéresse, c’est de continuer à partager, d’enrichir mes connaissances par l’éducation populaire scientifique. De par notre faculté à les soigner, nous sommes les porte-paroles des animaux et de la nature.
L’hôpital pour la faune sauvage (HFS) a été fondé en 2008. L’idée était, en tant que vétérinaire, de faire quelque chose avec mes mains pour soigner les animaux des bords de route, ceux en détresse ou blessés, car il y a une grande pénurie de centres de soins dans la région. Nous avons aussi vocation à former les jeunes vétérinaires qui viennent apprendre durant un mois comment soigner la faune sauvage. Tout cela permet de changer le regard des Hommes sur ces étranges étrangers que sont un martinet noir, un guêpier, un rollier d’Europe, un vautour etc. mais également de recréer du maillage entre les hommes et du lien entre les hommes et la nature. Lors d’un sauvetage, il y a toute une chaîne qui se met en place, de la personne qui trouve l’animal à celui qui fait les premiers soins en passant par la personne qui nous l’amène. Et le jour où l’animal est relâché, tout le monde est heureux et repartira davantage attentif ou bienveillant à l’égard de la faune sauvage. Un autre aspect de l’HFS, auquel je tiens, est cette capacité d’être « un observatoire de la santé de la nature ». Il faut pouvoir dire objectivement, « cette année X animaux ont été empoisonnés, X animaux écrasés, X animaux électrocutés ». Nous avons besoin de gens attentifs pour surveiller la santé de la nature, car derrière c’est la santé de l’humain qui est en jeu.
Combien d’animaux soignez-vous par an environ ? Quelles espèces sont les plus touchées et par quels types de blessure ?
M-P Puech : Quand nous avons créé l’hôpital, en 2008, nous avons recueilli 80 animaux. Cette année 2016, nous serons sans doute autour des 2 000 animaux. Il y a une réelle saisonnalité. La majorité des animaux arrive entre avril à fin août. C’est une période où il y a beaucoup d’orphelins, de juvéniles tombés du nid ou attrapés par un chat. Nous accueillons en majorité des oiseaux et quelques mammifères mais nous en refusons d’autres, par manque de structure, notamment les jeunes chevreuils et les sangliers. On explique aux gens qu’il faut arrêter de penser que tous les animaux sont abandonnés. Par exemple, un faon n’est jamais seul. Sa mère, même si vous ne pouvez la voir, est présente à 20 mètres de lui. Les gens pensent bien faire et emmènent le faon avec eux alors qu’il suffirait juste de vérifier qu’il n’est pas blessé et de le laisser tranquille. Contrairement à l’idée populaire, même touché par l’Homme, un faon n’est pas rejeté par sa mère.
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3 Réponses to “MP Puech, Goupil Connexion : « On apprend à lire, écrire mais pas à connaître le monde »”
04.03.2020
XJ’ai été touchée par ce que vous faites pour les animaux sauvages Amoureuse des animaux et de la nature je comprends votre dévouement j’ai recueilli il y a 6 mois un goéland que j’ai vu s’envoler c’était très émouvant encore bravo pour tout ce que vous faites pour la nature et les animaux
15.12.2016
Robert Gilbert Sayumweje m’appelle Robert Gilbert Sayumwe, je suis très touché par votre initiative. Moi aussi socio-anthropologue de formation et enseignant de la sociologie de l’environnement à l’Université polytechnique de Gitega au Burundi j’ai eu une idée avec ma femme Zootechnicienne qui est de soigner les chiens que je trouve toujours en détresse mais nous n’avons pas encore trouvé assez d’appui . Nous aimerions avoir une bonne orientation.
08.09.2016
duma762000je suis entièrement d’accord avec vous sur l’éloignement de l’être humain de la Nature. Nous nous disons « civilisés », en réalité nous avons perdu nos racines. Si nous nous intéressions plus à ce qui nous entoure, l’état de la planète serait moins catastrophique. Merci pour vos actions