Un groupe d’écologistes a découvert des milliers de carcasses de grenouilles du lac Titicaca (Telmatobius culeus), un amphibien en danger critique d’extinction. Une enquête a été ouverte par les autorités péruviennes.
La pollution, fléau de la grenouille du lac Titicaca
Quelques 10 000 grenouilles du lac Titicaca, au Pérou, seraient mortes de cause encore inconnue. La paternité de cette macabre découverte revient au Comité de lutte contre la pollution du fleuve Coata, un affluent du lac Titicaca. Cette association locale de protection de l’environnement a été contrainte d’apporter une centaine de cadavres de batraciens sur la place centrale de Puno, la capitale régionale, avant de se faire entendre des autorités. Selon Maruja Inquilla, la représentante du groupe, dont les propos ont été rapportés par la BBC, l’explication de ce phénomène est à chercher du côté de la pollution. Malgré les appels lancés aux autorités et la mise en cause répétée de Juliaca, une ville comptant 200 000 habitants à quelques kilomètres en amont du fleuve, ni usine de traitement des eaux usées ni plan de gestion des déchets n’ont été établis.
Le verdict du gouvernement n’est pas encore connu mais l’enquête menée par le SERFOR, l’agence péruvienne de protection des forêts et de la vie sauvage, a déjà révélé ses premières conclusions : « en nous basant sur les témoignages des résidents et sur les observations réalisées dans les jours qui ont suivi l’incident, nous estimons que 10 000 grenouilles ont été touchées dans un rayon de 50 kilomètres« . Les experts ont par ailleurs confirmé « la présence de déchets solides et des formations boueuses » dans les eaux du fleuve. D’autres investigations doivent encore être menées : des dépouilles de batraciens ont notamment été envoyées au Zoo de Denver, où deux spécialistes détermineront les causes exactes de leur mort.
La grenouille du lac Titicaca
Telmatobius culeus est une grenouille géante dont le poids peut atteindre un kilogramme et dont l’aire de répartition se limite à la région du lac dont elle porte le nom. Très vascularisée, sa peau forme de nombreux plis et replis ; si cette caractéristique lui vaut le surnom peu flatteur de « grenouille scrotum » et la fait parfois apparaître dans les classements des animaux les plus laids du monde, elle lui permet de respirer presque uniquement via cet organe, sans faire usage de ses poumons.
Durant les années 1970, période au cours de laquelle Jacques Cousteau, le navigateur français, a étudié l’espèce, cette dernière était commune et chassée pour la consommation de sa viande. Désormais, elle est classée « en danger critique d’extinction » par l’UICN : sa population a diminué de 80% au cours des trois dernières générations (soit environ 15 ans), notamment à cause de l’extraction d’eau du lac, de l’introduction d’espèces invasives ou de la pollution par les agricultures aux alentours.
Les photos de cet article sont publiées avec l’aimable autorisation de Ignacio De la Riva.
1 réponse to “Des milliers de grenouilles du lac Titicaca retrouvées mortes”
19.11.2016
VAGNAIRGénial, ce site gagne à être connu. Bonne continuation.