Un rapport de l’UICN paru début septembre se félicite de la situation des baleines grises occidentales (Eschrichtius robustus) : alors qu’il n’en subsistait que 115 en 2004, la population a bondi de plus de 50 % en 12 ans et se portait en 2015 à 174 individus. Un tel résultat n’a été possible que grâce au concours de Sakhalin Energy, l’un des plus importants acteurs pétroliers de l’est de la Russie : en travaillant depuis 2002 avec le WGWAP, un groupe de scientifiques indépendants, l’entreprise a largement réduit son impact environnemental dans la mer d’Okhotsk.
Industrie pétrolière contre protection de l’environnement
La mer d’Okhotsk, à l’est de la Russie, est une zone particulièrement riche en ressources énergétiques fossiles. Au début des années 1990, lorsque des multinationales s’y installent afin d’exploiter les milliards de tonnes de gaz et de pétrole de la région, les associations de protection de l’environnement dénoncent des dommages collatéraux. Rapidement, l’écosystème local se dégrade et la population de baleines grises se nourrissant dans ces eaux est touchée. Quelques années plus tard, au début des années 2000, l’espèce fait son entrée sur la liste rouge de l’UICN. Si cette décision est l’objet de réjouissances pour certains, elle ne fait qu’ajouter un sujet de tension entre les acteurs de la région. Comme le rappelle le rapport de l’UICN, « les conditions n’auraient pu être plus favorables à un conflit » : la mer d’Okhotsk réunissait « un écosystème vulnérable, une espèce iconique en danger, une coalition organisée d’ONG, une communauté scientifique active, l’existence de nombreuses ressources en pétrole, une multinationale tenue de se développer« .
La naissance du WPWAG
En 2004, grâce à la pression des ONG, Sakhalin Energy se voit contrainte de faire appel à un groupe de scientifiques indépendants. De là naît le Western Gray Whale Advisory Panel (WPWAG), appelé en français « Groupe consultatif sur la baleine grise occidentale ». Son rôle sera de conseiller l’entreprise afin de limiter les impacts de ses activités sur l’environnement.
Après 12 ans de travaux, les résultats sont là ! En 2005, alors que Sakhalin Energy souhaite construire un pipeline, le WPWAG recommande et obtient de détourner le tracé initialement prévu afin de minimiser les nuisances sonores, les risques de collision entre bateaux et baleines et l’exposition aux éventuelles marées noires. Trois ans plus tard, le WPWAG contribue à développer l’un des plans d’intervention anti-marée noire les plus aboutis du monde. En 2010, le groupe participe à une étude qui fera date : en traçant par satellite plusieurs baleines, les scientifiques s’aperçoivent que certaines d’entre elles, au lieu de descendre la côte asiatique, quittent à la fin de l’automne la mer d’Okhotsk afin de rejoindre la côte mexicaine pour l’hiver. Le voyage, long de près de 11 000 km, est la plus grande migration jamais observée chez les mammifères. Entre études sismiques, recherches scientifiques et développement de meilleures pratiques, le WPWAG aura adressé près de 550 recommandations à Sakhalin Energy.
Développer ce partenariat pour sauver les baleines grises
La collaboration entre le WPWAG et Sakhalin Energy, initialement source de longs débats, de défiance et de profonds désaccords, est devenue au fil des années un véritable partenariat qui devrait être reconduit jusqu’en 2021. Le WWF encourage aujourd’hui « les institutions financières à reproduire ce succès » ; dans la ligne de mire de l’ONG se trouvent par exemple Exxon, Gazprom et Rosneft, trois entreprises pétrolières opérant dans la mer d’Okhotsk, ou les représentants locaux de l’industrie de la pêche. En effet, le rétablissement de la population de baleines grises reste fragile : les efforts de Sakhalin Energy peuvent encore être réduits à néant.
1 réponse to “La population de baleines grises occidentales augmente de 50% en 12 ans”
19.11.2016
VAGNAIRTrès instructif, informations et actualités TOP