Nous profitons de la Journée mondiale de sensibilisation aux vautours qui se déroulera le 3 septembre prochain pour vous donner des nouvelles du vautour de Pondichéry dont nous avons écrit la fiche en 2012.
Le vautour de Pondichéry
Rappel : Le vautour de Pondichéry est un oiseau charognard qu’on retrouve en Asie du Sud-Est (Inde, Vietnam, Népal, Cambodge…). Son déclin a été fulgurant à partir des années 90 à cause de l’introduction d’un médicament utilisé pour traiter les inflammations chez le bétail : le diclonéfac. Ingéré via les carcasses des bêtes, ce produit provoque des insuffisances rénales aux vautours. En Inde, la population de vautour à tête rouge a ainsi baissé de 91 % entre 1990 et 2003 ! L’espèce serait passée d’une population de 10 000 individus à une centaine aujourd’hui. Un déclin rapide qui a conduit l’UICN à classer l’espèce en danger critique d’extinction en 2007. Depuis cette date, il n’a pas quitté cette triste catégorie. Pourtant, la fabrication de diclonéfac est interdite en 2006 en Inde, au Népal et au Pakistan. Malgré cela, le produit continue à être utilisé et vendu. Une seconde loi a été votée en 2008, interdisant cette fois la vente et l’utilisation de ce produit nocif aux vautours ; car il faut savoir qu’il n’y a pas que le vautour de Pondichéry qui en est la victime. Le vautour à long bec (Gyps tenuirostris) et le vautour chaugoun (Gyps bengalensis), deux autres charognards asiatiques en danger critique d’extinction, ont subi des pertes équivalentes.
Quoi de neuf depuis 2012 ?
Quels sont les effets de l’interdiction du diclonéfac presque 10 ans après ? Difficile à dire. Si la population de Sarcogyps calvus ne semble pas avoir augmentée, il apparaîtrait que son déclin a en revanche ralenti. La raison de ce succès en demi-teinte est simple : bien que le médicament vétérinaire ne soit plus produit, des éleveurs ont détourné les doses vendues pour une utilisation humaine afin d’en donner à leurs bêtes. Toutefois, aujourd’hui la sensibilisation et surtout l’apparition d’une alternative sans danger pour les charognards commencent à faire changer les mentalités.
La bonne nouvelle nous vient du Sanctuaire de la vie sauvage de Wayanad (WWS), dans le Kérala, un état du sud-ouest de l’Inde. Ce lieu est l’un des derniers qui comptent des populations reproductrices des trois espèces de vautours en danger critique d’extinction. En mars 2016, le projet « Rs 24 lakh » défendu par le département des forêts a été acté, faisant de ce lieu une zone protégée pour ces oiseaux. Le même mois, une enquête avait permis d’évaluer que 70 vautours vivaient au Sanctuaire, dont une population en âge de se reproduire de 35 vautours chaugoun, 5 vautours de Pondichéry et 4 vautours à long bec.
Le projet « Rs 24 lakh » inclut notamment :
- La surveillance humaine des sites de nidification des vautours
- La surveillance du nombre de carcasses à disposition des charognards
- Un programme de recherche à long terme sur la conservation du vautour
- Une campagne de sensibilisation sur les effets du diclofénac
En dehors de l’Inde, d’autres efforts de conservation sont à noter. Au Cambodge, les populations de vautours sont également suivies de près. Il existe même des « restaurants à vautours » dans les plaines du nord et de l’est du Cambodge pour palier le manque d’alimentation disponible dans la région. Ce projet est géré par le « Cambodia Vulture Project », en partenariat entre le Gouvernement royal du Cambodge et des ONG nationales et internationales.
Autre point d’amélioration, un plan d’élevage en captivité a été actée (EEP). Malheureusement, la reproduction en parc zoologique est compliquée pour ces oiseaux, qui ne mettent au monde qu’un petit par an. Un faible rythme de renouvellement de la population qui nuit évidemment à sa croissance.
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