Le Congrès mondial de la nature de l’UICN, qui a débuté le 1er septembre à Hawaï, commence à délivrer ses premières conclusions. La grande messe des experts de la flore et de la faune du monde entier a été l’occasion de procéder à une mise à jour de la liste rouge des espèces menacées. Celle-ci comporte à présent 82 954 noms, dont 23 928 espèces menacées.
La liste rouge de l’Union Internationale pour la Conservation de la Nature (UICN en français ou IUCN en anglais) fait autorité dans le monde pour comprendre l’état de la biodiversité. Chacune de ses mises à jour amène son lot de bonnes et de mauvaises nouvelles. Pour cette publication du 4 septembre 2016, le grand perdant est sans conteste le gorille de l’Est. Le gagnant en revanche est le très médiatique panda géant, qui pourrait bientôt ne plus être considéré comme une espèce menacée.
Pour rappel, l’UICN classe les espèces animales et végétales dans différentes catégories, de la moins menacée à la plus proche de l’extinction :
Peu concerné (LC) > Quasi-menacé (NT) > Vulnérable (VU) > En danger (EN) > En danger critique d’extinction (CR) > Eteint à l’état sauvage (EW) > Eteint (EX).
Une espèce est considérée comme menacée à partir de « vulnérable ».
Ces espèces qui vont mieux…
Le panda géant, Ailuropoda melanoleuca, est dorénavant classé vulnérable. Selon la dernière estimation du gouvernement chinois, qui fait suite à l’enquête nationale menée entre 2011 et 2014, on compterait aujourd’hui 1 864 plantigrades, soit presque 300 animaux de plus en 10 ans. Cette population en augmentation est notamment le résultat d’effort de reboisement et de protection des forêts de bambous chinoises. L’UICN pointe le doigt sur les effets dévastateurs que pourraient engendrer le changement climatique sur cet habitat.
L’antilope du Tibet va également mieux. En passant de la catégorie « en danger » à « quasi-menacé », Pantholops hodgsonii fait un réel bond en avant. Les estimations actuelles parlent de 100 à 150 000 antilopes tandis que dans les années 80 – 90, on comptait 65 à 72 0000 individus. Les antilopes du Tibet sont tuées pour leur sous-poil laineux appelé « shahtoosh » avec lequel on fabrique des châles.
Le rat architecte descend d’une strate et quitte le rang des espèces menacées ! Endémique d’Australie, Leporillus conditor est un modèle de plan de conservation réussie ! Elevage en captivité et réintroductions dans des zones sans prédateurs ont permis à l’espèce de passer de vulnérable à quasi-menacée.
Enfin, natif également de la grande île d’Océanie, l’Onychogale bridé, une espèce de marsupial, a quitté la catégorie « en danger » pour « vulnérable ». Onychogalea fraenata de son nom scientifique a subi un important déclin au XIX et XXème siècle. Le transfert de populations reproductrices dans des aires protégées a permis au wallaby de remonter la pente.
… et celles qui vont de plus en plus mal
Seule évocation du monde végétal dans cette mise à jour, l’état de la flore endémique d’Hawaï est particulièrement inquiétant. L’UICN met l’accent sur le rôle dévastateur des espèces invasives, comme les cochons et les chèvres, qui piétinent et mangent des plantes endémiques très rares.
Sur les 415 espèces de plantes endémiques, 87 % sont aujourd’hui menacées d’extinction. 38 sont déjà éteintes et quatre sont éteintes à l’état sauvage. Autre chiffre inquiétant, 38 espèces comptent moins de cinq spécimens.
C’est l’information à retenir de cette mise à jour : le gorille de l’Est est passé « en danger critique d’extinction ». Il rejoint dans cette triste catégorie trois autres grands primates : le gorille de l’Ouest, l’orang-outan de Bornéo et l’orang-outan de Sumatra). La population de Gorilla beringei a baissé de 70 % en 20 ans ! Elle est actuellement estimée à moins de 5 000 individus. La cause principale de ce déclin vertigineux est la chasse, malgré le fait qu’il soit illégal de tuer ou de capturer un grand singe. Le gorille de l’Est possède deux sous-espèces, celle des plaines orientales et celle des montagnes. Le premier a perdu 77 % de son effectif en 22 ans. On en compte plus aujourd’hui que 3 800. Le gorille des montagnes est lui représenté par environ 880 spécimens, un chiffre faible et pourtant en légère augmentation.
Les deux autres grands primates, le bonobo et le chimpanzé, sont tous deux classés « en danger » pour le moment.
Equus quagga n’est pas encore une espèce menacée mais il est en prend le chemin. Le zèbre des plaines est passé de « préoccupation mineure » à « quasi-menacé », et pour cause : sa population a baissé de 24 % en 14 ans en passant de 660 000 individus à 500 000 actuellement. La chasse pour la viande et le commerce des peaux semblent expliquer ce déclin.
Enfin, trois espèces d’antilopes d’Afrique ont changé de catégorie en passant de « préoccupation mineure » à « quasi-menacé » : le céphalophe à bande dorsale (Cephalophus dorsalis), le Céphalophe à ventre blanc (Cephalophus leucogaster) et le Céphalophe à dos jaune (Cephalophus silvicultor). Ces antilopes des forêts sont victimes de la chasse et de la destruction de leur habitat.
Cette mise à jour au 4ème jour du Congrès mondial de la nature de l’UICN est l’occasion pour sa directrice générale, Inger Andersen, de faire le point : « chaque mise à jour de la Liste rouge de l’UICN nous montre que la crise mondiale de l’extinction avance très vite. Les mesures de conservation donnent des résultats, nous en avons chaque jour plus de preuves. Nous devons redoubler d’efforts pour inverser la tendance et sauvegarder l’avenir de notre planète. »
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